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Politique

Services consulaires russes en Afrique : Quand l’attitude d’Ibrahim Traoré pénalise les Burkinabè

La décision de la Fédération de Russie de confier, à titre temporaire, ses services consulaires pour le Burkina Faso à son ambassade en Côte d’Ivoire continue de susciter incompréhensions et frustrations au sein de l’opinion publique burkinabè. Officiellement administrative, cette mesure apparaît pourtant comme le symptôme d’un malaise diplomatique plus profond, dont les citoyens ordinaires paient aujourd’hui le prix fort.

Depuis le 15 octobre dernier, les Burkinabè désireux d’obtenir un visa russe sont contraints de se rendre en Côte d’Ivoire, avec tout ce que cela implique : coûts supplémentaires, tracasseries administratives, difficultés de déplacement et délais rallongés. Une situation paradoxale, voire humiliante, pour un pays dont les autorités revendiquent haut et fort une souveraineté retrouvée. Mais derrière cette délocalisation consulaire se cache une réalité politique moins reluisante : l’attitude pour le moins désobligeante du président de la transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré. En réaction à cette mesure russe, le chef de l’État n’a rien trouvé de mieux que de s’en prendre verbalement à la Côte d’Ivoire, pays hôte de l’ambassade désormais compétente. Des propos jugés injurieux et irresponsables, qui ont surpris plus d’un observateur dans la sous-région. Cette sortie malheureuse tranche avec les usages diplomatiques élémentaires et révèle une posture émotionnelle peu compatible avec la gestion des relations internationales. En diplomatie, les mots ont un poids, et les écarts de langage ont souvent des conséquences concrètes. Aujourd’hui, ce ne sont ni les chancelleries ni les dirigeants qui en souffrent, mais bien les citoyens burkinabè, pris en otage d’un bras de fer verbal inutile.

Plus inquiétant encore, cette affaire intervient dans un contexte où les relations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sont déjà fragilisées. Le trafic entre les deux pays, jadis fluide et vital pour les échanges économiques et humains, est devenu ces derniers mois un véritable parcours du combattant. En choisissant l’invective plutôt que la retenue, la concertation et le pragmatisme, Ibrahim Traoré donne l’image d’un dirigeant davantage préoccupé par la rhétorique populiste que par la défense des intérêts concrets de ses compatriotes. La diplomatie ne se mène ni à coups de slogans ni dans la provocation permanente. Elle exige tact, constance et sens de la responsabilité.

À l’heure où le Burkina Faso traverse des défis sécuritaires, économiques et sociaux majeurs, le pays peut-il se permettre de multiplier les tensions diplomatiques inutiles ? Peut-il accepter que ses citoyens soient pénalisés dans l’accès à des services aussi essentiels que la délivrance de visas, simplement pour satisfaire l’ego ou l’humeur d’un homme fort ?

La souveraineté véritable ne se proclame pas dans l’injure. Elle se construit dans la crédibilité, le respect mutuel et la capacité à protéger, en toutes circonstances, les intérêts des populations. Sur ce dossier comme sur bien d’autres, le président Ibrahim Traoré gagnerait à se souvenir que le pouvoir est un devoir, et que ses mots, comme ses actes, engagent toute une nation.

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