(L’intégralité de son interview)
Le politologue Richard BONI OUOROU a été reçu sur l’émission « Entretien d’Afrique » de BL Télévision, ce jeudi 26 mai 2022 pour décrypter l’actualité nationale. Sans langue de bois, il a abordé plusieurs sujets brûlants notamment la tournée gouvernementale sur la cherté de la vie, les législatives de 2023 où il a plumé la rupture et met Talon en garde par rapport à ces élections. Pour lui, si les élections se déroulent dans de bonnes conditions et la transparence, Talon n’aura même pas deux députés.
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Journaliste : Mesdames et Messieurs, chers amis internautes, bienvenue sur « Entretien d’Afrique » qui reçoit pour vous le professeur bénino-canadien, Richard Boni Ouorou. Avec lui nous parlerons de la cherté de la vie, la participation de l’opposition aux législatives de janvier prochain au Bénin et pleins d’autres sujets croustillants de l’actualité nationale et internationale. Professeur, merci d’avoir accepté notre invitation.
Professeur Richard Boni Ouorou: Merci, c’est un plaisir pour moi.
Journaliste Oscar MEDO-ADOKON : Je rappelle que l’émission a été organisée depuis le Canada où vous nous recevez maintenant dans un pays de la sous-région ouest-africaine. Pour animer cette émission, je suis accompagné de Aboubakar TAKOU, journaliste à Le Béninois Libéré Télévision. Aboubakar TAKOU, bonjour.
Journaliste Aboubacar : Bonjour cher confrère.
Journaliste Oscar MEDO-ADOKON : Professeur, avant que vous ne soyez professeur, vous avez occupé un certain nombre de postes dans votre vie, dites-nous concrètement qui est Richard Boni.
Mr Richard Boni : Merci beaucoup ! Je ne voudrais pas faire beaucoup de décalage. Quand vous parlez d’avoir occupé beaucoup de postes, je voudrais simplement que les téléspectateurs comprennent très bien que je n’ai pas occupé de postes administratifs comme on pourrait le penser mais j’ai été entrepreneur. Et le fait que vous le relevez et c’est d’ailleurs la première fois qu’un journaliste le souligne, c’est la preuve d’ailleurs que le journaliste en face de moi me connait très bien.
J’ai été entrepreneur, l’entrepreneur qui est en moi n’est jamais mort, je suis un très bon entrepreneur et malgré le fait que je cumule cela avec un poste administratif, je suis et je demeure toujours un entrepreneur.
Journaliste Oscar MEDO-ADOKON: L’actualité aujourd’hui au Bénin c’est la cherté de la vie. Les membres du gouvernement ont fait une tournée à travers presque tous les départements de notre pays pour parler des causes et des conséquences sur la population. Dites-nous quel est votre avis par rapport aux réelles causes de cette situation que vit le Bénin.
Richard BONI OUOROU: Les causes de la cherté de la vie aujourd’hui sont multiformes. Il faut le rappeler mais il faut déjà dire qu’il ne revient pas au gouvernement d’exposer les problèmes mais plutôt de trouver des solutions C’est d’ailleurs la raison pour laquelle en démocratie représentative, on élit un représentant, celui-là qui a le pouvoir de proposer des solutions. Par conséquent, il ne revient pas au gouvernement d’aller vers les populations exposer les problèmes et c’est d’ailleurs ce qui se fait tous les jours, et d’ailleurs dans la presse, on rappelle chaque matin que le gouvernement ne fait que créer des problèmes. On parle de la dette au quotidien, donc il ne revient pas au gouvernement d’aller exposer les problèmes mais plutôt d’apporter des solutions. Concernant la cherté de la vie elle-même, ses causes sont multiformes. L’une des premières causes qu’on doit relever parce qu’on fait preuve d’amnésie au Bénin et le gouvernement dans sa mauvaise foi fait semblant d’oublier cette casse sauvage-là qui a commencé avec Modeste Toboula qui a conduit les casses des bonnes dames au bord des routes. Tout ça-là a contribué également à la cherté de la vie. Quand vous repoussez les bonnes dames, vous repoussez l’économie locale, qui aujourd’hui est repoussée en périphérie de leur centre d’intérêt. Alors, elles vont repousser tous leurs efforts sur la prestation qu’elles vont donner. Ce qui donne déjà de l’inflation dès le départ. Maintenant ces causes-là s’ajoutent aujourd’hui à la Covid-19 puis la guerre en Ukraine. Toutes choses qui ont contribué à aggraver davantage la cherté de la vie. Qu’est-ce que le gouvernement devrait faire ? C’est de réduire ou de geler le processus du développement tels que les routes, alors qu’ils ne sont pas très urgents pour le quotidien des Béninois et de trouver les moyens de subventionner les produits agricoles, de subventionner les produits de première nécessité ou carrément de transférer de l’argent comme cela se fait déjà au Sénégal pour pouvoir donner de souffle aux populations et maintenir le rythme de consommation pour ne pas fait tomber l’économie. Il faut se lever et commencer à se balader. Il ne faut pas que ceux-là qui sont rassasiés aillent expliquer à ceux qui ont faim pourquoi ils ont faim.
