Déjà c’est la saison pluvieuse dans plusieurs localités du Sud du Bénin. Il est donc très important d’être informé sur les prévisions météorologiques afin de ne pas être surpris par des bouleversements ou des aléas climatiques. A cet effet, l’agence nationale de la météorologie du Bénin (METEO-BENIN), avec le soutien financier et technique d’AGRHYMET, Centre Climatique Régional pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (AGRHYMET CCR-AOS), a élaboré en collaboration avec AGRHYMET, l’ACMAD, les autres services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) des pays du Golfe de Guinée et les organismes des bassins fluviaux, à Grand Bassam, en Côte d’Ivoire, les prévisions saisonnières de la grande saison des pluies au sud du Bénin.
Les prévisions saisonnières sont basées sur, entre autres, l’analyse de la situation actuelle et des évolutions probables des Températures de Surface des Océans (TSO), des prévisions des centres climatiques mondiaux et les analyses statistiques des données des Services Météorologiques et Hydrologiques Nationaux (SMHNs) ainsi que la connaissance des experts sur les caractéristiques du climat dans la zone du Golfe de Guinée. Sur la base de la référence climatologique 1991-2020, le consensus entre les différentes informations analysées a permis d’établir les prévisions ci-après pour la grande saison des pluies au sud du Bénin : des cumuls pluviométriques moyens à déficitaires sont attendus sur la période Mars- Avril-Mai (MAM) notamment au niveau de la bande côtière et normale à excédentaire dans les autres localités du sud au cours de la grande saison des pluies et sur la période d’Avril-Mai- Juin (AMJ), il est attendu des cumuls pluviométriques moyens à excédentaires pour la plupart des localités du Sud et du centre de notre pays, excepté l’extrême nord des collines où on assistera à une situation excédentaire ; des dates de début de la grande saison pluvieuse précoces à normales ; des dates de fin de la grande saison des pluies précoces à normales ; des durées des poches de sécheresse longues à normales en début de la saison ; des durées des poches de sécheresse normales à longues vers la fin de la saison ; des écoulements globalement équivalents à supérieurs à la normale.
Impacts potentiels des prévisions
Les impacts négatifs potentiels des prévisions saisonnières de 2025 pour le Bénin pourraient se présenter comme suit : dans les zones où il est attendu des cumuls pluviométriques et des écoulements supérieurs aux moyennes, le risque d’évènements extrêmes, telles que les inondations, reste très élevé. De même, le démarrage précoce de la saison attendue dans la majeure partie des localités du sud Bénin serait favorable à des inondations assez tôt. Dans les zones où il est attendu des séquences sèches longues et des dates de fin de saison précoces, le risque d’une mauvaise répartition des pluies est élevé. Cela pourrait avoir des impacts négatifs sur la croissance des cultures. Dans les bassins où les écoulements seraient déficitaires, les apports d’eau dans les barrages, les périmètres irrigués et la production halieutique des zones inondables seraient négativement impactés. Quant aux impacts positifs potentiels, on a : dans les zones où il est attendu un démarrage précoce de la saison des pluies, des cumuls pluviométriques et des écoulements supérieurs aux moyennes, les acteurs pourraient saisir ces opportunités pour augmenter la production agricole, énergétique et halieutique.
Face au risque de sécheresse
Les cumuls pluviométriques déficitaires prévus, les dates de fin de saison précoce et les séquences sèches longues laissent planer des risques de déficits hydriques dans certaines localités. Ces déficits hydriques pourraient perturber la croissance des plantes et favoriser le développement de ravageurs des cultures. Pour amoindrir ces risques, il est recommandé de : assurer une diffusion régulière et à temps opportun des informations météorologiques et climatiques aux utilisateurs et aux décideurs, tout au long de la saison des pluies ; favoriser l’interaction entre les techniciens de la Météorologie, de l’Agriculture et de l’Hydrologie pour des informations et conseils spécifiques sur les conduites à tenir ; promouvoir le déploiement de techniques climato-intelligentes adaptées à la sécheresse, notamment : le choix d’espèces ou variétés tolérantes au déficit hydrique, l’irrigation de complément et l’utilisation efficiente des conseils agrométéorologigues ; favoriser le transfert des risques pour protéger les producteurs contre les effets des pertes de récoltes, à travers la souscription à des assurances agricoles indicielles.
Face au risque d’inondation
Certaines localités du sud du pays étant assez vulnérables aux risques d’inondation, la saison des pluies 2025 serait favorable aux inondations, en particulier dans les zones où des écoulements excédentaires sont attendus. Pour réduire ces risques, il est recommandé de : renforcer la sensibilisation des communautés sur les risques et leurs capacités à entreprendre des actions préventives ; maintenir la veille permanente et assurer la production et la diffusion des prévisions de courtes et moyennes échéances, notamment par les services nationaux de météorologie et d’hydrologie ; renforcer les capacités d’intervention des agences en charge de la gestion des inondations, des risques de catastrophes et des aides humanitaires, ainsi que les efforts de la presse, des plateformes de communication, des ONG et des SAP des pays ; éviter l’occupation des zones inondables par les habitations, les animaux et les cultures ; veiller à la sécurisation des personnes vulnérables, notamment les enfants, les personnes âgées et celles à mobilité limitée.
Face au risque de maladies
Les zones humides et celles inondées au sud du pays, peuvent être favorables au développement des germes de maladies (Cholera, malaria, dengue, bilharziose, etc.). De même, les séquences sèches longues attendues dans certaines zones pourraient occasionner la prolifération d’autres germes de maladies épidémiques. A cet effet, il est recommandé de : renforcer les capacités des systèmes nationaux de santé et des plateformes nationales de réduction de risques de catastrophes ; diffuser des informations d’alerte sur les maladies à germes climato-sensibles et sensibiliser les populations, en collaboration avec les services de météorologie, des ressources en eau et de la santé ; renforcer la vigilance contre les maladies et les ravageurs des cultures en prenant les dispositions pour prévenir les invasions (chenille légionnaire et autres insectes nuisibles) ; assainir les agglomérations et éviter le contact avec les eaux contaminées, à travers des opérations de drainage et d’évacuation des eaux de pluies.
Pour mieux tirer profit de la saison des pluies
Au regard du caractère pluviométrique globalement normal à excédentaire de la grande saison des pluies dans la période Avril-mai-Juin, il est recommandé aux autorités, aux ONG et Projets, d’appuyer les différents producteurs, y compris les femmes et les jeunes, à mieux tirer profit de la saison des pluies en : soutenant le déploiement de techniques d’augmentation des rendements des cultures et de valorisation des ressources en eau ; renforçant l’assistance agro-hydro-météorologique aux producteurs, y compris les femmes et les jeunes engagés dans la productivité ; facilitant aux producteurs et productrices l’accès à des semences améliorées, des équipements agricoles adéquats, la micro-finance, des assurances agricoles indicielles et d’autres technologies adaptées ; mettant à profit les situations normales à excédentaires pour développer la pisciculture et optimiser les rendements de la pêche dans les bassins fluviaux.
Pour finir, Météo-Bénin recommande aux acteurs des différents secteurs d’être attentifs aux mises à jour qui seront faites par l’agence nationale de la météorologie du Bénin.
Source : Communiqué final de février 2025 de Météo-Bénin sur les prévisions saisonnières des caractéristiques agro-hydro-climatiques de la grande saison des pluies au sud du Bénin.
Alassane IMOROU SANDA