Dans le contexte politique dynamique et souvent imprévisible du Bénin, un événement récent a mis en lumière des pratiques gouvernementales inquiétantes ancrées dans le régionalisme. La récente rencontre entre le président Patrice Talon et le parti Les Démocrates (LD), coduite par l’ancien président Boni Yayi, a révélé une tendance troublante.
Durant cette rencontre, l’approche de Talon face à la demande d’amnistie pour « Reckya Madougou, Joel Aivo et les autres », telle que formulée précisément par le président Yayi Boni, a été particulièrement révélatrice. Talon a délibérément passé sous silence le cas de Joël Aïvo et d’autres, mettant en évidence son recours au régionalisme comme outil politique, influençant directement le destin des prisonniers politiques, en particulier ceux originaires du Nord du Bénin. La fixation obsessionnelle faite sur Madougou par le chef de l’état est si forte que sa réponse a la requête du président Yayi qui cite pourtant plusieurs personnes ne s’est limitée qu’à s’opposer violemment à la libération de Madougou.
Cette inclination régionaliste s’est également manifestée en juillet 2023, lorsque le député Lazare Sèhouéto a tenté de faire une distinction entre les cas de Madougou et d’Aïvo, en se basant sur des critères régionaux plutôt que juridiques. La différence notable dans les peines infligées à Madougou et Aïvo, à savoir respectivement 20 ans et 10 ans de prison, accentue la perception d’un traitement inéquitable ancré dans des considérations régionalistes.
La pratique du régionalisme, devenue un pilier central de la gouvernance de Talon, est mise en évidence par le fait qu’environ 95% des prisonniers politiques au Bénin, souvent détenus sans preuves concrètes ou jugements équitables, sont originaires du Nord. Cette disproportion flagrante soulève des questions sérieuses sur l’équité et la transparence du système judiciaire béninois.
L’approche régionaliste de Talon a été vivement critiquée, notamment par l’ancien président Nicéphore Soglo en avril 2021. Dans un communiqué, il a exprimé son indignation face aux déclarations clivantes de Talon, perçues comme une menace à l’unité nationale. Cette préoccupation a été partagée par la diaspora béninoise, particulièrement à Paris, où des organisations influentes ont condamné ces pratiques nuisibles à la cohésion et à la stabilité du pays.
La stratégie de Talon, qui semble instrumentaliser le régionalisme comme un outil de gouvernance, menace l’unité nationale et risque d’exacerber les tensions ethniques, compromettant ainsi le progrès vers une démocratie véritablement inclusive.
Face à cette réalité alarmante, il est impératif que les Béninois, tant au niveau national qu’international, prennent conscience de ces enjeux et agissent pour préserver l’unité et la fraternité entre tous les peuples du Bénin. Il ne s’agit pas seulement de dénoncer ces pratiques, mais aussi de promouvoir activement les valeurs de solidarité et d’unité nationale.
Aujourd’hui, le Bénin se trouve à un carrefour critique. Les décisions prises détermineront si le pays continue sur la voie de l’unité et de la prospérité partagée, ou s’il s’engage dans un chemin marqué par des divisions régionalistes et des conflits. Il est donc essentiel que les dirigeants politiques et les citoyens choisissent la voie de la justice, de l’équité et de l’unité, pour le bien-être de toute la population béninoise.
Par Ambassadeur Omar Arouna, MBA