Journaliste TAKOU : Donc selon vous Monsieur Richard BONI, si vous étiez président de notre pays, vous n’allez pas initier une telle sortie des ministres pour expliquer à la population, les pousser à la résilience à laquelle nous nous sommes exposés qui selon ma foi ne dépend pas seulement des crises auxquelles font face le Béninois.
Richard BONI: La question de la résilience est une forte notion. Personne ne peut être résilient lorsqu’il a faim. Si j’étais président de la République, je n’enverrai pas les Ministres expliquer (la situation, ndlr) dans de grosses 4 x 4 à ceux qui ont faim. J’enverrai les Ministres expliquer les solutions que nous avons prises face à la cherté de la vie ou de proposer des solutions sur place pour atténuer leurs souffrances mais pas pour aller dire aux gens dans de grosses voitures pourquoi ils ont faim. Des voitures climatisées avec des garde-corps; payer des frais extras à des gens pour aller dire pourquoi elles ont faim ? Je trouve que ce n’est pas ça la solution mais c’est plutôt le problème.
Journaliste Takou : je pense que c’est une vue d’opposants sinon sur le terrain cette délégation n’a pas fait que démontrer aux gens les causes de la cherté de la vie mais ils (les membres de la délégation, ndlr) ont eu la latitude d’expliquer aux populations les mesures qui sont en cours pour atténuer la situation grave
Richard BONI OUOROU : La vue d’opposant dont vous parlez a sa légitimité parce qu’au moins 90% des Béninois aujourd’hui pensent comme moi. Le rôle de l’état n’est pas de venir exposer les problèmes mais d’apporter des solutions et à partir du moment où vous avez trouvé les solutions, vous n’avez pas besoin d’expliquer les solutions qui se sentent automatiquement sur le quotidien parce que le quotidien se gère par des personnes. Le gari est à combien aujourd’hui ? Les galettes ? Le kilo de gari est à combien? Vous n’avez pas besoin d’expliquer pourquoi les choses ont augmenté de 50% ou de 25% parce que c’est sur le marché. Dès qu’il y a un problème et vous trouvez la solution, on n’a pas besoin forcément d’aller faire des explications. La presse sert à quoi en ce moment-là.
Vous en êtes un membre puisque vous avez fait des procès à l’encontre du chef de l’État que c’est Bénin control qui est la hausse de certains prix. Est-ce que vous êtes de ce avis ?
Richard : je pense que l’opposition n’a pas à s’inquiéter parce que le président de la République est le chef de tous les Béninoises et béninois. Il aurait pu geler certains intérêts au niveau de Bénin control pour pouvoir favoriser l’importation des produits puisque nous demandons beaucoup,
Takou : comment ? Vous êtes économiste vous avez des clés que nous ignorons c’est très facile.
