(Timide réaction du CNPA)
Que le malheur de l’un ne fasse pas sourire l’autre, c’est un principe simple de la vie que les Béninois doivent apprendre à méditer. Comme une branche d’arbre qui tombe sur la tête du chasseur, c’était comme cela la décision de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) faisant état de la suspension de tous les médias du groupe de presse de La Gazette du Golfe, est venue ébranler le groupe de presse.
Dans un pays où la liberté de presse est de mise, régie par un code de déontologie, il est tout à fait légitime de voir l’instance suprême prendre certaines décisions, surtout lorsqu’elle estime que le concerné a violé les règles. Mais de quelles règles parle-t-on concrètement ? et celles citées sont-elles suffisantes pour aboutir à cette décision sévère ? Qu’attend Reporters Sans Frontières pour réagir ? Qu’attendent les patrons de presse pour venir à la rescousse de ces centaines d’hommes et femmes qui se retrouvent désormais au chômage ?
Qualifiée du 4e pouvoir, la presse a toujours été hautement considérée et un moyen de lutte pour tout régime. Elle est là pour prendre la défense de l’opprimé, et même quand cela n’est pas demandé. Alors, c’est tellement malheureux de voir que lorsque cette même presse a besoin du soutien d’elle-même, de ses membres, celle-ci fait la sourde d’oreille ou tarde à réagir. La situation de La Gazette du Golfe devrait être aujourd’hui le cheval de bataille de toute la presse béninoise, mais on n’y voit rien. Les journalistes béninois attendent comme un enfant fautif leur sauveur, à l’instar d’un communiqué de RSF qui a fait de la défense de la liberté de presse son crédo. Même si le Conseil National du Patronat de la Presse et de l’Audiovisuel a tenu à réagir, ça reste encore timide. Il peut faire mieux. Vivement que cette solidarité au sein de la corporation, si souvent prônée, se fasse ressentir en ce moment où le groupe de presse La Gazette du Golfe en a grand besoin.
Nel Charbel KOFFI