C’est une annonce qui suscite la polémique. Le président de la transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a révélé son intention de réaliser une autoroute de 355 kilomètres en 2×4 voies, intégralement financée sur les fonds propres de l’État. Ce projet s’inscrit dans une vision plus large visant à relier, à terme, l’ensemble des chefs-lieux de région par des infrastructures routières modernes.
Selon le chef de l’État, les travaux devraient être exécutés à un rythme soutenu, avec des chantiers fonctionnant en continu. Il a également indiqué avoir instruit le ministre de l’Économie et des Finances de prévoir, à partir de 2026, une enveloppe minimale de 200 milliards de francs CFA par an pour le financement du projet.

Cependant, cette ambition relance le débat sur la faisabilité financière d’une telle infrastructure. En effet, sous le régime précédent, un projet d’autoroute de même longueur (355 km) mais prévue en 2×2 voies entre Ouagadougou et Bobo-Dioulasso avait été estimé à plus de 700 milliards de francs CFA. À l’époque, les autorités avaient opté pour un financement extérieur, notamment auprès de partenaires chinois, et pour une réalisation par phases. La première tranche de 110 kilomètres était alors évaluée à plus de 200 milliards de francs CFA, selon les déclarations de l’ancien ministre burkinabè des Infrastructures.
Ces anciennes estimations mettent en perspective l’ampleur financière du nouveau projet, d’autant plus que le produit intérieur brut (PIB) du Burkina Faso est estimé à environ 3 300 milliards de francs CFA. La décision de financer intégralement une autoroute élargie à 2×4 voies sur ressources internes soulève donc de vives interrogations sur la soutenabilité budgétaire et les priorités économiques du pays, dans un contexte sécuritaire et social déjà très contraint.

À ce jour, aucune étude technique ou financière détaillée n’a été rendue publique pour préciser le coût total, le calendrier ou les modalités d’exécution précis de ce projet. Les observateurs économiques et les partenaires techniques attendent des clarifications officielles, notamment de la part du ministère en charge des Infrastructures, afin d’évaluer la viabilité réelle de cette ambition routière annoncée au plus haut niveau de l’État.