Le chef de l’état par exemple s’il perçoit sa marge de bénéfice qu’il perçoit il ne peut s’abattre de bénéfice. Ce n’est pas compliqué même de 50 pour cent ce qui va baisser le prix de transport à un certain moment et de dire aux grossistes de baisser leurs prix parce que désormais si ce que vous prenez sur le marché qui est de 25000 revient à 22500 c’est que dans l’assiette du petit commerçant il y aura une baisse relative. Donc le chef de l’Etat tient une des solutions qu’il ne veut pas lâcher parce qu’il ne veut pas lâcher ses intérêts ce qu’il sait très bien et permettre aux populations d’avoir du souffle en cette période de crise là. C’est votre avis
Le gouvernement n’est pas resté bras croisés face à cette information alors quand vous regardez les canaux de communication, vous êtes satisfait parce l’on est explicite, aujourd’hui dites-nous les guerres réelles parce que la population est totalement satisfait
Moi je ne suis pas la satisfaction, je ne suis pas la vérité officielle
Orou : je parle aux populations. Maintenant, il ne faudrait pas que parce que je suis Richard Orou, je suis Béninois, je Parle avec tout le monde. Et j’ai 32000 abonnés avec qui j’échange sur Facebook. Moi je vais au contact de la population moi je ne suis pas le genre qu’on paie à la fin du mois à qui l’ont dit de dire à la population ce qu’il faut dire. Je vais vous rappeler qu’entre ce que les populations disent et ce qui se rapporte dans la presse, il y a un décalage. Moi je ne m’en tiens pas à ce qui se dit. Je m’en tiens aux chiffres, je m’en tiens aux faits aujourd’hui depuis que la crise a démarré. Je ne sais pas si je pourrai tout finir ce soir puisque je commence à avoir sommeil mais je vais continuer.
Le prix du kilo de maïs n’a pas diminué, le prix de l’huile n’a pas diminué. Alors qu’est-ce que le gouvernement fait pour atténuer cette crise-là ? Le prix de l’essence a augmenté de même que celui de l’électricité. La dernière fois je parlais du Ministre Wadagni qui est sorti et qui a dit que nous faisons face à une inflation à la demande or l’inflation à la demande suppose qu’après la Covid-19, lorsqu’on a relancé l’économie, il y a beaucoup de demandes. Or lorsqu’il y a beaucoup de demandes, il y a pénurie.
La main d’œuvre demande l’ouverture des bars et autres. Il y avait assez d’offres. Mais lorsque les produits vont disparaître, ça devient plus cher par rapport à la demande. C’est pour cela que je dis qu’on ne peut pas expliquer cette crise-là. À cause de cela, il y a plusieurs demandes, les populations sont davantage pauvres. Ce qui suppose que la crise elle est encore plus profonde. Elle a d’abord commencé par les casses, et par les taxes qui ont été formulées qui tuent les Pme pmi. Elle est accentuée par la guerre que fait Patrice TALON contre les opposants où le principe d’intérêt dans les affaires mais plutôt une négociation du pays parce que beaucoup d’hommes d’affaires ont quitté le pays pour aller s’installer ailleurs. En fin de compte ils ramassent leur argent et là nous assistons à une crise économique et financière. L’économie c’est la somme des transactions, pour qu’il y ait d’économies, il faut nécessairement qu’il y ait échange.
Chaque matin il y a quelqu’un qui vous appelle et vous demande si vous pouvez lui déposer de l’argent pour son fils qui est au Canada ? Car c’est compliqué au Bénin. Les gens sortent de la liquidité du pays. Lorsque l’économie se vide, presque tout le monde est en train de mourir aujourd’hui. La crise qu’il y a aujourd’hui loin des réformes politiques qui ont été mises en place, l’orientation, les réformes ne sont pas favorable au secteur des affaires. Ajoutée à ça maintenant, la fourberie politique de Patrice TALON qui fait sortir les hommes d’affaires. Il y a un problème existentiel qu’il faut relever sur les plans technique et économique. Et non remettre tout sur le dos de la crise internationale.
Orou: ce qu’il dit est vrai. Si on s’en tient aux chiffres, le taux de chômage, taux d’emplois, taux d’employabilité ne sont pas trop valables dans notre contexte parce que le Blanc travaille plus le Noir. Quand on veut réformer l’économie, la première chose, ce n’est pas de mettre en place, les politiques fiscales pour contraindre les gens toute suite comme une police à commencer par aller payer la fiscalité. C’est d’abord de stimuler les gens, stimuler l’économie et une fois que l’économie est florissante, vous mettez en place des balises pour pouvoir prendre de l’argent. Et là encore il faudra stimuler les gens pour pouvoir accroître la population fiscale. Il faut donner de l’os au chien pour pouvoir l’attraper. Or qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils ont mis les charrues avant les bœufs peut-être qu’ils sont rentrés avec Romuald Wadagni. du coup, ceux qui avaient déjà des complaisances avec la fiscalité et qui avaient malheureusement de liquidité sur eux ont vidé le pays en liquide. Si on tient au raisonnement du bureau international de travail, il a raison de le dire. Le fait de dire que nous sommes à 2% d’emplois, en disant ça il y a le sous-emploi. Il y a 90% de ceux qui sont employés mais qui sont des sous-emplois. Normalement on peut dire qu’il n’est pas au chômage mais c’est un sous-emploi. Il ne rentre dans aucune statistique nationale. C’est avoir la mauvaise foi que de dire ce type-là par exemple qu’il est employé et qu’il est mal payé, cela ressort des statistiques du chômage. C’est de la mauvaise foi.
