Le marché central de Tanguiéta, censé être un pôle d’échanges économiques et un lieu vital pour des centaines de commerçants et de consommateurs, offre aujourd’hui un visage alarmant. À l’intérieur même du marché et à ses abords immédiats, un dépotoir sauvage, à moitié à l’extérieur et à moitié dans l’enceinte du marché, s’est imposé comme un élément du décor quotidien, au mépris des règles élémentaires d’hygiène et de santé publique.
Un dépotoir à ciel ouvert au cœur du marché
Les images prises sur place sont sans équivoque. Des montagnes d’ordures composées de cartons usagés, sachets plastiques, déchets ménagers, restes de marchandises avariées et autres immondices s’amoncellent contre les bâtiments du marché. Les étals, parfois improvisés en bois, côtoient directement ces tas d’ordures, exposant vendeurs et acheteurs à des risques sanitaires évidents. Le sol est jonché de déchets en décomposition, favorisant la prolifération de mouches, de rongeurs et sans doute de microbes. Dans un tel environnement, il devient difficile de garantir la salubrité des produits alimentaires vendus, notamment les denrées de grande consommation.

L’incivisme des populations en cause
Il serait malhonnête de ne pas pointer du doigt l’incivisme d’une frange de la population. Certains usagers du marché continuent de jeter leurs déchets n’importe où, transformant progressivement cet espace public en décharge incontrôlée. L’absence de discipline collective et le non-respect des règles de gestion des déchets aggravent chaque jour la situation. Cependant, cet incivisme ne peut être analysé indépendamment de l’environnement global : quand l’État et les autorités locales brillent par leur absence, le désordre s’installe.
Le silence coupable des autorités locales
Face à cette situation préoccupante, les autorités politico-administratives locales semblent curieusement muettes. Où est la mairie ? Où sont les services d’hygiène et d’assainissement ? Où sont les contrôles, les campagnes de sensibilisation, les sanctions prévues par les textes ? Que devienne la collecte des droits de place auprès de ces commerçants ? Voilà autant d’interrogations qui méritent d’être élucidées. Le marché central de Tanguiéta n’est pas un espace privé, mais un lieu public placé sous la responsabilité directe des autorités communales. Laisser un dépotoir sauvage prospérer dans un tel lieu relève soit d’un grave laxisme, soit d’un désintérêt manifeste pour la santé des populations. Cette passivité est d’autant plus inquiétante que les conséquences sanitaires peuvent être lourdes : maladies diarrhéiques, infections, contamination des aliments, sans compter l’atteinte à la dignité des commerçants qui tentent de gagner honnêtement leur vie dans des conditions indignes.

L’État central interpellé
Au-delà des autorités locales, l’État central ne peut se dérober à ses responsabilités. La salubrité des marchés, la protection de la santé publique et l’amélioration du cadre de vie des populations figurent parmi les missions régaliennes. Tanguiéta n’est pas en marge de la République. Il est urgent que des actions concrètes soient engagées :
l’évacuation immédiate de ce dépotoir sauvage ;
la mise en place d’un système efficace de collecte des déchets ;
le renforcement des contrôles sanitaires,
Et une véritable campagne de sensibilisation des populations.
Agir avant qu’il ne soit trop tard
Le marché central de Tanguiéta ne doit pas devenir un foyer permanent de maladies et d’indignité. Le laisser dans cet état, c’est exposer délibérément les populations à des dangers évitables. Il est temps que chacun assume sa part de responsabilité : populations, autorités communales et État central.
L’insalubrité n’est pas une fatalité. Elle est souvent le résultat de choix ou d’absences de choix. Et à Tanguiéta, le temps n’est plus aux discours, mais à l’action.
Alassane IMOROU SANDA



