L’homme était brillant. Sa plume brillantissime. Hormis quelques rares intellectuels, peu nombreux sont ceux qui peuvent oser dire : c’est qui, Jérôme Carlos ?
C’est pourquoi le Bénin entier est désormais persuadé qu’il vient de perdre l’un de ses plus brillants journalistes, mais surtout un grand homme. Car, dès avant qu’il ne devienne journaliste, écrivain, chroniqueur, Jérôme Carlos était déjà béni des dieux. A le lire, à l’écouter, à le voir, on était forcément sous le charme. Séduit d’abord, admiratif ensuite. Car, s’il est une chose que même ceux qui n’épousent pas la méthode Carlos ne nient pas, c’est bien son extraordinaire pouvoir de séduction. Un pouvoir de séduction qui tient naturellement à la passion qui l’animait, à la précision de ses raisonnements et cet air de distinction qui lui était naturel. Il était détendu, il savait trouver le mot juste et, veillait toujours à garder sa neutralité, sa simplicité.
Je souhaiterais surtout, au-delà des mots, que l’unique ambition des générations futures soit de poursuivre l’action à laquelle Jérôme Carlos a apporté successivement sa conviction, une part de son cœur, son honnêteté et son intégrité qui est le développement du Bénin dans le sens de la paix et de la justice.
Quoi qu’il en soit, la tâche ne sera pas facile. Jérôme Carlos était un homme à part. Il agissait toujours avec beaucoup de discrétion, en homme bien élevé qu’il était, qui craignait toujours de dégoûter son auditoire et ses lecteurs. La gestion du pays, la marche des affaires, la méthode des uns et des autres, tout était évoqué sur le ton de la confidence, sans trop approfondir. En fait, la vie privée des politiques, pour lui, était comme un registre de notaire.
Pour discret qu’il ait été, Jérôme Carlos n’en était pas moins un génie. Il se faisait toujours remarquer par ses brillantes chroniques et ses ingénieuses interventions. Impérieux, incollable, il dominait souverainement les sujets les plus complexes et ne trébuchait jamais sur un mot, un détail et assommait toujours l’observateur le plus averti sous un déluge de savoir.
Devant ce monstre d’intelligence, de culture et de modestie, on est obligé de s’incliner. Cet homme était d’une autre planète. Un journaliste exceptionnel. Le meilleur d’entre nous. C’est mon avis.
Repose en paix, cher ami !
Au revoir… Baba ô !
Et à jeudi prochain…
Pour un dernier adieu.
JÉRÔME BIBILARY