
Sénégal : Ousmane Sonko relance le débat sur la fiscalité des créateurs de contenus

Sénégal : Ousmane Sonko relance le débat sur la fiscalité des créateurs de contenus
Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a récemment remis sur le devant de la scène une question sensible : l’imposition des créateurs de contenus numériques. Une mesure qui s’inscrit dans le programme Jubanti Koom, vaste plan de redressement économique et social visant à élargir l’assiette fiscale du pays, en s’appuyant notamment sur les opportunités offertes par le numérique.
Avec l’essor des influenceurs, vidéastes, streamers et autres acteurs du digital, le gouvernement entend intégrer ce pan croissant de l’économie informelle dans le circuit fiscal. Mais cette annonce, bien que jugée légitime par certains, suscite de vives réactions.
L’annonce a suscité un vif débat
Mame Balla Mbow, entrepreneur et militant, soutient l’initiative mais appelle à la prudence. Il insiste sur la nécessité de créer d’abord un écosystème favorable à la monétisation des contenus, notamment via des plateformes comme TikTok ou Instagram, avant toute imposition. « Tout citoyen, qu’il soit mécanicien, maçon ou influenceur, a le devoir de contribuer aux politiques publiques via l’impôt. C’est un principe de base dans toute société organisée », a-t-il déclaré. Il plaide néanmoins pour une mise en œuvre progressive et contextualisée, en tenant compte des réalités économiques des créateurs locaux. Pour lui, avant d’exiger une contribution fiscale, l’État doit garantir aux influenceurs les moyens de générer des revenus durables.
La réforme s’inscrit dans une stratégie plus large visant également les jeux d’argent, la publicité en ligne, les services numériques étrangers ou encore le commerce électronique. Le gouvernement espère ainsi générer jusqu’à 16 milliards de francs CFA. Ce virage fiscal vers l’économie numérique marque une volonté de modernisation, mais divise entre avancée nécessaire et mesure prématurée.
Fallone CHABI-BONI


