Déjà c’est la saison pluvieuse dans plusieurs localités du Bénin. Il est donc très important d’être informé sur les prévisions météorologiques afin de ne pas être surpris par des bouleversements ou des aléas climatiques.
En effet, selon Didier KAKPA, Directeur de la Climatologie et des Applications Météorologiques à l’Agence Nationale de la Météorologie du Bénin, « les prévisions saisonnières sont des prévisions climatiques qui ont pour objectif de prévoir les tendances des paramètres météorologiques tels que la température et les précipitations dans les trois mois à venir ou plus (jusqu’à 6 mois), à l’échelle du pays, d’une région ou d’une localité. Contrairement aux prévisions à échéance de quelques jours, les prévisions qualitatives et probabilistes qui renseignent sur les grandes tendances avec des valeurs probables. Ces tendances sont exprimées sous forme de trois scénarios types correspondant à trois classes: proche, en dessous ou au-dessus de la moyenne. Ce qui donne pour les précipitations, « humide », « normal » ou « déficitaire ». La normale considérée est la moyenne pluviométrique allant de 1991 à 2020 ».
De plus, les prévisions saisonnières sont très importantes pour tout le monde mais plus particulièrement aux agriculteurs. Pour Didier KAKPA, « les prévisions saisonnières aident les producteurs et les décideurs à bien maitriser le calendrier agricole dans un contexte de changement climatique. Elles donnent des indications sur la période de démarrage effectif de la saison des pluies, à quel moment la saison va s’arrêter, des précisions sur les probables pauses pluviométriques qui pourront être observées au cours de la saison. Aussi, les informer sur un aspect non moins important qui est l’estimation de la quantité d’eau attendue. Toutes ces importantes informations aideront d’une part nos parents dans les localités de notre pays, à savoir quand est-ce qu’ils doivent semer ? Ainsi, cela leur évitera les ressemis qui leur font perdre de l’argent et du temps ».
« Selon les dates de début et de fin de la saison qui sont prévues, les paysans pourront savoir également quelles variétés ils doivent semer : des variétés à cycle long ou à cycle court. Ce choix va leur permettre d’augmenter la probabilité d’avoir un meilleur rendement parce que si la météo vous informe que la saison ne va pas durer plus de trois mois vous allez éviter de faire des cultures qui ont un cycle végétatif de quatre mois ou plus », ajoute l’expert.
Aussi, pour cette saison 2023, la météo prévoit assez de choses du Nord au Sud du Bénin. Pour ce qui est de la zone nord, nous avons : « des dates de début précoces à moyennes sont attendues dans la partie nord du pays; des dates de fin de saison moyennes à précoces; des séquences sèches en début de saison longues à moyennes; des séquences sèches en fin de saison moyennes à longues; Sur les période de Mai-Juin-Juillet, Juin-Juillet-Août et Juillet-Août-Septembre, les quantités de pluies attendues seraient proche de la moyenne à excédentaire; des écoulements globalement équivalents à supérieurs à la moyenne de la période de référence 1991-2020 sont attendus sur l’ensemble des différents bassins du pays ».
Parlant de la zone sud de notre pays, la météo prévoit selon le directeur plusieurs prévisions telles que: « des quantités de pluie normales à tendance déficitaire de façon générale pour la période Mars-Avril-Mai (MAM); une situation normale à tendance excédentaire notamment au-delà de 7°N pour la période Avril-Mai-Juin (AMJ). Des dates de début de saisons précoces anormales; des dates de fin normales à tardive; des séquences sèches plus longues en début dans la plupart des localités; des séquences sèches en fin de saisons courtes anormales en général et enfin des écoulements globalement excédentaires à tendance normale dans la plupart des bassins côtiers (basses vallées de l’Ouémé, du Mono et du Couffo) ».
Dans le cas où ces prévisions ne sont pas respectées par les agriculteurs, plusieurs mesures sont prises pour faire face aux difficultés.
Face au risque de sécheresse
Pour Didier KAKPA, « Les situations des cumuls pluviométriques globalement moyens, des poches de sécheresse longues en début de saison, laissent planer des risques de déficits hydriques dans les zones concernées. Ces situations de sècheresse pourraient entraver la croissance des plantes et favoriser le développement d’insectes ravageurs des cultures. Face à cette situation, il est recommandé de: diversifier les pratiques agricoles à travers la promotion de l’irrigation et du maraîchage pour réduire le risque de baisse de production; adopter des techniques culturales de conservation des sols et de l’eau; favoriser les espèces et variétés de cultures les plus tolérantes au déficit hydrique; renforcer la vigilance contre les ravageurs des cultures (chenille légionnaire et autres insectes nuisibles); interagir avec les techniciens de la Météorologie Nationale, de l’Agriculture et de l’Hydrologie pour des informations spécifiques et des conseils agro-hydro-météorologiques sur les conduites à tenir ».
Face au risque d’inondation
Pour le risque d’inondation, l’expert clarifie qu’« en dépit du caractère globalement excédentaire des écoulements et des cumuls pluviométriques excédentaires attendus en Avril-Mai-juin dans certaines localités laissent entrevoir des évènements de fortes pluies pouvant entrainer des inondations localisées. Il est donc recommandé de: maintenir la garde et de suivre les mises à jour de ces prévisions saisonnières et les prévisions de courtes et moyennes échéances que produisent et diffusent les services nationaux de météorologie et d’hydrologie; renforcer la veille et les capacités d’intervention des agences en charge du suivi des inondations, de la réduction des risques de catastrophes et enfin des aides humanitaires ».
Recommandations pour mieux valoriser la saison des pluies
Le Directeur de la Climatologie et des Applications Météorologiques Didier KAKPA, ajoute qu’ « au regard du caractère globalement normal de la grande saison des pluies dans les parties sud des pays du Golfe de Guinée en 2023, il est recommandé aux organisations agricoles, autorités, gestionnaires des ressources en eau, Projets et ONG, d’appuyer les producteurs, y compris les femmes et les jeunes, à mieux tirer profit de la saison des pluies en : soutenant le déploiement de techniques climato-intelligentes d’augmentation des rendements des cultures face aux facteurs de risques climatiques comme les sècheresses, les inondations et la pullulation de nuisibles des cultures; renforçant les dispositifs d’encadrement et d’assistance agro-hydro-météorologique aux producteurs, notamment au profit des hommes, femmes et jeunes les plus engagés; facilitant aux producteurs l’accès à des semences améliorées, des engrais de qualité, des équipements agricoles, à la micro-finance et à des techniques adaptées pour des situations de limitation de la disponibilité en eau; profitant des situations normales à excédentaires des écoulements pour développer la pisciculture et optimiser les rendements de la pêche dans les bassins fluviaux ; renforçant la diffusion et la communication de l’information hydro-climatique (notamment les prévisions saisonnières) et la sensibilisation des communautés à travers les radios, les télévisions, la téléphonie mobile et les plateformes d’information pour la réduction des risques de catastrophes ».
Pour finir, le Directeur recommande aux acteurs des différents secteurs d’être attentifs aux mises à jour qui seront faites par METEO-BENIN et la DGEAU tout au long de la saison.
Alassane IMOROU SANDA (Stg)