Face au fléau de la malnutrition qui frappe plus d’un million d’enfants au Bénin et 64,8 millions à travers le continent, le Président Patrice Talon a lancé un signal fort ce samedi. Lors de la Conférence internationale sur la nutrition tenue à l’hôtel Sofitel de Cotonou, le chef de l’État a non seulement annoncé un ambitieux plan de supplémentation nutritionnelle, mais il a aussi placé la barre très haut en mobilisant une enveloppe de 252,8 milliards de FCFA pour faire de la nutrition un levier stratégique de développement.
Devant un parterre de personnalités dont la Vice-Présidente Mariam Chabi Talata, des experts et des partenaires techniques, le Président Talon a centré son plaidoyer sur une évidence souvent oubliée : « Il n’est de richesse que d’hommes ». Citant Jean Bodin, il a rappelé que le développement d’une nation ne dépend pas de ses ressources minières, mais de la qualité de son capital humain.
« La véritable richesse de chacun est son potentiel cognitif. Il fait de chaque homme la véritable richesse de sa communauté », a-t-il affirmé, avant de mettre en garde : « Chaque enfant malnutri, c’est une intelligence fragilisée, une force perdue, un avenir compromis. »
Le discours présidentiel a mis en lumière un consensus scientifique incontournable : le plein potentiel cognitif d’un individu se construit irréversiblement au cours des 1000 premiers jours de la vie, du 3ème mois de gestation jusqu’à l’âge de deux ans. C’est cette fenêtre d’opportunité cruciale que le gouvernement entend cibler avec son nouveau plan.
« Le Gouvernement du Bénin s’est engagé dans un ambitieux plan de supplémentation nutritionnelle qui vise à offrir à tous les enfants de milieux défavorisés, dès leur conception jusqu’à l’âge de deux ans, un accompagnement nutritionnel conséquent », a déclaré le Président. L’objectif est clair : garantir un développement optimal du cerveau, du corps et des défenses immunitaires pour rompre la chaîne intergénérationnelle de la malnutrition.
Cette conférence, placée sous le thème « Investir dans la nutrition : un choix stratégique pour la santé et le développement durable des générations », a débouché sur l’adoption de la « Déclaration de Cotonou ». Ce document historique qualifie la malnutrition de « crise inacceptable » et établit un cadre d’action urgent aligné sur la vision « Bénin 2060 Alafia » et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.
L’ambition est d’éradiquer la faim et toutes les formes de malnutrition d’ici 2063. Pour y parvenir, les engagements concrets incluent la généralisation des programmes de supplémentation, le renforcement de l’alimentation scolaire et une approche multisectorielle coordonnée entre l’agriculture, la santé et l’éducation.
Le chef de l’État a lancé un appel vibrant à une « mobilisation générale sans ambages », impliquant trois acteurs clés :
- Les États, qui doivent « inscrire la nutrition au cœur de leurs politiques publiques ».
- Les partenaires techniques et financiers, dont le soutien sera « décisif ».
- Les familles, décrites comme les « premières gardiennes de la santé et de l’avenir des enfants ».
« Bien nourrir les enfants n’est pas une option, c’est un impératif », a-t-il martelé.
Avec cet engagement financier sans précédent et le leadership affiché par le Bénin, la conférence de Cotonou se veut être un tournant décisif pour la nutrition en Afrique. Reste maintenant à traduire ces ambitieuses déclarations en actions concrètes pour ouvrir la voie à un continent en meilleure santé, plus prospère et résilient.
WM