La diversité, la démocratie ne sont pas des notions où des formules qui sont contre lui. Au contraire ce sont des formules qui le protègent.
Parce que une justice démocratique, une justice normale dans un régime démocratique le protégerait mieux puisque même rien ne lui dit qu’après le pouvoir, il pourra mettre Wadagni au pouvoir ou Agbenonci, ou je ne sais pas qui d’autres ; un de ses cousins, rien ne lui dit ça. Et même si c’était le cas, on a vu en Angola, c’est son bon petit comme on le dit dans le langage vulgaire ivoirien, qui est au pouvoir mais malgré ça, qu’est ce qui s’est passé ? Il y a le cas du Niger aussi où le président est obligé de sortir du pays. Donc, les cas sont édifiants. Pourquoi ? C’est pour ça qu’on parle de démocratie. Alors dès que nous nous parlons de démocratie, nous parlons de forme des réformes économiques.
Tout le monde pense que ça veut dire totalement qu’il faudrait que nous venions au pouvoir. En fait, non, ce n’est pas le cas. Vous savez c’est le célèbre Kadhafi qui a dit que ce n’est pas parce qu’il y a urgence qu’il faut défaire la République ou participer à ce que celle-ci se défasse. Non, ce n’est pas ce que nous voulons. Il y a urgence certes mais nous ne voulons pas jeter le bébé et l’eau du bain. Non ! Il faut trier dans tout ce qui est fait, ce qui est bon. Ce serait malhonnête de dire que tout ce que Patrice Talon a fait depuis 6 ans, est mauvais. Non, ce n’est pas ce que nous allons dire.
Alors moi j’aimerais vous entendre dire ce que Patrice Talon a fait de bien.
Il y a tellement de bonnes choses.
Comme quoi par exemple ?
Quand on prend aujourd’hui l’administration, elle aujourd’hui est régulée de sorte qu’il y a moins de corruption dans les domaines administratifs mais il ne faut pas confondre. Il y a certainement aux niveaux des petits employés, certainement moins de rançonnement. Il y a un délai de traitement qui est beaucoup plus rapide. Il y a comme une sorte de formalisme dans l’administration qui rend service aux usagers.
Mais il ne faut pas confondre ça avec le fait que ceux qui sont au-dessus ne sont pas aussi dans cette dynamique-là. Il y a toujours une forme de corruption mais qui est beaucoup plus moins accessible à tout le monde. Donc, il y a ces bonnes choses-là.
Et les infrastructures routières ?
C’est discutable Mr le journaliste.
Comment ?
Je dis toujours ça. Vous savez, à partir de 1990 la Banque mondiale et le FMI ont commencé injecter beaucoup de milliards dans nos économies et en injectant ces milliards-là dans nos économies, qu’est-ce qu’ils ont prétendu ? Ils ont expliqué à nos dirigeants que le fait de penser à développer des infrastructures permettait de relancer l’économie parce que la raison pour laquelle il y a eu la démocratie c’est parce qu’il y a eu une faillite économique des anciens dirigeants. Donc, le taux de chômage a augmenté, les revenus ont baissé, la consommation a baissé. Donc tout était pratiquement à l’arrêt et on a appelé ça une faillite économique et une faillite politique. Donc qu’est-ce qu’il fallait faire ? Il fallait relancer la machine et pour relancer la machine qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut trouver des mécanismes qui permettent de relancer non seulement l’emploi mais de donner des revenus aux populations et en retour, que les populations puissent consommer. Ça permet de prendre de l’impôt non marchand de la TVA et tout le reste. Et l’Etat qui donne des marchés à des compagnies, ça permet aussi à l’Etat de tirer de l’impôt. Alors tout ça permet à l’État en ce moment de payer ces dettes. Donc, c’est pour ça qu’on a vendu le développement des infrastructures à nos dirigeants. Mais le problème ici, c’est quoi? Quand vous prenez une route, par exemple Cotonou-Parakou qu’est ce qui arrive ? A l’époque c’est que dans le contrat on va prendre quelques milliards auprès du FMI et on offre le contrat à Colas par exemple. Qu’est-ce que Colas fait ? Les grands ingénieurs, ceux qui ont 70% de ce projet-là sont des Français, Chinois et autres et c’est ceux-là qui sont chèrement payés. Ceux qui sont petitement payés, ce sont nos frères et autres qui creusent les routes et à répondre, vous les entendez souvent : »oundo azonwa do projet min ». Et ce qui se passe, avant que le projet ne prenne fin dès que le projet qui dure environ 18 mois est en cours, ils ont trouvé beaucoup d’argent. Ils vont acheter une nouvelle moto. Ils vont mettre de l’essence. Le type qui vend de l’essence au bord de la route, qu’est-ce qu’il va se dit ? Il va dire qu’il y a de la demande. Donc pour faire face à cette demande-là il va faire un prêt au PADME pour pouvoir augmenter sa capacité de vente. De même pour la dame qui vend du pain et pour ceux qui ont un 2ème et 3ème bureaux. Les femmes iront faire leurs cheveux. Quand le projet commence à s’épuiser, ces gens-là ont des vies, ce sont des grands, des ingénieurs qui regardent maintenant si tout va bien, la dureté, les assurances et tout.
