Le gouvernement béninois a officiellement lancé la troisième phase du Microcrédit Alafia, un programme qui marque une rupture spectaculaire avec les pratiques passées en matière de financement des petits entrepreneurs. Avec un montant de prêt porté à 200 000 FCFA, des taux d’intérêt plafonnés à 8% annuels et une durée de remboursement étendue à 12 mois, l’exécutif actuel envoie un signal fort : le social se fait désormais sans demi-mesure.
Sous l’ancien régime de Yayi Boni, le microcrédit était souvent perçu comme un outil à impact limité : des montants dérisoires – rarement au-delà de 50 000 FCFA –, des taux dissuasifs et des délais de remboursement courts. Résultat : de nombreuses femmes, déjà vulnérables, se retrouvaient davantage étouffées par les remboursements que réellement sorties de la pauvreté. Une forme d’hypocrisie sociale que dénoncent silencieusement des milliers de bénéficiaires aujourd’hui soulagées.
Avec cette nouvelle phase, Patrice Talon montre qu’il assume une vision pragmatique de l’aide :
· Un plafond de prêt multiplié par quatre pour permettre de véritables investissements productifs
· Un taux d’intérêt abaissé et transparent (8% l’an)
· Une prime d’assurance réduite à 0,35% contre 1,2% auparavant
· Un réseau élargi à 20 institutions financières pour une accessibilité maximale
Ciblant majoritairement les femmes entrepreneures, souvent actives dans le secteur informel, le programme Alafia phase 3 se veut une réponse concrète à la précarité. Il ne s’agit plus de « prêter pour survivre », mais de financer pour transformer. Une approche qui contraste radicalement avec l’époque où le microcrédit servait plus d’affichage politique que de levier d’émancipation réelle.
Si certains détracteurs pointent une communication gouvernementale jugée trop assurée, les faits sont têtus : le montant, les conditions et la durée offerts aujourd’hui n’ont rien à voir avec le passé. Preuve que pour Talon, faire du social ne rime pas avec assistanat, mais avec autonomisation réelle.
Avec le Microcrédit Alafia phase 3, l’administration Talon semble tourner résolument le dos aux anciens modèles qui maintenaient les femmes dans la dépendance financière. Reste à voir si cet outil sera à la hauteur des attentes sur le terrain. Une chose est sûre : le pari est audacieux, et il n’a rien d’hypocrite.
Worou MERE



