(Dossier incomplet, la Cena donne 72 heures pour rattraper le sésame de Sodjinou)
Il ne faut point perdre de temps sur l’endroit où vous êtes tombés. Il faut plutôt épiloguer sur l’obstacle qui vous a fait trébucher. Telle est la sagesse à recommander aux leaders du parti Les Démocrates (LD). Le communiqué d’hier qui parle d’une saisine de la Cour constitutionnelle aux fins de remettre en cause l’ordonnance rendue par le juge du tribunal de Cotonou, est du pipo. Car il ne s’agit pas d’un contentieux électoral proprement dit. Même si l’histoire se déroule sur le terrain politique, il est en droit du ressort du droit commun sur un terrain politique voire électoral. L’anecdote que voici illustre parfaitement la quintessence du sujet.
C’est comme si tu remets la clé de ta voiture à ton gardien. À un moment donné, celui-ci refuse de te la rendre. Mais pour ne pas le violenter, tu vas au tribunal qui te donne le pouvoir de reprendre ton bien. Le cas échéant, d’aller voir le concessionnaire qui te donnera la deuxième clé, c’est-à-dire son double. Incident clos.
Dans ces conditions, c’est à croire que le parti LD veut se moquer de ses propres militants après les avoir embastillés dans un piège sans fin que même Olympe Bhêly Quenum n’aurait pu imaginer. Car il convient de retenir ceci pour mieux comprendre les vraies origines de la situation au sein du parti LD.
En effet, tout est parti de ce manque de management du président Boni Yayi dans sa volonté d’avoir le consensus autour du duo présidentiel de l’opposition.
Malheureusement, sa démarche a conduit au mécontentement du député de la 19e circonscription électorale, qui conditionne du coup, sa participation aux débats à une recherche de consensus par voie démocratique. Sa menace est claire : sans ce consensus démocratique, il retire son parrainage. Mais au lieu de chercher à régler leurs divergences en usant de leur cerveau, certains esprits malins pointent déjà d’un doigt accusateur le régime en place, en évoquant une affaire de menaces sur l’auto-parrainage. Ils oublient que nulle part le code électoral n’a interdit l’auto-parrainage. Mieux, la décision de la Cour constitutionnelle sur la question est on ne peut plus claire : cette affaire est bouclée, et mille jurisprudences en la matière montrent suffisamment que personne ne peut plus évoquer une histoire d’auto-parrainage pour évincer une liste en république du Bénin. Le cas de Mariam Talata est on ne peut plus clair sur l’élément de jurisprudence positive sur la question. Le président Patrice Talon n’a rien à voir avec ce qui se passe au sein de LD. Que personne ne se serve du nom du président Talon, encore moins de son gouvernement, pour justifier la mésentente qui ronge le plus grand parti de l’opposition. Le président Yayi est un homme d’expérience. Il a géré ce pays pendant dix ans. Il a aussi tenu l’opposition au régime sans faille. Il a tous les outils en main pour calmer sa troupe sur la base d’un dialogue négocié autour d’un consensus qui fera grandir son nom. Il ne doit pas céder aux sirènes des paresseux qui veulent inventer une image pour justifier l’incompétence.
Avec cette décision de la Cena qui est allée du côté de cette ordonnance du juge dans la procédure introduite auprès du juge des référés, le parti LD ne dispose que de 27 parrainages au lieu des 28 recommandés par le code électoral en vigueur. Le 28ème ayant été remplacé et remis au propriétaire, le député Michel François Olutoye Sodjinou. Mais le parti LD bénéficie de 72 heures pour rattraper le 28ème précieux parrainage.
Conséquence, le dossier reçu hier par la Cena, sera rejeté en vertu des exigences du code électoral et de cette dernière décision rendue par cette même institution. Dommage pour l’opposition qui aurait manqué de faire du vrai consensus son meilleur outil de discussion.
Aboubakar TAKOU
