
Objectif grenier de l'Afrique de l'Ouest : Le Bénin mise sur le FNDA
Akkilou YACOUBOU
8 juillet 2025

Objectif grenier de l’Afrique de l’Ouest : Le Bénin mise sur le FNDA
En 2003, lors d’une conférence à Maputo, capitale du Mozambique, les pays africains se sont engagés, via le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA), à allouer au moins 10% de leurs ressources budgétaires nationales au développement agricole et rural. C’est cette vision que l’actuel Fonds National de Développement Agricole (FNDA), né de l’ambition du président Patrice Talon, s’efforce de concrétiser depuis lors.
Le FNDA intervient auprès des producteurs et entrepreneurs agricoles selon deux axes majeurs :
- L’axe « subvention » : Il finance des investissements structurants et des services non financiers.
- L’axe « facilitation de l’accès au crédit » : En partenariat avec des banques et Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), il propose des garanties, du refinancement et une bonification des taux d’intérêt.
Pour ses interventions, le FNDA dispose de trois guichets distincts mais complémentaires. Avant l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon, le financement des initiatives agricoles privées au Bénin était très limité et entravé par de nombreuses difficultés. Parmi celles-ci, on trouvait des taux d’intérêt pouvant atteindre 24% par an pour les SFD, une insuffisance de garanties, une inadéquation des crédits aux besoins, et la réticence des banques et SFD. Ces obstacles limitaient l’accès au crédit à certaines activités et maillons des chaînes de valeur agricoles, créant un déséquilibre dans la répartition du financement entre les différentes filières. En conséquence, seule la filière coton était relativement bien financée par les institutions financières, grâce à la bonne structuration de son circuit économique. Il faut noter que cette filière bénéficiait aussi de subventions directes du budget national (plus de 120 milliards de FCFA entre 2013 et 2016 pour un résultat mitigé). Les deux outils publics alors en place (l’ancien FNDA et le FADEC/Agriculture) étaient peu, voire pas du tout, opérationnels et n’avaient pas encore produit de résultats significatifs. En 2015, seulement 1,3 milliard de FCFA avait été transféré aux communes via le FADEC/Agriculture. Voilà le tableau du secteur avant l’avènement du président Patrice Talon en 2016.
Un changement radical depuis 2016
Depuis 2016, la part des dépenses publiques du secteur agricole dans le budget général de l’État est toujours supérieure à 10% (le ratio de Maputo), à l’exception de l’année 2017. La moyenne annuelle s’est établie à 10,8% entre 2016 et 2022. Toujours depuis 2016, les financements dédiés au secteur agricole sont en nette augmentation, atteignant un volume de 224 milliards de FCFA en 2022, soit un taux d’accroissement annuel moyen de plus de 16% entre 2016 et 2022.
Par ailleurs, la stabilisation du financement de la filière coton permet désormais son autofinancement, générant des gains substantiels pour le trésor public. De 2016 à ce jour, ce n’est qu’à partir de 2022 que l’État béninois a dû intervenir dans ce sous-secteur pour soutenir l’acquisition d’intrants dont les prix augmentaient en raison des effets de la guerre russo-ukrainienne. Ainsi, depuis son opérationnalisation effective en 2020, le FNDA contribue activement au financement du secteur agricole et intervient dans toutes les filières prioritaires.
Montants mobilisés par guichet
Pour les subventions (Guichets 1 et 2), les ressources mobilisées par le FNDA s’élèvent à environ 4,7 milliards de FCFA auprès de Partenaires Techniques et Financiers (Coopération Suisse, Enabel, Lux Dev, Projets/programmes). La facilitation de l’accès au crédit étant le cœur de métier du FNDA, l’État a doté le Guichet 3 « Accès aux services financiers » d’une ligne de financement de 100 milliards de FCFA à mobiliser en fonction des besoins. De son côté, l’État a déjà mobilisé plus de 43 milliards de FCFA auprès de partenaires techniques et financiers (KfW, BEI, Projets/Programmes).
Perspectives d’avenir
En termes de perspectives, les efforts s’articuleront autour de trois axes principaux : - La poursuite de l’amélioration des facilités offertes par le FNDA aux producteurs et promoteurs agricoles.
- L’amélioration de leurs conditions d’accès à des financements adaptés aux réalités des filières agricoles.
- Le développement de l’assurance agricole.
En somme, la dynamique amorcée depuis 2016 dans le domaine agricole se poursuivra avec encore plus de vigueur, d’engagement et de moyens qu’ils soient techniques, financiers ou autres afin de faire du Bénin le véritable grenier de l’Afrique de l’Ouest.
Alassane IMOROU SANDA


