La lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG) demeure une priorité pour les organisations de la société civile (OSC). Le vendredi 21 novembre 2024, à l’hôtel La Casa Cielo de Cotonou, le réseau panafricain Alliance Droits et Santé a organisé un café-débat réunissant acteurs judiciaires, têtes couronnées, journalistes et responsables associatifs.
Ce cadre d’échanges a permis d’évaluer les stratégies mises en œuvre par les autorités et de plaider pour l’extension des Centres Intégrés de Prise en Charge des Victimes et Survivantes de VBG (CIPEG-VBG) sur l’ensemble du territoire béninois.
Hugues Landry Hien, secrétaire technique et représentant de la présidente du réseau, a rappelé dans son allocution d’ouverture la mission de l’Alliance Droits & Santé. « Depuis 2013, nous mobilisons les communautés à travers ce type de rencontres pour inciter les décideurs à inscrire les questions de DSSR et de lutte contre les VBG au cœur de leurs priorités ». En saluant les avancées juridiques enregistrées au Bénin, il a exprimé sa gratitude à tous les partenaires techniques qui œuvrent quotidiennement à leurs côtés.
Les OSC appelées à diversifier leurs interventions
Deux grands panels ont rythmé ce café-débat. Lors du premier, relatif à « la prise en charge juridique des VBG au Bénin », Maître Saïzonou Bédié, fondatrice de l’Association des Femmes Avocates du Bénin et intervenante en qualité de formatrice, a dans un premier temps rapporté des témoignages glaçants de situations de violences qui font son quotidien. Elle a ensuite mis en lumière les avancées majeures enregistrées dans la lutte contre les VBG, tout en saluant les efforts du gouvernement, « même s’il reste beaucoup à faire ». Dans un second temps, elle a insisté sur la nécessité d’une action collective mieux structurée au sein des OSC. « Chaque ONG devrait se concentrer sur une thématique précise. Les uns pourraient se consacrer aux filles, aux femmes, et les autres à la prise en charge psychosociale ou juridique. Les formes de VBG sont multiples ; chaque structure peut choisir d’en prendre une en charge pour plus d’efficacité », a-t-elle recommandé. Elle a également plaidé pour un soutien technique et financier accru au profit des victimes, qui sont souvent confrontées à des difficultés financières une fois la procédure judiciaire engagée.
Lors du second panel, consacré aux « VBG vues par la religion », l’accent a été mis sur l’importance de l’éducation à l’ère des médias sociaux par l’Imam d’Agori. Le leader religieux estime qu’il faut revoir l’éducation des filles et des garçons dès le plus jeune âge pour former une génération future moins encline aux VBG. Sa Majesté le roi de Toffo, présent au café-débat, a exhorté les OSC à leur apporter leur soutien pour gérer les cas de VBG qu’il reçoit habituellement dans son palais. À cet effet, l’ONG CeRADIS, BACAR et plusieurs réseaux d’acteurs ont formulé de fortes recommandations pour l’émancipation féminine.
Il faut noter que plus de 2000 dossiers de cas de violences basées sur le genre sont en instance devant la justice, qui met les bouchées doubles pour traiter au mieux chaque affaire.
Actif dans six pays d’Afrique de l’Ouest – le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, le Niger et le Burkina Faso – le réseau Alliance Droits et Santé fédère des organisations œuvrant pour la promotion des Droits et Santé Sexuels et Reproductifs (DSSR). Son ambition est d’encourager les gouvernements à renforcer l’efficacité des mécanismes institutionnels, juridiques et sociaux dédiés à la lutte contre les VBG.
Gloria AKOAKOU



