(Qu’est-ce qui peut bien justifier cette escalade de tensions pour si peu et d’ailleurs profitable au président Talon lui-même ?)
En son de cloche du gouvernement, l’Ortb, la chaîne publique a dans son journal de 20 heures du 06 octobre dernier, dit en substance, que le ministre des Sports, Oswald Homéky, a déposé son tablier pour s’être vu reproché par le président d’avoir violé l’esprit de la réforme du système partisan en désignant Olivier Boko comme le candidat idéal pour succéder à Patrice Talon.
Voilà telle que la chose a été présentée par le gouvernement. Mais dans la réalité, la partie immergée de l’iceberg, ce qui s’est passé le jeudi dernier en conseil des ministres, a tout d’une fiction. Aux dires de ceux qui étaient là, jamais le président Talon n’avait été dans un tel état. Pour certains, en 07 ans et demi de collaboration, ils n’avaient jamais vu le président aussi noir de colère. Et les mots choisis par l’autorité pour rudoyer son collaborateur ne pouvaient laisser personne indifférente. C’est en fait à la fin de la séance des dossiers que le chef de l’État a attiré l’attention de tous sur ce divers exceptionnel qui concerne exclusivement le ministre des Sports. Au menu, le choix dudit ministre de Olivier Boko pour lui succéder. Ainsi pendant une trentaine de minutes, les mots étaient forts et glaçaient le sang dans les veines de tout le monde que ce silence dans la salle continûment déchiré par la voix des moments de colères noires du jadis très froid et très peu bavard Patrice Talon. Dans ce corps à corps électrique, Homéky n’avait de réponse que ce regard soutenu sur le maître de la séance comme pour dire, c’est qui le monsieur qui parle là ? Ce n’est pas mon Talon. Ce n’est pas ce papa que je connais. Idem pour les autres collègues du jeune ministre qui sont tous allés vers lui, le suppliant de ne poser aucun acte après comme rompre les amarres. Car chacun d’eux savaient qu’après ce type de séance où tout a été dit, il serait très difficile pour celui qui a pris la décharge de continuer l’aventure.
Et c’est ce qui s’est malheureusement passé dans la matinée du vendredi où contrairement à la portion de phrase collée au ministre démissionnaire, il n’avait rien dit de tel que de rappeler dans cette lettre que par les soins du secrétariat général du gouvernement une certaine fuite a été opérée avec la mention d’adhésion du président, le ministre lui disait en rappel d’un serment qui lui imposait de toujours dire la vérité par amour filial à son père : » … qu’il préfère renoncer au confort, aux privilèges liés poste si c’est pour trahir le président ». Allusion faite à ce serment.
Ainsi donc, contrairement à ceux qui disent et croient que cette affaire de démission est une comédie du président Talon et de son ministre pour nous sortir un autre jeu, il vaut mieux se poser les vraies. Par exemple, pourquoi cette colère, ce rudoiement de Oswald Homeky en conseil des ministres au lieu d’un tête-à-tête et surtout d’un Homéky considéré comme l’autre Olivier Boko au gouvernement, pour avoir dit qu’il n’y a pas mieux pour la succession du président, que son ami, son bras droit, Olivier Boko. Pourquoi ça ? Qu’est-ce qui se passe entre le président Talon et son meilleur ami ? Le respect en l’esprit de la réforme du système partisan ne peut justifier à lui seul le niveau de la tension qu’il y a eu ce jeudi en conseil des ministres. Il y a une grosse zone d’ombre à élucider entre le président Talon et son meilleur ami.
Seule l’évolution de la situation dans les jours à venir pourra permettre de répondre à cette question. À moins que ce qui s’est passé ce jeudi ne relève d’un acte manqué comme c’est souvent le cas chez les humains et que la suite vivifie la vascularisation du cordon ombilical filial entre le père et le fils.
Aboubakar TAKOU