
Est de la RDC : Les détails de la déclaration de Doha, premier pas vers un cessez-le-feu permanent

Est de la RDC : Les détails de la déclaration de Doha, premier pas vers un cessez-le-feu permanent
Un pas significatif vers la résolution du conflit dans l’est de la République Démocratique du Congo a été franchi ce samedi 19 juillet 2025. La RDC et l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) ont signé à Doha, en présence du ministre d’État qatarien aux Affaires étrangères, une déclaration de principe visant à poser les bases d’une paix durable dans la région.
Ce document selon RFI, affirme l’engagement des deux parties à rechercher une solution pacifique à travers la diplomatie et la négociation. Les principes directeurs sont clairs : respect de la Constitution de la RDC, de la Charte de l’Union africaine, de celle des Nations unies et du droit international.
Les piliers de l’accord : Cessez-le-feu, protection des civils et retour des déplacés
La déclaration de principe est exhaustive quant aux engagements mutuels. Les parties s’engagent à coopérer pleinement avec les organisations internationales et régionales, tout en respectant la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC, avec pour objectif primordial la protection des populations civiles.
Un point central de l’accord est l’engagement à un cessez-le-feu permanent. Ce dernier interdit formellement toute attaque aérienne, terrestre, maritime ou lacustre, ainsi que les actes de sabotage, la propagande haineuse et toute tentative de prise de nouvelles positions par la force. Pour garantir son application, un mécanisme de supervision et de vérification sera mis en place.
Le document aborde également la question cruciale du retour des réfugiés et des personnes déplacées, qui devra se faire dans des conditions sûres, volontaires et dignes, en conformité avec le droit humanitaire international. Un mécanisme de libération de prisonniers ou détenus, identifiés par les deux parties et avec l’appui du CICR, est également prévu pour instaurer un climat de confiance.
Concernant la restauration de l’autorité de l’État, la déclaration souligne qu’elle est une conséquence logique du règlement des causes profondes du conflit. L’accord de paix global à venir devra en préciser les modalités et le calendrier. Les parties s’engagent en outre à coopérer avec la Monusco et les mécanismes régionaux pour la protection des civils et la mise en œuvre du cessez-le-feu.
Prochaines étapes et zones d’ombre
Cette déclaration de principes entre en vigueur immédiatement après sa signature et devra être appliquée au plus tard le 29 juillet 2025. Elle ouvre la voie à des négociations directes pour un accord de paix global qui devront débuter au plus tard le 8 août 2025, et s’aligner sur l’accord signé le 27 juin 2025 à Washington entre la RDC et le Rwanda. L’objectif est de conclure et signer cet accord global d’ici au 18 août 2025.
Toutefois, des défis subsistent. Le document ne prévoit aucune sanction en cas de non-respect des engagements et, surtout, ne mentionne aucun mécanisme de justice. Sur ce point, les négociations sont encore loin d’être abouties.
Réactions : Entre espoir et prudence
La signature a été saluée par le Qatar, les États-Unis et l’Union africaine, qui ont joué un rôle déterminant dans la facilitation de ces pourparlers. En RDC, les réactions sont mitigées. Emmanuel Shadary, secrétaire permanent du PPRD, a salué « une étape non négligeable des discussions ». Prince Epenge, porte-parole de Lamuka, a pris acte de cette déclaration « perfectible » si elle permet de ramener la paix.
Cependant, tant le PPRD que Lamuka soulignent la nécessité d’un dialogue interne incontournable entre les différentes forces vives du pays. Jean-Marc Kabund, ancien proche du pouvoir devenu opposant, insiste sur le fait que le cessez-le-feu ne doit pas être une fin en soi, mais une opportunité pour un dialogue véritablement inclusif garantissant la paix durable et le respect des délais constitutionnels pour les prochaines élections.
Les autres formations politiques restent prudentes, attendant des éclaircissements sur la portée de l’accord. Jean-Claude Katende de l’Association africaine de défense des droits de l’homme a quant à lui salué la signature comme « une étape importante vers la restauration de la paix globale et durable ».
Le document a été paraphé par Sumbu Sita Mambu, représentant du président congolais en charge des processus de Luanda et de Nairobi, et Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent de l’AFC/M23. Si les bonnes paroles sont là, reste à les concrétiser sur le terrain pour les populations de l’est de la RDC.


