Si ce n’est pas de la sorcellerie, comment consacrer toute une journée à remuer une banalité de la réfection à 30 millions de francs CFA, du domicile du président de l’Assemblée nationale d’un pays.
C’est à croire que nous sommes toujours en 1920. En l’absence de résidences officielles aux responsables d’institutions de la république (président de la république, président de l’Assemblée, premier ministre,, le ministre des affaires étrangères et autres), toute résidence privée occupée par l’une des autorités citées, vaut résidence de service ou résidence officielle. Elle doit donc bénéficier de tous les attributs d’une résidence construite par l’État. Puisqu’elle sert de domicile où la personnalité reçoit ses invités parfois venant de l’extérieur.
Mieux, le fait d’avoir une indemnité de logement ne dispense pas la réfection du domicile jusqu’au changement de son ameublement. Puisque l’indemnité de logement équivaut au prix du loyer et il est une évidence que le changement de décor par les nouveaux habitants, s’inscrit bien dans les charges de l’institution.
Le domicile privé du président de l’Assemblée étant par la même occasion son domicile de fonction, en attendant que le gouvernement du président Talon corrige cette injustice, les trente millions dépensés n’ont rien de délictieux pouvant donner lieu à cet acharnement. On comprend aisément que le vote du nouveau code électoral continue de faire des mécontents dans les rangs des anti-Rupture. Qu’un député de l’opposition pose une question n’est pas un crime. C’est le fait que certaines personnes en fassent le débat du siècle, qui montre le degré de mauvaise foi et d’aigreur des nôtres. Et c’est le député Rachidi Gbadamassi qui a développé le côté juridique de la question hier, sur un forum. Répondant à une ancienne collègue à lui, le propriétaire de la 8ème circonscription électorale a dit ceci : «
« Ma très chère sœur et collègue. J’ai lu avec attention votre point de vue par rapport au dossier qui défraie la chronique.
Vous savez bien Madame la ministre que seule une juridiction compétente est habiletée à faire ces qualifications ou appréciations (abus de pouvoir, un privilège excessif).
Vous n’êtes pas juge, nous devons éviter toute spéculation politique surtout quand on a eu à occuper des postes de responsabilités au sein du gouvernement et au parlement et de surcroît vous êtes présidente d’un parti politique. Moi je suis Républicain et un légaliste. Tout débat dans ce dossier doit avoir pour base la constitution et le règlement intérieur de l’assemblée nationale.
Madame la Ministre, il est vrai que le Président de l’assemblée bénéficie d’une indemnité forfaitaire compensatrice de logement de fonction mais cela n’exclut que l’ensemble des charges résultants de son hébergement soient payées par l’institution, au sens de la loi n°2001-30 du 11 décembre 2001 portant détermination des indemnités parlementaires et autres avantages dus aux députés, membres de l’assemblée nationale et de ses décisions d’application. L’équipement de ce logement et les éventuels travaux confortatifs qui y sont menés relèvent incontestablement du budget du parlement. Qui plus est, les derniers travaux effectués au domicile du Président de l’assemblée nationale ès-qualité remontent au tout début de la 8e législature et le montant cumulé des travaux de 2019-2020 et de ceux de 2023-2024 est sans commune mesure avec ceux exécutés au profit d’autres hautes personnalités.
En comparaison avec d’autres, ces montants que la réserve m’oblige à tenir discret sont à la limite dérisoires et ridicules. Pour avoir servi en tant que membre de la conférence des présidents auprès du Président VLAVONOU, je peux confirmer que c’est un homme très procédural qui respecte les textes. Je sais de quoi je parle.
Madame la Ministre chère sœur avec tout le respect que je vous dois, au lieu de se verser dans une vaine polémique politicienne, il faudrait plutôt se demander si ce n’est pas l’intitulé de la ligne renseignée au rapport d’activité qui était inexact et potentiellement générateur de confusion. Même si les autres se trompent, c’est à nous les acteurs politiques de les orienter. Pour ma part, chère grande sœur, je pense que nous serions avisés de laisser la cour des comptes exécuter sa mission constitutionnelle en la matière et en informer la nation toute entière. Pour éviter toute polémique, je veux qu’on se remette à l’article 17 de la constitution qui dispose que toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie par une juridiction compétente. Je voudrais qu’on lui accorde la présomption d’innocence. En tant que légaliste Madame la ministre si vous estimez que le Président VLAVONOU a mal géré les ressources publiques, je vous suggère de saisir la cour des comptes seule compétente en la matière. » Voilà qui est clair et limpide.
Aboubakar TAKOU