Ces gens-là quand on les regarde qu’est-ce qui arrive ? Le type qui a pris de l’argent au PADME, ses charges demeurent. De même pour la dame qui est allée prendre sa cousine au Nord parce qu’elle a vu que beaucoup de gens viennent acheter de l’igname pilée. La prestation a diminué. La cousine-là est toujours là et est toujours payée à 30000,50000 Francs. Désormais, qu’est-ce qu’elle fait alors? De votre côté, la consommation de 100f va diminuer parce qu’elle va défalquer ses charges de votre consommation. C’est ce que nous appelons la régulation. Donc, qu’est-ce que les gens ont fait et ça a permis au FMI, la Banque mondiale de nous maintenir dans leur masse jusqu’aujourd’hui?
Alors professeur, l’autre manche de notre entretien, c’est bien sûr la participation de l’opposition aux élections législatives prochaines de janvier. Dites-nous, quel est la marge de manœuvre dont dispose l’opposition afin d’avoir la majorité à l’assemblée nationale?
Comme je l’ai dit plusieurs fois, aujourd’hui en termes de politique, il y a une frustration qui est grande. La frustration est là juste simplement parce qu’il y a beaucoup de mécanismes qui ont été mis en place au niveau de la justice et de la police qui mettent la pression et qui font reculer les plus rebelles. Qui dissuadent les gens de s’exprimer, de marcher. On a pris leurs leaders qu’on a mis en prison.
Est-ce qu’on a besoin d’avoir des plus rebelles dans un pays ?
Mais pourquoi pas ? Vous savez, il n’y a pas de social sans contrainte. Au contraire, la rébellion vous arrange. Et vous savez, il peut y avoir de rebelles. Je ne parle pas des gens qui ont des armes, je ne parle pas des Guillaume Soro. Nous ne voulons pas des forces rebelles au Bénin. Quand je parle de rebelles, je parle des personnes comme moi par exemple qui avec une sécurité juridique peuvent amener une autre face de la critique, peuvent critiquer mais de façon assez constructive. Je peux apporter des matériaux dans des débats qui permettent de voir la chose d’une autre façon. Mais ce n’est pas forcément parce que je dis que Patrice Talon a une mauvaise façon de faire de la politique parce qu’il est libéral, parce qu’il est de droite de moi de gauche, que je veux qu’on le vire et que je vienne prendre sa place.
Vous voulez dire que le président Talon n’accepte pas les critiques
Mais s’il acceptait, les critiques pourquoi tout le monde est en prison? Je pense que le fait qu’il refuse la critique, laisse les gens de l’opposition aller en prison, je crois que c’est le terrain qui permettrait à l’opposition de prendre sa revanche aux prochaines législatives à partir du moment où c’est capital aujourd’hui que l’opposition puisse remporter les élections législatives.
