Tenant compte du fait que le parti Les Démocrates (LD) n’est plus en réalité un parti mais plutôt la représentation et l’expression du peuple, la présidentielle de 2026 devrait être considérée comme pliée. Ceci est d’autant plus évident que la Rupture n’a pas encore fini de faire ses bourdes.
Continuer de garder des opposants dans les liens de la justice, tout en brisant le rêve des exilés de revoir la terre de leurs aïeuls. À cela il faut ajouter les récentes casses simultanément lancées dans les 77 communes pour dire dégager les artères publiques, sont autant de chances données à l’opposition, aux Démocrates de signer la mort de la Rupture en 2026.
Mais toute cette fortune qui inonde le chemin du parti de Boni Yayi vers la victoire, devra tenir compte de deux principaux paramètres qui peuvent renverser la tendance au profit de l’écurie du président sortant Patrice Talon.
Pour que tout marche aux Démocrates, il va falloir que le ou les candidats de la mouvance à cette élection, s’habillent de la tête aux pieds, aux couleurs de la Rupture. Il faut que ça soit des hommes et femmes se réclamant directement du président Talon. Mais les choses pourront automatiquement changer si le président Talon réussit à se fabriquer un adversaire à sa personne dans son propre camp. Quelqu’un qui soit en rupture de ban avec le président et qui osera l’attaquer, dénoncer sa gouvernance.
Cette opération presque chirurgicale permettra à reconstruire l’hymen de ce dernier pour une virginité pour la conquête du pouvoir. C’est vrai que le temps n’est plus un allié pour le président Talon et son camp, de pouvoir réussir un tel montage. Mais il est évident que si les dieux bénissent ce projet, ce dernier déclaré hostile à Talon pourra toujours se réclamer du bilan positif des réalisations pour promettre aux populations qu’avec lui, le social sera carrément autre. Et ça, c’est une grosse menace pour le précieux rêve du président Yayi de placer un de ses petits dans le douillet fauteuil présidentiel pour prendre sa revanche sur Talon.
L’autre menace qui pourrait défigurer l’opposition est cette analyse sur fond de régionalisme que certains cadres du LD font miroiter à Yayi. Se basant sur le fait qu’il y a eu un moment sous le président Talon où la plupart des institutions de la république (La présidence, la présidence de l’Assemblée, la cour suprême, la cour constitutionnelle ont pu être caporalisées par les ressortissants d’une même région du pays, certains Démocrates proposent à Yayi une formule. Ils veulent convaincre le président du parti LD à l’idée qu’il faut militer pour une candidature du nord à cette présidentielle. Une analyse qui contraste avec le fond de la pensée de l’ancien président qui du haut de sa meilleure santé politique en 2016, avait pourtant opté pour Lionel Zinsou qui n’est pas du Septentrion. Si cette lucidité d’antan est toujours en Yayi, le piège pourra être évité. Mais si le nouveau président du parti LD se laisse à ces mauvaises sirènes pour croire que LD devra les jouer régionaliste, ce sera simplement un désaveu pour ce parti. Car comme on le disait plus haut, LD n’étant plus à la lumière du ressenti des Béninois contre le président Talon, un simple parti. Mieux , il est le peuple. Et c’est à ce titre qu’il décidera du sort de la Rupture.
Aboubakar TAKOU
