Il serait presque inadmissible que la situation des prisonniers et des exilés politiques ne soit pas évoquée lors de la rencontre entre le président béninois Patrice Talon et son homologue français Emmanuel Macron.
Abordée au cours de la conférence de pressedonnée par les deux présidents au palais de la Marina par un journaliste du quotidien Le Monde, le président Patrice Talon un peu agacé par la question a laissé entendre «(rire)…c’est le président Macron qui a parlé d’ouverture (rire)…évidemment, c’est vrai nous en avons parlé… la donne politique est une donne essentielle dans tous les pays du monde y compris les pays en voie de développement ou les pays développés.
Sur cette question, la préoccupation des uns et des autres c’est que le politique ne pollue pas l’économie. Donc, il faut pouvoir aménager la donne politique de sorte à ce que ça donne une bonne image favorable au développement économique.
Je vous dis votre question ne me surprend pas, parce qu’il semble que notre image soit un peu écorchée par la situation politique que le Bénin a connu ces derniers temps. Moi, je n’en rougis pas du tout. Pourquoi? Parce que, vous savez quand on vient de loin, il faut être disposé à affronter tous les défis y compris nos propres travers pour nous développer.
Et la situation politique dans laquelle le Bénin était nécessitait une certaine réforme qui ont été engagées, mais vous savez une réforme qui fait plaisir à tout le monde, n’est plus une réforme.
Une réforme qui marche, qui apporte du nouveau, qui apporte du positif, forcément enlève des privilèges, peut être indus, mais des privilèges quand même.
C’est ce qui fait qu’en cette matière politique, tout ce qui enlève des privilèges ou tente de corriger des acquis fait toujours l’objet de beaucoup d’histoires, de bagarres. Le Bénin l’a connu malheureusement.
Mais, une chose est de défendre son opinion, sa cause, une autre est d’utiliser ou non des moyens conventionnels ou non répréhensibles pour les défendre.
Parce que les djihadistes qui défendent une cause religieuse à leur entendement, leur cause est juste, plus que juste même, servir la cause de Dieu pour celui qui est croyant, c’est au-dessus de tout. Mais est-ce que pour autant si sa cause lui paraît absolument incontestable, véridique, est-ce que pour autant tous les moyens sont permis pour défendre cette cause ? Mais, non.
C’est pareil en politique. Votre cause peut être juste, vous pouvez avoir l’impression que votre cause est juste mais vous n’avez pas le droit d’utiliser des moyens criminels, délictuels pour la défendre. Or, c’est ce qui s’est passé au Bénin.
Je conviens avec vous, que c’est des gens qui ont agi dans le champ politique. Mais les actes qui ont accompagné leurs revendications si ce sont des actes criminels, délictuels, les actes doivent être punis, c’est ce qui s’est passé.
Mais malheureusement chaque fois que la presse à l’occasion, pas la presse seule, la classe politique internationale, parfois ça nous revient dessus. Mais quand est-ce que vous allez les libérer ?
Comme si les actes n’ont jamais été commis, parce que malheureusement souvent on peut confondre un acte réellement commis par un acteur politique et une accusation politique.
Ce qui s’est passé au Bénin, ce ne sont pas des accusations politiques. C’est réel.
Mais je concède à chacun de croire ce qu’il veut.
Donc libérez des gens qui ont commis des crimes ne relèvent pas pour moi de l’ouverture. Ça, je peux vous le dire.
Mais, c’est bien que les réformes qui sont en cours tiennent compte d’un environnement favorable plus apaisé pour que les uns et les autres ne se sentent pas exclure à cause des réformes. C’est cela que moi j’appelle ouverture. Et je crois c’est de cela que parle le président Macron.