Je suis d’accord que l’opposition puisse participer aux élections législatives à venir mais vous savez, on ne peut pas dire que le fait que Patrice Talon bâillonne l’opposition, met ses leaders en prison, est une source de motivation supplémentaire, pour l’opposition du moins pour l’opposition qui est restée au pays, pour que ces derniers soient encore plus furax, non!! Ça c’est leur fait un mauvais procès tout simplement parce que nous sommes dans un pays aujourd’hui où il n’y a pas le social. Ce n’est pas tout comme si toi en tant que père de famille tu te retrouves en prison, ton fils où ta fille peut aller faire un crédit auprès du gouvernement comme ça se fait au Canada. Moi j’ai encore ma dette d’étudiant à payer, continuer d’aller à l’école où qu’il y a un minimum social qu’on donne aux gens par mois pour redistribuer leurs revenus ou carrément pour leur trouver de quoi consommer, il n’y a pas ça. Donc, nous sommes dans un pays où dès que le père ou la mère de famille est en prison, la famille tombe. Par conséquent, si vous mettez une où 2 personnes en prison, c’est déjà assez pour dissuader les autres de se taire et c’est ce que Patrice Talon est en train de faire. Donc, mettre les gens en prison sans n’être pas davantage pas furax, c’est comme si vous me demandez mais pourquoi est-ce que tu fais de l’opposition et tu restes dans un pays de la sous-région, et tu ne rentres pas au pays? Je vous dirai mes chers amis, c’est parce que j’ai une famille à nourrir. Donc, oui l’opposition on a tout fait pour la dissuader, on a commencé par voter une loi de dissolution au début de l’ère Patrice Talon sous le minutieux prétexte qu’il faut réformer les partis politiques et qu’il faut en avoir 2. Malheureusement aujourd’hui j’ai vu que vous n’êtes pas très content mais il faut reconnaître qu’on a plus de 10 partis politiques. Raison de plus pour dire que cette loi est mal pensée et qu’elle n’a abouti à rien. Il peut avoir autant de milliards, adopter autant de réformes, mettre les gens en prison finalement pour que dalle !
D’autant que l’élection elle est inclusive, n’est-il pas opportun pour…
C’est prétentieux de dire que l’élection maintenant sera inclusive d’autant plus que Patrice Talon a dit dans ce pays pendant qu’il prêtait serment qu’il ferait un mandat. Il en a fait 2. Donc, c’est très prétentieux et c’est même crédule, permettez le mot ce n’est pas une insulte de dire qu’on peut prendre Patrice Talon au mot et que Patrice Talon respecte sa parole. Moi j’ai tous les matériaux pour dire que Patrice Talon est quelqu’un qui ne respecte pas sa parole. Donc dire que Patrice Talon, ce n’est pas qu’il ne l’a pas dit, c’est un soi-disant comment est-ce que vous l’appelez déjà, médiateur de la République en réalité médiateur de la république ne veut pas dire grand-chose qui est un poste sans grande importance. Je ne sais pas toutes ces conneries que Yayi Boni a inventé permettez-moi de le dire comme sa qui continue, qui n’a aucun rôle constitutionnel.
Mais c’est lui qui reçoit les leaders politiques.
Mais ça n’a aucun effet.
Si on suppose que ces élections seraient inclusives, quel sont vos atouts vous de l’opposition pour rafler la situation à la mouvance cette fois ci ?
Vous savez aujourd’hui, 82% des Béninois sont de l’opposition et je pèse mes mots.
Vous avez quelles statistiques pour l’avouer?
Regardez les élections présidentielles passées ? Le taux de participation est révélateur. En tous cas, 82% des Béninois sont de l’opposition. Donc aujourd’hui, n’importe qui de l’opposition, s’il n’y a pas de pression sur l’opposition, pression de différentes façons, encore que les pressions sous Patrice Talon ne sont pas voilées, c’est des pressions physiques, c’est l’armée qui dort carrément, qui tire sur des gens qui fait des bavures. Alors, si on met cette pression-là de côté, que l’armée ne sorte pas, qu’on ne va pas chez les gens pour dire on va venir te faire un redressement fiscal demain matin, qu’on n’appelle pas les gens pour dire tu sais que tu as un dossier, on va t’amener à la CRIET, si on met tout ça de côté, si on maîtrise le processus électoral, Patrice Talon n’aura même pas 2 députés.
A supposer que ces menaces soient rayées, ne pensez-vous pas que c’est le ferment qui va pousser l’opposition à faire votez massivement les populations ?
Mais l’opposition n’as même pas besoin de faire grand-chose pour faire voter les populations, il suffit que la population soit certaine que l’opposition va à l’élection, et que plusieurs menaces n’ont plus pion sur rue, vous verrez ce qui va se passer de serait razzia. Ce serait razzia.
