C’est à 71 pour, 35 contre et 02 abstentions, que les députés de la 9ème législature se sont prononcés au sujet de la proposition de loi portée par l’honorable Assan Séibou du groupe parlementaire Br.
Si cette décision traduit à n’en point douter la préoccupation des populations, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle est le résultat de la déconfiture de confiance entre le président Patrice Talon et ses députés.
Si l’on peut comprendre le peuple dans sa position puisqu’il continue lui, de croire que cette proposition de révision pourrait déboucher sur la destruction des fondamentaux de notre constitution pour ramener le président Talon, ce n’est pas le cas chez les députés qui ont pourtant voté contre cette proposition de loi.
Car eux, ont eu la baraka de lire point par point les différents articles proposés et ont compris comme l’a si bien dit l’honorable Malick Gomina du Bloc républicain (Br), qu’il ne s’agit aucunement de remise en cause des fondamentaux de notre constitution. Mais que lui a voulu voter contre pour rester coller à la volonté des populations qui ne croyaient plus en rien.
Dès lors, on se demande si le « non » est la seule option pour montrer aux populations qu’elles ont raison. Apparemment non! Puisqu’un « oui » à cette révision qui n’avait aucun secret à ramener le président Talon, allait aussi être une autre démonstration pour convaincre le peuple de ce qu’on pouvait réussir une révision pour régler les problèmes posés sans pour autant donner une quelconque chance au président Talon de rêver d’un troisième mandat. Un homme qui a dit clairement son désir de ne voir aucune modification à cette révision étant entendu l’accusation de certains qui y voient son désir de revenir.
Au demeurant, on peut comprendre la vraie motivation des députés de la mouvance qui sont allés contre cette proposition.
Ils n’avaient ni Assan Séibou encore moins Abdoulaye Bio Tchané en champ de mire, mais ils voulaient juste payer Patrice Talon dans la pièce qu’il leur avait toujours brandie.
La classe politique fait le procès au président Talon de la prendre pour le contraire de ce qu’elle est. Il n’a jamais eu d’égard pour elle. Au nom de sa foi en la compétence des éléments qu’il s’est lui-même choisis, il les avait toujours pris pour ce qu’ils ne sont pas, les éléments de la classe politique, des nuls qui sont là rien que pour bouffer et trahir le peuple.
Et c’est pourquoi ces derniers ont bien voulu lui montrer qu’ils sont capables de quelque chose. Capables d’utiliser sa ruse pour le mettre à terre tout en clamant comme pour l’énerver en cachette, qu’ils sont dans la même logique que lui, lorsqu’il dit qu’il n’est demandeur de rien et qu’il ne souhaite plus qu’on retire une seule virgule à cette constitution de 2019.
À tout cela, il faudra ajouter un autre aspect tout aussi réel et visible comme le nez dans le visage : la force de frappe des amis du candidat non déclaré à la prochaine présidentielle, Olivier Boko. Ce rejet de la proposition Séibou, est aussi une victoire du Camp Olivier Boko contre Patrice Talon et ceux qui lui sont toujours fidèles.
C’est lui-même qui avait snobé l’honorable Eustache Akpovi d’aller se moucher s’il en sent le besoin quand il critiquait l’infidélité de certains députés à son égard au profit de son ami presque adversaire, Olivier Boko. Agongbonon qui est par ailleurs un allié dur de Olivier Boko et Eustache Akpovi, le lui ont fait comme à la bergère.
Voilà qui explique le vote de cette nuit du vendredi au samedi qui est bien loin d’un échec de l’honorable Assan Séibou.
Reste maintenant la réplique tactique du président Talon pour sanctionner l’infidélité et la loyauté à sa personne.
Aboubakar TAKOU
