« Au regard de tant d’infamies et d’opprobres, la fête de l’indépendance et singulièrement celle du premier août 2023 n’en est plus une. Loin de donner lieu aux festivités habituelles, compatriotes bien-aimés, faisons de ce premier août une journée de méditation, d’introspection sur notre vivre ensemble et d’intenses prières. »
Déclare l’ancien Président du Bénin, Boni YAYI, dans un message sur sa page Facebook dans il dit qu’il ne saurait continuer dans son mutisme : « Au regard de tant d’infamies et d’opprobres, la fête de l’indépendance et singulièrement celle du premier août 2023 n’en est plus une. Loin de donner lieu aux festivités habituelles, compatriotes bien-aimés, faisons de ce premier août une journée de méditation, d’introspection sur notre vivre ensemble et d’intenses prières. »
Et les raisons de cette prise de paroles ne manquent pas. « Quelle joie peut habiter nos cœurs lorsque la ministre Reckya Madougou et le professeur Joël AÏVO, sont privés de leur liberté et lourdement condamnés pour avoir commis le crime de lèse-majesté d’avoir voulu briguer la magistrature suprême dans un pays supposé pourtant démocratique ? Je ne saurais oublier les centaines de jeunes élèves comme étudiants, qui eux aussi continuent de croupir en prison pour leurs opinions. » Fait-il comprendre.
Intégralité de son message
Mes très chers compatriotes,
Je vous prie humblement de recevoir mon exhortation à la méditation sur notre vivre-ensemble.
Je salue avec respect et considération la mémoire de tous ces grands compatriotes qui ont pris part à la conférence nationale et nous ont légué les valeurs de liberté, de démocratie et des droits de l’homme auxquelles notre peuple reste attaché.
Je salue avec non moins de considération tous mes prédécesseurs dans la fonction présidentielle notamment feu Général Mathieu Kérékou et mon doyen Nicéphore Dieudonné Soglo qui nous ont laissé en héritage un Bénin uni et paisible.
C’est l’esprit rempli de tous ces patriotes que je prends la parole pour faire face à mes responsabilités.
En effet, en cette veille de notre fête nationale, je ne saurais continuer à garder le mutisme devant le peuple meurtri. Le Bénin, notre patrie commune souffre de l’exclusion politique, démocratique, institutionnelle, économique et sociale de ses enfants.
Enfants du Bénin, Chers Compatriotes, comment pourrions-nous le 1er août 2023 nous incliner devant nos morts ? Comment chanter nos héros et nous projeter dans l’avenir alors que tant de drames, de misères agitent nos foyers ?
Nos enfants, promus à un avenir brillant croupissent depuis plus de deux ans dans les prisons insalubres de la rupture avec comme péché impardonnable d’avoir osé exercer leur liberté de penser, de manifester, de refuser l’arbitraire et d’exiger une gouvernance démocratique et pacifique.
Quelle joie peut habiter nos cœurs lorsque la ministre Reckya Madougou et le professeur Joël AÏVO, sont privés de leur liberté et lourdement condamnés pour avoir commis le crime de lèse-majesté d’avoir voulu briguer la magistrature suprême dans un pays supposé pourtant démocratique ? Je ne saurais oublier les centaines de jeunes élèves comme étudiants, qui eux aussi continuent de croupir en prison pour leurs opinions.
Qu’irons-nous faire à la place de l’Amazone alors que les dignes fils du Bénin, à l’exemple justement de celle-ci sont contraints depuis plusieurs années à l’exil ? La Gouvernance de Paix nous convie à restituer leur liberté, car une vie sans liberté n’a aucun sens.
En outre, nous ne pouvons pas occulter la misère ambiante, conséquence de la déstructuration du tissu social, de l’accaparement de la production, et même des facteurs de production. À ce titre, la situation des producteurs de soja, de coton, de cajou est illustrative.
Au regard de tant d’infamies et d’opprobres, la fête de l’indépendance et singulièrement celle du premier août 2023 n’en est plus une. Loin de donner lieu aux festivités habituelles, compatriotes bien-aimés, faisons de ce premier août une journée de méditation, d’introspection sur notre vivre ensemble et d’intenses prières.
Je voudrais à cet effet rappeler à l’attention du peuple béninois ces paroles de mon message du 5 avril 2016 « Nous sommes un grand peuple, une grande nation dont le génie s’exprime avec force lorsque nous sommes ensemble. »
Dans la même veine, j’en appelle à la paix pour notre pays et à un dialogue politique national devant réunir les filles et fils du Bénin pour résoudre de manière pacifique les contradictions qui sont les nôtres et mettre fin à l’exclusion dans tous les domaines. Voilà chers compatriotes ce que doit être la quintessence de notre méditation ce premier août 2023.
Que pouvons-nous faire d’autres collectivement, après les entrevues au palais, les requêtes auprès des chefs d’Etat et de gouvernement de notre continent et du monde, les Chancelleries, les confections religieuses, les chefferies, la société civile, les jeunes et les femmes même après la décision du Groupe de Travail des Nations Unies pour obtenir la libération de nos concitoyens en prison et le retour des exilés ?
Chers Compatriotes,
En ce moment difficile de notre histoire, je vous fais confiance pour votre endurance et votre attachement à l’état de veille. Confions nos fardeaux à notre Seigneur Sauveur pour qu’il s’en charge. C’est le moins qu’on puisse dire, car le présent cadre institutionnel électoral exclusif constitue un gros caillou sous le pied du peuple béninois dont l’ambition est de vivre des élections générales de 2026 dans la liesse populaire parce qu’elles auront été inclusives. Si elles continuent d’être exclusives, comment empêcher une nouvelle page de vies sans liberté ?
Le peuple souverain d’abord doit faire face à ses responsabilités premières en matière de culture du dialogue et attirer ensuite l’appui complémentaire de la communauté internationale en vue d’une véritable gouvernance de paix dans notre pays. Mettons fin à notre hypocrisie et complicité collectives. Ressuscitons notre culture d’éthique et de morale pour empêcher le naufrage de la République. Une seule hirondelle ne saurait faire le printemps d’une nation.
Au plan spirituel, Confions nos fardeaux au Tout Puissant qui depuis les cieux guérira notre pays et chacun de nous. Faisons face à nos responsabilités et persévérons dans nos prières pour implorer notre Père, Papa des Cieux dont les Bontés sont inépuisables et la Miséricorde illimitée.
Gloire à Dieu !
Que Dieu bénisse le Bénin, notre chère patrie commune.
Que la Gloire et la Puissance de Dieu le Père, la Grâce de Dieu le Fils et la communion du Saint Esprit nous accompagnent.
Amen!
Paix de cœur à vous tous, mes très chers compatriotes.
Dr Thomas Boni YAYI
Ancien Président du Bénin
Ancien Président de l’Union Africaine
Ancien Président de l’UEMOA
Ancien Président des PMA
Médiateur de la CEDEAO en Guinée