(Les journalistes traités comme des terroristes)
On l’a souhaité. Nous y avons même consacré des prières et des jeûnes. Mais la version de la rencontre de ce matin entre le chef de l’État et la presse nationale n’aura pas été du goût des professionnels des médias. Bien évidemment, chacun fera son travail sans jamais évoquer les potins de cette messe.
Est-ce la faute de la direction de la communication de la présidence ou une exigence personnelle du chef de l’État comme si on était en guerre ?
Les mesures restrictives auxquelles les journalistes et leurs assimilés ont été contraints, ne devraient plus être d’actualité. Le président Talon n’a jamais eu peur pour sa vie pour avoir peur des journalistes de son pays à ce point. Pourquoi arracher, téléphone, enregistreurs à tous les confrères ? Pourquoi ne pas permettre aux techniciens d’avoir chacun pour son organe, un micro sur le pupitre du président comme cela se fait ailleurs même dans les dictatures les plus féroces ?
Les circonstances dans lesquelles la conférence s’est déroulée ne sont plus de notre époque. Les populations ont droit à du naturel : ce qui sort de la bouche et de la tête du président sur le vif. Ce qui doit être le fruit du filtrage de la direction de la communication de la présidence, ne traduit plus, le naturel et le courage du président à rencontrer la presse de son pays.
Pour bien dire, les confrères étaient à un point de presse avec une ouverture artificielle à deux questions. Pas une conférence de presse où les journalistes sans une programmation préalable, peuvent poser toutes les questions inhérentes à leurs préoccupations.
À l’heure du numérique, on impose plus aux journalistes de faire usage uniquement de leur mémoire pour emmagasiner le contenu d’une conférence. Ce n’était pas une partie de procès dans un tribunal à la différence qu’on a permis aux confrères de prendre des images mais à une distance lunaire.
Mieux, il n’y a même pas eu la traditionnelle bouteille d’eau qu’on donne aux invités dans ces moments, même dans les pays en guerre. Qui conseille même les organisateurs de ces versions de liberté de presse en république du Bénin ?
Maintenant, tout le monde attend la synthèse de la direction de la communication du palais pour restituer » leur » vérité.
Ce format ne devra plus revenir. Sinon que le chef de l’État continue dans son schéma de faire ses entretiens avec ses journalistes « professionnels » de l’Ortb ou plutôt de la Srtb. Nous autres seront toujours disponibles pour se servir de ce qu’ils vont nous envoyer. Mais n’oublions pas que tout ceci impacte le jugement de Reporter Sans Frontières (Rsf)
Aboubakar TAKOU