« Un effort à moitié consenti est vain », dit-il
Le Président Patrice Talon a profité de son ultime discours sur l’état de la Nation pour livrer une défense sans concession de son projet de refonte politique. Face aux critiques internes et internationales sur le rétrécissement de l’espace démocratique, le chef de l’État a opposé une fin de non-recevoir, assumant un modèle béninois spécifique.
« Pourquoi devrions-nous en rougir parce qu’il n’est pas la copie conforme de ce qui se fait ailleurs ? », a-t-il lancé aux députés, répondant par avance à ses détracteurs. Selon lui, le Bénin paie le prix des « travers » des acteurs politiques de l’ère post-Conférence nationale, où la démocratie était, dit-il, un « prétexte de pagaille, de corruption et d’impunité ».
Le Président a justifié l’ensemble des réformes adoptées sous ses deux mandats – y compris la très récente – comme un passage obligé pour « adapter » le modèle politique aux « réalités » du pays et « assoir durablement notre développement ». « Ma conviction est qu’un effort qui s’avère nécessaire mais qui est à moitié consenti est vain », a-t-il martelé, laissant entendre que sa démarche devait être poursuivie jusqu’au bout.
Une redéfinition de la démocratie
Dans cette vision,la démocratie se définit « essentiellement comme un facteur de développement ». L’accès au pouvoir n’est plus « un droit », mais un privilège conditionné par la « capacité » et le mérite. « Être acteur politique ne confère plus aucun droit. Il n’astreint qu’à des devoirs et à l’humilité, voire à l’effacement », a-t-il déclaré, dans une formule qui résume sa philosophie du pouvoir.
Ce discours, salué par ses partisans comme une vision pragmatique, est susceptible d’être perçu par l’opposition comme la validation d’un système verrouillé. En se présentant comme le garant d’une démocratie enfin utile, Patrice Talon trace la ligne que ses successeurs devront, ou non, suivre.



