Le système de rotation actuel au sein de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale, ne résout pas tous les cas de figures. Face aux problèmes récemment soulevés lors du sommet extraordinaire en février, les dirigeants des six pays membres ont désigné début avril le président équato-guinéen, Theodore Obiang Nguéma Mbazogo, comme chef d’État dédié à la conduite d’une étude qui devra résoudre une équation complexe.
La question est hautement sensible : 28 postes à la tête des différents organes, institutions et agences de la Cemac sont en jeu.
À ce jour, le principe qui prévaut est celui de la rotation par ordre alphabétique français : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée-équatoriale et Tchad. Mais comme le note la présidence de la Commission de la Cemac, « bien que la rotation soit effective, l’équilibre, quant à lui, est toujours recherché ». Car le niveau de prestige et d’influence politique diffère selon les institutions. Certains pays sont plus représentés que d’autres à la tête de structures de premier rang. Les durées des mandats ne sont pas les mêmes. Et la mécanique coince fréquemment. Exemple en 2022 pour la présidence de la Banque de développement des États d’Afrique centrale, bras financier de la Cemac. Après la Guinée-équatoriale, le poste devait revenir au Tchad. Mais un Tchadien occupait déjà celui de gouverneur de la BEAC et un État ne peut cumuler deux postes de dirigeants d’institutions au sein de l’Union monétaire.
Des simulations sur 25 ans
Cette année, de février à avril, pendant deux mois, c’est d’abord le président de la commission de la Cemac qui s’est penché sur le problème. Croisant plusieurs facteurs : poids des institutions, répartition géographiques des sièges, etc. Avec des simulations sur 25 ans, il a proposé quatre scénarios : fusion de certaines institutions, meilleure répartition des postes de premier rang, harmonisation des mandats ou relocalisation de certains sièges. Mais face à la sensibilité de la réforme, le niveau de coordination a été relevé. Sans date précise, l’étude désormais dirigée par le président équato-guinéen pourrait proposer un nouveau système dans les prochains mois. La Cemac compte cinq institutions communautaires (UMAC, Parlement communautaire, Cour de Justice, Cour des Comptes, Conférence des chefs d’État), sept organes communautaires (Conseil des ministres de l’UEAC, Commission de la Cemac, BEAC, BDEAC, Cosumaf, Gabac) et seize institutions spécialisées et agences d’exécution.
Aïdath BIO PIBOU