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Politique

Entretien avec le SG de la Nouvelle alliance, De-Laure Laurent Faton, autour de la position du parti sur l’échiquier national: « Nous avons opté pour un libéralisme à visage humain et social»

Le samedi 16 octobre dernier, certains Béninois par milliers ont rallié Parakou pour la mise sur les fonts baptismaux leur parti politique. A l’issu des travaux les congressistes au moyen de leur communiqué final ont clairement précisé que leur formation politique La Nouvelle Alliance  n’est ni de l’opposition ni de la mouvance et ne se réclame pas du centre politique béninois. 

Cette position à laquelle les Béninois ne sont pas habitués a vite fait de susciter des interrogations et même des polémiques au sein de l’opinion. Sur les réseaux sociaux les internautes ont été très critiques. Pour en savoir plus sur cette position, nous nous sommes rapprochés des responsables de cette nouvelle formation politique.  Au moyen d’une interview qu’il nous a accordé le Secrétaire Général de la LNA,  Dr De- Laure Laurent Faton est revenu sur le sujet et apporté des précisions.

 Après votre congrès pensez-vous qu’on peut déjà compter la LNA parmi les partis politiques au Bénin ?

Le fait d’organiser le congrès constitutif d’un parti ne veut pas dire que le parti existe déjà. Un congrès ce n’est qu’un rassemblement d’hommes qui ont exprimé une volonté. Mais pour que le parti existe il va falloir qu’on se conforme aux textes de la République et qu’on fasse tout pour avoir notre récépissé d’existence légale. C’est à cela que nous nous attelons. C’est le premier challenge  que nous avons devant nous. Nous travaillons déjà d’arrache-pied pour avoir nos papiers.

 Votre position sur l’échiquier politique national prête aujourd’hui à confusion. Où peut-on  classer la LNA ?

Effectivement le samedi  16 dernier nous avons mis sur les fonts baptismaux notre parti dénommé La nouvelle alliance la (LNA). A travers notre communiqué final nous avons spécifié clairement que notre parti politique n’est ni de la mouvance ni de l’opposition  et ni du centre. Notre position comme vous pouvez le constater ne souffre d’aucune ambiguïté.

 Mais avec les partis invités à ce congrès beaucoup pensent que vous cachez des choses au peuple.

On a effectivement lu beaucoup de choses sur les réseaux sociaux au lendemain de notre congrès. Nous avons été objet de tous les critiques et pourtant notre communiqué final est assez clair. Avec cette position affichée nous ne pouvons pas soutenir les actions du gouvernement. Vous savez depuis les années 1990 on a fait la politique d’une manière anormale qu’il faille changer. La politique est une question d’idéologie et on ne peut pas fait la politique lorsqu’on n’a pas d’idéologie. Malheureusement au Bénin on fait la politique selon qu’on est proche   ou loin de la marmite. On s’oppose à quelqu’un ou un groupe alors qu’on doit s’opposer aux idées,  à l’idéologie défendue par les formations politiques en  présence. Dans ce cas à la LNA nous sommes claires. Nous voulons désormais fait la politique autrement en nous basant  exclusivement sur notre idéologie qui est le social libéralisme. On ne peut pas prétendre que nous soutenons l’action du gouvernement. On ne peut pas dire que nous ne sommes pas de la mouvance et soutenir l’action du gouvernement. Votre question me paraît une question piège et pour vous répondre clairement je vous dire que pour le moment notre parti,  La Nouvelle Alliance  ne soutient pas les actions du gouvernement, il n’appartient non plus à l’opposition tout comme il n’est pas du centre. Vous savez au Bénin il y a une confusion idéologique totale. Du moment où on n’a pas des formations politiques ayant des idéologies claires on ne peut pas se substituer à une nébuleuse ou une confusion. Parce qu’en réalité il y a une véritable confusion idéologique au Bénin. Si les partis politiques existent et ont des idéologies, ils ne travaillent pas selon leurs idéologies, ils ne fonctionnent pas selon leurs idéologies et n’agissent pas selon leurs idéologies. S’il arrive que les formations politiques clarifient leur position idéologique nous aussi nous allons nous positionner en fonction. Seulement clarifier une position idéologique ne  veut pas dire avoir dans ses statuts une idéologie. C’est vivre l’idéologie au quotidien à travers les déclarations et les actions que vous posez politiquement. Nous à notre niveau nous sommes décidés de transcender notre idéologie à travers nos actions et nos déclarations. Si les gens font pareil nous allons nous conformer et situer réellement là où nous sommes sur le plan idéologique.

