(Qui peut encore remuer les couilles pour parler de candidature ?)
Profitant de la charge de 200.000 watts sur l’ancien ministre des sports, le maître de la Rupture a souligné aux autres collègues du ministre que cela doit servir de leçon à chacun s’ils oublient qu’ils sont ici plutôt pour travailler pour le pays que de faire la politique.
Maintenant qu’est-ce qui peut justifier cette charge à l’encontre de celui qui a rang de fils, de fidèle des fidèles pour avoir souscrit à tous les serments avec le candidat Talon qui est aujourd’hui accusé et sanctionné pour avoir souhaité que la continuité soit rassurante pour le président Talon par l’arrivée de son bras droit ? Déjà que la scène est trop brutale pour relever d’une tragédie comédie, il y a simplement à voir la position du président Talon de mettre fin aux ambitions pour son fauteuil chéri.
Les Ouattara, Paul Kagamé et autres étant de mauvaises fréquentations pour Patrice Talon, l’envie de se succéder à lui-même peut bien s’imposer. Surtout qu’à moins de trois ans de la fin de son deuxième mandat, le président ne donne aucun signe d’apaisement visant à lui garantir une retraite paisible. Non seulement il ne fait rien pour que la Rupture triomphe des élections générales de 2026 mais il semble ne pas vouloir libérer ses prisonniers et faire revenir ses exilés. Seul détenteur de la clé de réussite à se faire élire ou se maintenir au pouvoir envers et contre tous, Patrice Talon sait qu’il peut opérer tout aussi facilement une chirurgie sur la constitution pour s’offrir le droit de revenir comme un Ouattara. Et il n’y a pas meilleure manière de faire taire le débat sur la succession que de frapper au point sensible, dans sa propre intimité : la fermer à Homéky de promouvoir Olivier Boko, monsieur le vrai vice-président de la république. Le choix de Talata trop transparente voire même invisible sur l’arène politique pour être là colistière annonçait peut-être le défrichage du champ d’un troisième mandat.
Mis à part cette explication, le président Talon pourrait aussi bien vouloir sécuriser son quinquennat. Réussir à garder les manettes en main aux fins de profiter du moindre jour de son quinquennat pour finir ses réformes et ses chantiers. Un président qui affiche sa propre fin, l’évidence de son départ, n’entre plus dans l’agenda politique de ses partenaires. Talon ne veut pas courir le risque de voir ses messages et appels ignorés par ses collaborateurs et partenaires politiques. Il faut donc pour ça tuer dans l’oeuf tout virus militant à lui faire perdre la main.
Enfin, le président Talon peut bien avoir fait son choix qui n’est certainement pas Olivier Boko son bras droit, l’écorce de l’arbre qu’il est. Pour donner ses chances au veinard, il fallait prendre un marteau masse pour écraser la tête de pont de cette filière un peu agaçante pour Patrice Talon du » Olivier Boko 2026″.
Mais ces trois éventuels schémas du maître de la Marina dans les circonstances actuelles de la gouvernance ne seront certainement pas sans conséquence. Olivier Boko est déjà trop gros et trop fort dans le système bâti par Talon lui-même pour accepter prendre ce camouflet, cette flèche empoisonnée dans son orgueil tout en continuant par dire, merci chef, merci fofo. Il n’est pire eau que l’eau qui dort. Ce sont les personnes inoffensives pour soi dont il faut le plus se méfier. Surtout quand il s’agit d’un intérêt de ce niveau. À l’heure de la belle symphonie des bruits de bottes où l’ennemi des présidents élus n’est pas souvent loin d’eux, il va falloir que le président Talon réfléchisse bien à négocier le tournant avec son meilleur partenaire. Feu Sankara disait de son presque frère jumeau Blaise Compaoré, que s’il décide de l’éliminer, personne ne pourra le sauver de ses griffes. Patrice Talon et Olivier Boko sont trop frères pour ne plus être frères.
Aboubakar TAKOU