
Finances publiques : Fitch dégrade la note de la France, alertant sur une dette hors de contrôle

Finances publiques : Fitch dégrade la note de la France, alertant sur une dette hors de contrôle
C’est un sévère avertissement pour l’économie française. L’agence de notation Fitch a abaissé, ce vendredi 12 septembre, la note de crédit à long terme de la France de AA- à A+. Motif principal : l’état préoccupant des finances publiques et l’instabilité politique qui limitent la capacité du pays à faire face à de nouveaux chocs économiques.
Une décision dans un contexte de crise politique
La décision de Fitch intervient dans un contexte particulièrement troublé, juste après le renversement du gouvernement de François Bayrou par les députés, lundi 8 septembre. Le vote de défiance a été précipité par le désaccord sur la stratégie de rigueur budgétaire, pourtant jugée nécessaire par beaucoup pour endiguer une dette publique représentant 113% du PIB en 2024.
Cet événement a « accentué le chaos politique en France, avec un cinquième Premier ministre en à peine plus de deux ans » et jeté le flou sur l’adoption du budget 2025, note l’agence.
Des finances publiques dans le rouge
Les chiffres avancés par Fitch sont alarmants. La France prévoit un déficit public de 5,4% du PIB en 2025, bien au-dessus de la limite européenne des 3%. Sa dette dépasse les 3 300 milliards d’euros (près de 114% du PIB).
Pire, l’agence est pessimiste pour l’avenir : elle prédit que la dette pourrait continuer à gonfler pour atteindre 121% du PIB en 2027, « sans horizon clair de stabilisation ». Les déficits devraient rester supérieurs à 5% en 2026 et 2027, bien loin des objectifs du gouvernement sortant.
Un risque de défiance sur les marchés
Cette dégradation a une conséquence tangible : elle fait basculer la note de la France dans la catégorie de qualité « moyenne supérieure » et non plus « bonne ou haute ».
Si les conséquences immédiates devraient être limitées – une forte hausse des taux d’intérêt à court terme n’est pas attendue –, les experts alertent sur une « lente augmentation du taux d’intérêt » à long terme. Le « spread » (l’écart de taux) entre la dette française et son équivalent allemand a déjà atteint un plus haut depuis mars 2025 cette semaine, signe que les investisseurs perçoivent le risque français comme plus élevé.
Réactions et perspectives
Éric Lombard, le ministre de l’Économie démissionnaire, a déclaré « prendre acte » de la décision, tout en rappelant « la solidité de l’économie française ». Il a assuré que le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, avait engagé des consultations pour adopter un budget et « poursuivre les efforts de rétablissement de nos finances publiques ».
La pression ne retombe pas pour autant. Tous les regards se tournent désormais vers les deux autres grandes agences : Moody’s rendra son avis le 24 octobre et Standard & Poor’s le 28 novembre. La dégradation de Fitch, la deuxième depuis avril 2023, laisse augurer un possible mouvement similaire, qui amplifierait la défiance des marchés et le coût de la dette pour la France.