 Parlons un peu de votre idéologie. Qu’est-ce que vous y mettez ?

Pour le Béninois lambda je dirai que   par le social libéralisme nous voulons que toutes les activités du pays économiques comme culturelles soient libéralisées. Pas un libéralisme sauvage mais un libéralisme à visage humain, à visage social. Je prends un exemple simple. Vous voyez le secteur de l’énergie au Bénin est encore un secteur sous le monopole. Pour nous, il urge à travers notre idéologie qu’on libéralise ce secteur mais qu’en le faisant on est de l’énergie à plein temps à un coût réduit qui n’étouffe pas les populations. Qu’on ait l’énergie de bonnes qualités disponible de façon permanente à un coût relativement bas en fonction du niveau de vie de notre société. Que toutes les actions qui seront menées au-delà de la libre concurrence et de la liberté du marché qu’on place l’homme au cœur.  Qu’on ne puisse pas nous dire qu’on construit le Bénin et que les Béninois dorment affamés, qu’on ne nous dise pas qu’on développe  le Bénin et que les populations n’arrivent pas à subvenir aux besoins quotidiens de leur vie. Pour nous c’est une question de prospérité partagée dans une compétition saine et loyale.  Parlant du social libéralisme nous prônons aussi la démocratie avec toutes ses valeurs, les libertés individuelles et sociales, tout ce qui concourt à ce que nos populations à la base se sentent à l’aise, s’épanouissent et se développent librement dans un espace de convivialité.

 Ne pensez-vous pas que cette position semble un peu complexe pour la population ?

Vous savez ce n’est pas facile d’innover en Afrique et plus encore au Bénin où nous sommes très attachés à la tradition. Tout pour nous est tradition. Tout pour nous se passe comme ça depuis des siècles et il faut se conformer. Mais tout le progrès que les autres ont fait c’est par des ruptures. Cette position que nous adoptons est une rupture dans la pratique idéologique au Bénin. Les gens font la politique sans idéologie. Ce que nous voulons faire c’est nouveau, c’est une école. C’est une nouvelle expérience. C’est vrai qu’il ne sera pas facile de l’expliquer de nous faire comprendre. Vous devez déjà vu à travers les réseaux sociaux les polémiques et les critiques dont nous sommes victimes. C’est parceque c’est nouveau et quand c’est nouveau il y a toujours réticence  et nous sommes conscients que progressivement nous allons nous faire comprendre et faire passer notre conception de la politique au Bénin.  En 30 ans on a échoué au plan politique dans notre pays. Les réformes du système partisan n’ont pas encore porté les fruits de leurs espérances parce qu’il y a un seul élément qui manque. Dans la charte des partis politiques on a mis que l’idéologie est facultative. Non. Elle devrait être obligatoire. Mais du moment où le législateur ne l’a pas encore fait nous avons jugé être les précurseurs pour l’imposer à travers notre parti politique. Les gens comprennent déjà un peu un peu. Ce n’est plus la conception qu’ils ont de la chose le 16 octobre qu’ils ont encore aujourd’hui. C’est un travail qu’on doit faire. Nous sommes convaincus que nous le ferons et même si c’est difficile nous aboutiront à coup sûr.

 Vos objectifs et ce sera en même temps les mots de la fin.

Nous vous remercions pour l’opportunité que vous nous offrez pour nous adresser une fois encore à la population, leur expliquer ce qui à leur niveau paraît encore un peu flou. Le premier challenge que nous avons devant nous comme je l’ai dit en l’entame de cet entretien c’est comment faire pour être légalement existant.  Nous travaillons déjà pour ça et quand nous aurons nos papiers à jour, le second objectif qui est un impératif c’est la participation aux prochaines élections en l’occurrence les législatives de 2023. Nous y participeront.

Nous sommes nés comme parti politique pour participer aux joutes électorales. En ce qui concerne nos préparations pour y arriver c’est la stratégie et vous convenez avec moi qu’en politique les stratégies ne se dévoilent pas sur la place publique. Nous travaillons activement et nous savons que le peuple béninois nous accompagnera. Chacun de nous a conscience que le défi est  grand et que allons le relever ensemble. Soyez sûr d’une chose  notre parti la LNA participera à la prochaine législative de 2023 ce n’est qu’après cela qu’on pourra spéculer sur 2026 car 2026 est encore loin. Nous nous concentrons d’abord sur nos objectifs à court et moyen terme.

 Propos recueillis par  Laurent YOVO

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