Dénoncé il y a quelques jours dans un article mettant en lumière l’insalubrité alarmante du marché central de Tanguiéta, le dépotoir sauvage qui s’y était installé commence enfin à être dégagé. Une réaction saluée par la population, mais qui pose une question essentielle : les autorités doivent-elles toujours attendre la dénonciation publique pour agir ?
Il aura fallu une alerte médiatique claire et assumée pour que les choses bougent enfin au marché central de Tanguiéta. Quelques jours seulement après la publication de notre article dénonçant l’insalubrité criante de ce haut lieu de commerce et l’existence d’un dépotoir sauvage à cheval sur l’extérieur et l’intérieur du marché, les autorités ont visiblement décidé de sortir de leur mutisme.
Sur place, les images sont sans équivoque. Un camion de collecte est mobilisé, des agents s’activent et les montagnes d’ordures sachets plastiques, cartons, déchets ménagers et restes de marchandises sont progressivement évacuées. Une scène qui contraste avec l’habitude des commerçants et des usagers, longtemps contraints de vivre et de travailler au milieu des immondices.
Une réaction qui ne doit rien au hasard
Il faut le dire sans détour : cette intervention fait suite à notre premier article, qui a mis en lumière la gravité de la situation et interpellé aussi bien les autorités communales que l’État. La rapidité de cette réaction confirme, s’il en était encore besoin, que la presse joue pleinement son rôle de lanceur d’alerte et de veille citoyenne.
Mais cette réalité soulève une interrogation majeure : pourquoi a-t-il fallu une dénonciation publique pour que les autorités se mobilisent ?
Une situation connue, mais longtemps ignorée
Le dépotoir sauvage du marché central de Tanguiéta ne date pas d’hier. Il s’est constitué progressivement, sous le regard quotidien des autorités locales, des services d’hygiène et des responsables administratifs. Pourtant, aucune action concrète et durable n’avait été engagée avant que la situation ne soit exposée au grand jour. Cette réaction tardive donne l’impression d’une gouvernance encore trop souvent réactive plutôt que préventive, où l’on attend la pression médiatique ou la colère populaire avant de prendre des décisions pourtant nécessaires.
Nettoyer aujourd’hui, prévenir demain
Si l’opération de déblaiement en cours mérite d’être saluée, elle ne saurait suffire. Nettoyer sans prévenir, c’est reculer pour mieux revenir au même point. La vraie question reste entière :
· Quelles dispositions durables seront prises pour empêcher la reconstitution de ce dépotoir ?
· Existe-t-il un calendrier régulier de collecte des déchets ?
· Des sanctions seront-elles appliquées contre les comportements inciviques ?
· Une sensibilisation réelle des usagers du marché est-elle prévue ?
Sans réponses claires à ces interrogations,le risque est grand de voir les ordures reprendre leur place une fois les camions repartis.
Autorités locales et État central face à leurs responsabilités
Les autorités communales doivent comprendre que la salubrité publique n’est ni un luxe ni une faveur, mais une obligation légale et morale. Quant à l’État central, il est une fois de plus interpellé. Les communes ne peuvent être abandonnées à elles-mêmes lorsqu’il s’agit de santé publique, d’hygiène et de cadre de vie.
Tanguiéta mérite un marché propre,sain et digne. Ses habitants ne doivent pas être condamnés à vivre dans l’insalubrité jusqu’à ce qu’un scandale éclate.
L’action engagée aujourd’hui est un pas dans la bonne direction. Mais une chose est sûre : gouverner, ce n’est pas seulement réagir sous la pression, c’est anticiper, prévenir et protéger. La presse continuera de jouer son rôle, non par plaisir de dénoncer, mais par devoir envers la population. Et si cette vigilance permet d’éviter demain d’autres situations similaires, alors elle aura pleinement rempli sa mission.
Alassane IMOROU SANDA
