En milieu de matinée, l’armée congolaise annonce avoir repris en main la situation et déjouer une tentative de coup d’Etat. Selon le porte-parole des FARDC, « des Congolais et des étrangers impliqués ont été mis hors d’état de nuire, y compris leur chef ».
Sur les réseaux sociaux, on a pu rapidement identifier le nom de celui qui apparaît être à la tête du groupe d’assaillants. Il s’agit de Christian Malanga Musumari, un Congolais issu de la diaspora de 41 ans. Cet ancien militaire de formation a longtemps vécu aux Etats-Unis avant de se présenter aux législatives de 2011 dans les rangs l’opposition et d’être interpellé avant les élections pour être ouvertement anti-Kabila. Il forme alors un petit parti politique aux Etats-Unis, l’United Congolese Party (UCP). En 2017, il crée à Bruxelles un gouvernement en exil nommé Nouveau Zaïre.
La tentative de coup d’Etat déjouée ce dimanche a été un choc pour tous les Congolais. Sans doute le plus important depuis l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila en 2001. Cette attaque ne restera pas sans conséquences. Sécuritaires tout d’abord. Dans les services de renseignements, mais aussi dans l’armée. Le ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba, candidat à sa propre succession dans le nouveau gouvernement à venir, est sur la sellette.
Mais surtout, l’assaut du Palais de la Nation risque de durcir davantage un pouvoir en proie à une guerre à l’Est dont il n’arrive pas à venir à bout, et une crise politique dans sa propre majorité, qui n’arrive pas à s’accorder pour se partager les postes à l’Assemblée et au gouvernement. Visé par les assaillants, Vital Kamerhe, candidat unique au perchoir de l’Assemblée, se voit désormais menacé physiquement.
De son côté, l’opposition redoute un raidissement sécuritaire du pouvoir qui pourrait servir de prétexte pour multiplier les intimidations et les arrestations arbitraires d’opposants ou de membres de la société civile.
L’attaque du Palais de la Nation tombe en effet en plein vide institutionnel, où 5 mois après la réélection de Félix Tshisekedi, le pays attend toujours l’installation de l’Assemblée nationale et la sortie du nouveau gouvernement.
Fallone CHABI-BONI