Le président Patrice Talon à la différence de ses prédécesseurs, est un homme prévoyant. Il a souvent une longueur d’avance sur ses compatriotes réputés pour leur ruse peinte d’intelligence.
S’il a finalement décidé, (les circonstances l’y obligent aussi) d’ouvrir les prochaines législatives, c’est qu’il a déjà tout prévu. Peut-être estime-t-il que ses deux enfants, le Bloc républicain et l’Union progressiste sont aujourd’hui de taille à nager dans le marigot politique national pour atteindre les rives de la victoire politique de 2023.
Mais il n’en demeure pas moins vrai qu’il peut aussi se tromper sur un aspect que les succès qu’il engrange vont peut-être obturer son esprit à cerner les choses. L’opposition a aujourd’hui de quoi faire catapulter l’effet des résultats palpables qui vont servir de leviers à ses poulains dans la campagne électorale.
L’opposition détient aujourd’hui un thème de campagne qui a tout d’une arme nucléaire capable de noyer en haute mer ses deux gros requins, le Br et l’Up.
L’opposition a l’emprisonnement de Réckya Madougou et Joël Aïvo pour faire la campagne sans un franc et sans même sortir de sa maison avant de rafler au moins 102 sièges sur les 109 disponibles.
Il suffit simplement aux Démocrates de faire campagne autour du thème : « si vous nous donnez le pouvoir de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, c’est le jour même de notre installation que nous allons, à l’unanimité, voter une loi d’amnistie pour faire sortir tous les prisonniers politiques de prison ».
Quel Béninois ne voudrait pas voir tout ce monde dehors ? Ce serait comme du couteau chaud enfoncé dans du beurre. Ce sera trop facile avec un tel thème de campagne de mettre les têtes de Bruno Amoussou, Abdoulaye Bio Tchané et Jacques Ayadji sur des piquets tout au long du Boulevard de la Marina pour montrer que la roue tourne.
Mais le président Talon dans un realpolitik relativement positif peut bien leur ôter ce graal. Il lui suffit simplement de ne pas écouter ses faucons. Il lui suffit de faire le jeu politique. Déjà que partout au monde, les crises électorales ont toujours été clôturées par une loi d’amnistie au profit de tout le monde.
Ajouté au fait que du point de vue de la raison, ce qui est reproché à Réckya Madougou comme à Joël Aïvo n’a jamais été pour ne pas dire qu’il n’a jamais, au cas où c’est avéré, dépassé l’étape des intentions. Il relève du bon sens que cela soit effacé.
Si ailleurs où des gens se sont rendus coupables d’actes exécutés et ont pourtant bénéficié d’une loi d’amnistie pour remettre les compteurs à zéro, ce ne sera pas trop demandé au président Talon de faire le jeu politique et se faisant, arracher à l’opportunisme de l’opposition le seul argument de taille qui lui reste pour exister dans ces législatives inclusives.
Personne ne doute de l’intelligence du président Talon mais il est entouré de faucons au bec d’oies sauvages qui sont prêts à le perdre rien que pour ne pas voir des gens comme Réckya Madougou et Joël Aïvo en liberté.
Aboubakar TAKOU