(Le plan que Talon veut mettre en place)
Les élections générales de 2026 sont peut-être un peu loin. Mais sont déjà proches, sinon trop proches pour les probables candidats de l’écurie Rupture.
Dans le meilleur des mondes, le président Patrice Talon aurait souhaité pour sa succession que ses proches se réunissent pour lui proposer un nom qui fasse l’unanimité. Mais il n’aura pas cette veine. Il y a des réalités que la seule intelligence d’un homme n’arrive pas à maîtriser. Pour géniale que peut être l’intelligence méthodique du président sortant Patrice Talon, il devra s’essayer à la vie du polygame qui doit gérer les ambitions successorales de trois enfants issus de mères différentes.
Face à la candidature de son bras droit Olivier Boko, se dresse celle de raison et fruit des résultats des chantiers du système partisan, Joseph Djogbénou. Un homme de confiance à qui le président Talon avait lui-même promis la succession. Et pendant que la fièvre des suscitations de candidature de Olivier Boko a embrasé tout le pays, les hommes de main de Joseph Djogbénou travaillent comme des fourmis ouvrières à bâtir la citadelle de la grande victoire de la Rupture et de la continuité. À côté, en troisième larron, le maître Aliboron de la situation. Romuald Wadagni l’homme qui ne demande rien mais dont le nom est cité par les fidèles du président et son cercle familial comme l’une des garanties sûres pour sa sécurité.
Contrairement donc aux deux premiers qui assument sans grande peur leur destin de 2026, le bébé du trio ne dit rien pour ne pas dire qu’il fuit même toutes les personnes susceptibles de lui parler de candidature. Une grosse erreur de stratégie quand on sait que le pouvoir est d’essence divine et que, quand c’est l’heure, toutes forces montées contre un projet parviennent à se retrouver au service de l’adversaire du départ. Mais il est loisible de comprendre les craintes du jeune argentier comme celles de l’homme des sports Oswald Homeky et du maire de Cotonou, Luc Atrokpo. Deux valeurs qui ont très vite jeté l’éponge pour se positionner dans ce qu’on peut dorénavant appeler l’écurie Boko.
Voilà l’équation à trois grosses inconnues qui se dresse au président Talon comme pour jauger sa capacité à vaincre de tout. Face donc à cette difficulté, le président sortant a deux cartes qui s’offrent à lui. Une pour retarder le choc, le projet de l’alléchant septennat qui fera gagner aux actuels députés bientôt auteurs dudit projet, deux bonnes années au frais de la princesse sous le juteux biberon parlementaire. L’autre qui va consister à jouer au papa sérieux amoureux de tous ses enfants et qui se décline en l’adoubement des trois candidatures. Et comme il compte beaucoup de parrainages pour permettre à Olivier Boko de grignoter dans le réfectoire de Djogbénou à l’Up-Le Renouveau et à Wadagni de monter sur le dos bien douillet de Abdoulaye Bio Tchané pour s’offrir le certificat de candidature, tout est possible.
Dans tout ce manège, il réussira à ne pas se positionner officiellement derrière quelqu’un d’une part pour ne pas faire porter à celui-ci son bilan social et d’autre part, réussir à se réclamer de celui qui sera élu. Les dernières informations qui nous parviennent appuient avec insistance que c’est sur ces deux ficelles que tire l’homme le plus craint des Béninois et de la classe politique nationale. Patrice Talon ne veut pas miser sur un seul joker pour se mettre en difficulté. Mais que vaut la chance de trois candidats dans une seule maison alors qu’il faudrait maximiser les chances en ayant un seul ? Les jours à venir vont édifier tout le monde sur la réaction du père de la Rupture. Sa quiétude en dépend.
Aboubakar TAKOU