(C’est au président Yayi de reprendre la partie tout en faisant passer son choix en douceur)
Qu’est-ce qui a accouché de la nébuleuse au sein du parti Les Démocrates (LD) ? Juste un mot, une fixation de trop. Était-il si difficile au président Boni Yayi, du haut de ses 10 ans de gestion du pouvoir d’État, d’appeler ses enfants à la cause commune sans juger ? Tout ce qui déchire présentement la maison LD est uniquement la conséquence d’un manque de concertation, de dialogue et de sacrifice. Les députés qui ont le pouvoir de parrainer n’ont pas aimé qu’il soit fait fixation sur leur position d’hommes de salut qui dans les couloirs des discussions, a viré à une damnation. Comment être stigmatisé comme la source du mal alors qu’on est en position de force comme détenteur du Graal ? Le président Yayi aurait pu se mettre au-dessus de la mêlée, convaincre sa troupe d’adouber son choix. Mais très tôt la politique qui n’a rien de vertueux, a pris le dessus et les députés ont très vite vu qu’on leur opposait une situation qui n’est pas avérée. Et c’est d’ailleurs pour ça que les honorables Eric Houndété et Joël Godonou ont cru devoir recourir à l’arbitrage de la Cour en la saisissant le 09 octobre dernier pour contrôle de constitutionnalité. Mais c’est leur demande à la Cour qui illustre parfaitement leur crainte, objet de cette saisine.
En effet, les deux députés demandent qu’il plaise aux sages de déclarer leur requête recevable et qu’elle a compétence pour en connaître. De constater que l’entité qui parraine (parrain) est différente de l’entité parrainée (duo). De constater que la tendance à les priver de leur droit d’être candidats à l’élection présidentielle de 2026 va préjudicier de manière irrémédiable et irréversible à leurs droits fondamentaux. De constater que ce traitement de la part de leur parti est discriminatoire et contraire à la constitution. D’ordonner au parti politique LD de ne pas rétorquer les candidatures de ses députés à la présidentielle de 2026 au motif qu’ils sont titulaires du parrainage. Et ce serait justice.
Il convient par cette réalité de conclure que la crise qui secoue le parti LD n’a pas autre source que celle autour de cette mauvaise gestion de la question de l’auto-parrainage. Or en la matière, des décisions préalablement rendues par cette même Cour constitutionnelle avaient été, on ne peut plus claires, sur la conduite à tenir et surtout la renonciation à fantasmer sur cette piste. La présidence du parti de l’opposition doit intelligemment regarder la cause du désaccord pour y apporter la réponse en termes de panacée. Aucune force extérieure, aucune puissance d’argent n’a pu aider le parti à cette déchirure à laquelle il s’est volontairement offert. Il suffit juste du bon langage, de la bonne astuce et le président Yayi pourra toujours reprendre la main pour conduire son choix à la victoire. La fixation inutile sur autrui risque de gâter davantage les choses.
Aboubakar TAKOU