Est-ce que vous M. Richard Boni, si les parties de l’opposition qui sont aujourd’hui habileté à participer à cette élection, si l’un de ces partis vous appelle pour être aujourd’hui sur sa liste parce qu’elle vous êtes aujourd’hui une icône, sur la toile tout le monde sait vôtre philanthropie à l’endroit de vos compatriotes, allez-vous acceptez ? Parce que les lois vous permettent même au Canada de rester candidat au Bénin, allez-vous acceptez ?
Parti politique de l’opposition, je n’en vois qu’un seul. Ce sont Les Démocrates. Et quand je dis je n’en vois qu’un seul je veux dire je n’en vois qu’un seul de crédible et ce sont Les Démocrates. Et quand je dis un seul parti politique qui est capable aujourd’hui de faire mouche qui est représentatif de la société toute entière qui aujourd’hui a à sa tête quelques leaders qui remportent encore l’adhésion de la population. Les Démocrates, oui. Ils ont pion sur rue et certainement que si certaines personnes me demandent d’être candidat, ce serait une option que je mettrais sérieusement à réflexion.
Vous n’allez pas vous hâter automatiquement ?
Je ne suis pas ici pour vous dire, cher Aboubakar TAKOU, que je serai candidat aux élections demain.
Et maintenant quels sont vos relations avec les responsables du parti Les Démocrates ?
Je suis en bon terme avec tout le monde. Je ne suis ami à personne, ni avec Patrice Talon.
Takou : Récemment vous avez eu des couacs avec le président Boni Yayi. Est-ce que actuellement il y a eu normalisation de vos relations?
RBO : Je n’ai pas eu autant de couacs avec le président Boni Yayi, le président Boni Yayi à un moment donné a fait une promesse qui n’a pas été tenue et c’est le fort de tous les hommes politiques, il y a certainement eu des contingents. J’ai cru qu’en rentrant au pays le président Boni Yayi aurait pu faire pression énorme sur Patrice Talon pour qu’au moins madame Rékiyath Madougou puisse bénéficier, même pas qu’elle soit forcement libéré mais qu’elle puisse bénéficier d’une sécurité juridique et que son cas soit réellement revu sous le sceau du droit ce qui n’a pas été le cas. De même pour Joël Aivo, Nadine Okoumasou et de centaine d’autres personnes.
Est-ce que vous avez eu Boni Yayi au téléphone pour lui poser la question ? Parce qu’il se pourrait que Boni Yayi fasse beaucoup de pression mais que cela ne soit pas visible pour nous autres.
Je ne pense pas monsieur Boni Yayi soit le genre de personne qui fasse de pression de l’ombre. Je pense que monsieur Boni Yayi est le genre de personne qui agit avec beaucoup de bruit et avec beaucoup de mouvement. Alors que monsieur Boni Yayi fasse de la pression aujourd’hui dans le conteste qui est le nôtre, faire de la pression sur Patrice Talon et ne pas laisser fuiter deux ou trois choses, ça veut simplement dire que cette pression-là n’est pas en direction du bienêtre des populations mais que vous avez une mauvaise cellule de communication
Soupçonnez-vous qu’il soit en deal avec Boni Yayi ?
C’est possible nous sommes en république populaire du Bénin
On a ouïr dire que l’ancien président Boni Yayi serait candidat aux élections législatives, avec les conséquences que cela va drainer, est ce que vous partagez le même avis que nous ?
Je pense que tous les citoyens béninois ont le droit d’être candidat où il veule s’il le veule si la loi leur permet. Le président Thomas Boni Yayi peut être candidat à Cotonou, ou nulle part au Bénin, ferait l’effet que ça fera, le mythe Thomas Boni Yayi demeure toujours et le mythe Thomas Boni Yayi a été amplifié par toutes les maladresses de président Patrice Talon. Par conséquent aujourd’hui les Béninois ont certainement plus de sympathie envers Thomas Boni Yayi pour toutes les raisons que vous connaissez. Le social, son empathie pour la cause des plus démunies, tous les mouvements qu’il est capable de faire et son humilité relative même quand il était président. Pour toutes ces raisons, certainement les populations maintiennent une forte sympathie et son reconnaissant à Thomas Boni Yayi je pense que c’est encore une des choses qui font que l’adhésion aux Démocrates est encore plus abondante. Donc si Thomas Boni Yayi, est candidat ça donnera de l’insomnie Patrice Talon. A sa place je ferai en sorte qu’il ne soit pas candidat.
