Le quatrième rapport du Réseau ouest-africain d’épidémiologie sur la consommation de drogues (Wendu) a révélé des chiffres alarmants le 11 septembre dernier, concernant la lutte contre les stupéfiants en Afrique de l’Ouest. Ainsi, selon ce rapport, en 2023, environ 83 734,81 kg de drogues et plus de 31 000 comprimés/capsules ont été saisis dans la région.
Sur 83 734,81 kg de drogues saisies, 16 454,63 kg ont été saisies en 2023 au Bénin, révèle le quatrième rapport du Réseau ouest africain d’épidémiologie sur la consommation de drogues (Wendu). Parmi les drogues interceptées au Bénin, le cannabis représente la majorité avec 13 704,06 kg. D’autres substances notables incluent la cocaïne, l’héroïne, le Mdma (Ecstasy), la méthamphétamine; l’oxycodone, la méthadone, la méthaqualone et d’autres produits non identifiés. En 2023, 490 personnes ont été placées en détention au Bénin, dont 69 femmes et la majorité des arrestations (404) concernent des Béninois, suivis de ressortissants du Niger (39), du Nigeria (29), et d’autres pays. Selon le même rapport Wendu, le fait que tant de personnes soient placées en détention indique une rigueur accrue des structures opérationnelles et du système judiciaire dans la lutte contre le trafic de drogues. Le rapport met en lumière une augmentation du nombre de personnes arrêtées par rapport à 2022, soulignant la nécessité d’une réponse collective des acteurs concernés pour lutter efficacement contre le problème de la drogue. Beaucoup de consommateurs, principalement des jeunes, hésitent à chercher de l’aide, vivant dans la clandestinité face à leur statut sérologique. II est vital de sensibiliser la population sur les effets nocifs des drogues pour améliorer leur prise en charge.
Voici les recommandations faites au Bénin pour lutter contre ce phénomène
Au Bénin, pour réussir dans la lutte contre la drogue, le rapport Wendu recommande à notre pays de lancer un plaidoyer pour un engagement ferme de l’Etat à consacrer des ressources propres dans le budget national à la lutte contre la drogue ; encourager et accroître la recherche sur la drogue au Bénin ; mettre à jour et appliquer rigoureusement la législation anti-drogue, avec des contrôles plus stricts à nos frontières ; créer et développer des centres d’addictologie ambulatoires et hospitaliers ; renforcer les capacités des agents des forces de l’ordre, et notamment des personnels de santé, en matière de diagnostic et de prise en charge à travers des programmes de formation plus larges et l’utilisation d’outils statistiques tel que Wendu. Dans la même veine, il faut équiper les frontières de matériels adéquats pour intensifier les patrouilles et procéder à des contrôles et des fouilles plus objectifs ; sensibiliser tous les groupes socioprofessionnels et religieux sur les risques du trafic illicite et de la consommation de drogues ; augmenter la capacité de couverture de l’équipe de formateurs en organisant des sessions de formation des formateurs pour s’assurer que tous les districts du Bénin soient adéquatement couverts et créer un Observatoire de lutte contre la drogue.
Tellement alarmants, les chiffres du rapport Wendu soulignent l’urgence d’une action concertée contre le fléau des drogues au Bénin. La collaboration entre le gouvernement, les organisations non-gouvernementales (ONG), et la société civile est essentielle pour développer des stratégies efficaces, éduquer la population, et offrir des solutions durables à cette problématique croissante.
La situation sur la consommation et le trafic de drogues dans les autres pays
Sur un total d’environ 83 734,81 kg de drogues et plus de 31 000 comprimés/capsules, saisis dans la région de l’Afrique de l’Ouest, en 2023, un total de 87,37 kg d’héroïne ont été saisis, excluant les quantités provenant de pays comme le Nigeria, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et la Guinée Conakry. Dans ce lot, le Liberia a enregistré les plus grandes saisies d’héroïne, représentant environ 62% du total des saisies en 2023. Après le Liberia, les pays avec les saisies les plus importantes d’héroïne comprennent le Bénin (12,6%) et le Ghana (12,25 %). Quant au Cap-Vert, Guinée-Bissau, Sierra Leone, Togo, et Mauritanie, n’ont pas enregistré de saisies d’héroïne cette année. La région a également connu une augmentation des saisies de cocaïne, avec une hausse d’environ 6,53% par rapport à 2022. Cela indique une dynamique préoccupante dans le trafic de cette substance, qui reste un défi majeur pour les autorités dans la région. Les saisies de Stimulants de type amphétamine (Sta) continuent de montrer une tendance à la baisse depuis 2017, avec un total d’environ 306,9 kg et 3 854 comprimés saisis dans divers pays. Les saisies ont été signalées au Bénin, en Gambie, au Ghana, au Sénégal et au Togo. Parmi les Sta, la cathinone (Khat), une substance psychoactive d’origine végétale, a été saisie en plus grande quantité, représentant 300 kg dans la région, uniquement rapportée par le Sénégal. D’autres drogues, comme la méthamphétamine (6,43 kg et 3 854 comprimés) et l’ecstasy (16,79 g et 16 109 comprimés), ont également été saisies, mais en quantité considérablement réduite, avec environ 463,67 g de crystal meth.
Ces chiffres doivent interpeller nos autorités à divers niveaux pour qu’elles prennent des mesures idoines et urgentes pour lutter efficacement contre ce fléau qui prend de l’ampleur dans le quotidien de leurs citoyens.
Alassane IMOROU SANDA