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Maintenance de la plateforme EducMaster au Bénin : Une cotisation de 50 FCFA par élève qui divise le ministère et les acteurs éducatifs

Une note circulaire du Secrétariat Général du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP), en date du 10 décembre 2025, demande aux Directeurs Départementaux de collecter 50 francs CFA par élève pour assurer « l’entretien et la maintenance » de la plateforme éducative EducMaster. Si le ministère justifie cette mesure par la nécessité de pérenniser un outil pédagogique, sa mise en œuvre sur le terrain suscite de vives critiques et des pratiques contradictoires.

La position du ministère : une contribution nécessaire et encadrée

Contacté par nos soins, le MEMP a tenu à clarifier les termes de sa note. Selon ses explications, il s’agit d’un « projet de maintenance » pour une plateforme « encore gérée par un privé ». L’institution rassure : les 50 FCFA par écolier seront prélevés sur les subventions de fonctionnement déjà allouées aux écoles, qui s’élèvent à 3000 FCFA par élève. Le ministère insiste sur le fait que les coûts initiaux de mise en place, notamment pour les candidats au Certificat d’Études Primaires (CEP), ont été « entièrement pris en charge par le budget national en 2023, 2024 et 2025 ». Cette cotisation est présentée comme une participation collective pour assurer la continuité d’un service jugé essentiel.

« Vous pouvez vous rapprocher du SGM signataire de la note circulaire », a-t-on indiqué, soulignant une volonté affichée de transparence. L’objectif annoncé est de garantir une « gestion efficace et transparente » via un état détaillé des souscriptions basé sur les effectifs réels.

Sur le terrain : une autre réalité, des méthodes contestées

Cependant, sur le terrain, l’application de cette directive prend une tournure différente et alarmante pour de nombreux acteurs éducatifs. Une note de service émise par la Circonscription Scolaire (CS) de Zè, qui circule activement, donne des instructions contraires à l’esprit de transparence évoqué par le ministère.

Cette note demande aux écoles de verser les fonds « auprès du Chef Division Secrétariat (CDS) de la CS Zè », et ce, en espèces (« main à main »). Elle précise même : « Aucun paiement ne sera accepté sur le compte de la CS ». Cette méthode de collecte en liquide, sans reçu officiel ni traçabilité budgétaire immédiate, soulève un vent de protestations.

Des directeurs d’école et des responsables associatifs sur place expriment leur profond désaccord : « Aucune ligne budgétaire n’est prévue pour ça dans la subvention des écoles », déplore l’un d’eux. Un autre ajoute, sceptique : « Mieux si c’était prévu, il y aurait forcément un compte pour héberger ces fonds ». La contradiction entre la communication ministérielle (prélèvement sur subvention) et l’instruction locale (versement en espèces à un agent) nourrit la méfiance et fait craindre des dérives.

Un climat de défiance et des questions en suspens

Cette divergence entre les instructions centrales et leur exécution locale crée un climat de confusion et de défiance. D’un côté, le ministère parle d’une démarche structurée et imputée sur des budgets existants. De l’autre, une circonscription impose une collecte manuelle d’argent liquide sans cadre comptable clair.

Les questions restent entières : Où iront exactement ces fonds collectés en cash ? Comment garantir qu’ils seront intégralement et exclusivement consacrés à la maintenance d’EducMaster ? L’écart entre le discours officiel et la pratique observée à Zè jette une ombre sur la promesse de « gestion transparente » et risque de grever encore un peu plus les modestes budgets des écoles.

Alors que la date limite de consolidation des points était fixée au 15 décembre 2025, la polémique elle, ne fait que commencer. Elle pose crûment la question de la gouvernance des fonds dans le système éducatif et de la cohérence entre les décisions centrales et leur application dans les départements.

WM

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