Si le président Boni Yayi est candidat, c’est que Richard Boni sera aussi candidat si on l’appelait ?
Non ce n’est pas parce que nous sommes Boni Boni que nous serons forcément candidat (rire) mais je pense que malgré tout ce qu’on dit je garde beaucoup de sympathie pour le président Thomas Boni Yayi. Nous avons eu de très bonnes relations et mon téléphone est toujours ouvert. Je discuterai avec lui politique.
Avez-vous un message à l’endroit de vos compatriotes en prison ?
C’est le même message que leur dit toujours, non seulement je leur dit que leur position va avec le métier. Dans une démocratie imparfaite, quand vous choisissez d’être politicien, vous connaissez les risques. Et je pense que Joël Aivo connait très bien les risques, il les a pris, il les relevés d’ailleurs. De même pour Madougou qui le jour de son arrestation a prophétisé son arrestation. Par conséquent je leur dit, gardé le courage on ne fait pas le bilan avant la nuit tombée.
A l’étape où nous en sommes, s’il vous était donné de faire un souhait pour la libération de Réckyath Madougou,Joël Aïvo et consorts : entre une loi d’amnistie voté par les actuels parlementaires fut-il d’un même bord, ou la grâce présidentielle, quel sera votre choix ?
Moi je ne suis pas favorable à une loi d’amnistie parce que ça les étiolerait à cause des députés qui sont là actuellement. Je suis très défavorable à ça. Mais je serai pour une grâce présidentielle. Mais dans l’un ou l’autre des cas, je pense que les compatriotes qui en prison finiront par sortir.
Comment ?
Vous ne l’avez certainement pas oublié. Ça avait été dit sur votre chaine ici que j’ai été aussi en prison. Je suis sorti. Je suis devant vous aujourd’hui. Donc, on finit par sortir. La prison n’est pas une fin en soi. On finit toujours par sortir. Moi je pense sincèrement qu’ils sortiront, qu’ils sortiront plus grands que ça.
Probablement après ces élections législatives où l’opposition aura la baraka d’avoir une bonne représentativité.
Ça peut après. Ça peut être avant. Nul n’a la clé du destin. Tout peut arriver.
J’avais une question qui allait m’échapper et j’allais le regretter d’ailleurs. Monsieur Richard Boni Ouorou, vous êtes présent sur tous les forums, vous êtes d’une grande générosité qui envahit le peuple béninois avec satisfaction, est-ce que vous n’avez pas l’intention d’être candidat en 2026 par exemple ?
Ecoutez, je n’ai jamais arrêté d’être Béninois. Et avoir une intention aussi noble que celle que vous venez de décrire pour son peuple, c’est le droit de chaque Béninois qui remplit les conditions. Et au moment venu, si je remplis les conditions, c’est évident.
Non, vous remplissez déjà les conditions. Soyez plus clair. Richard Boni veut-il être candidat en 2026 ?
Si vous… Est-ce que vous voulez que je sois candidat ?
Nous nous sommes journalistes, ça ne vient pas de nous
Dans ce cas, j’attendrais que ça vienne de ceux qui veulent que je sois candidat.
Monsieur Richard Boni, nous au terme de cet entretien, quel votre mot de fin ?
Merci à vous deux d’être passés me voir ici, si loin. Je dirai que le fait de vous êtes déplacé jusqu’ici. De prendre un certain risque pour venir me voir, de poser toutes les questions, je dirai en toute humilité que c’est la preuve que nous avons tous, et moi y compris, un rôle à jouer dans le destin de notre pays. Par conséquent, je voudrais au chef de l’Etat, Monsieur Patrice Talon, en premier de lever un peu le pied sur la pédale, de permettre aux populations de s’exprimer, de s’introduire là où ils doivent s’introduire, de revoir le chômage, d’essayer de trouver des solutions et non des problèmes au quotidien des Béninois, de trouver des solutions à la crise, et de faire en sorte que le climat social soit plus apaisé. Ça y va de lui-même son propre bonheur !
Et à l’endroit des populations béninoises, tant qu’il ne fait pas nuit, il n’y pas de bilan à faire. Et que nous sommes encore en pleine journée. Donc, l’espoir est permis.
Mesdames et messieurs, ce sera tout pour votre émission Entretien d’Afrique qui a reçu pour vous Monsieur Richard Boni Ouorou. Il vient d participer au développement de sa Nation en se prononçant à l’actualité de son pays.