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Société

Accident mortel du ministre Kouaro Yves Chabi : L’inculpation du chauffeur : la raison

(Il doit faire au moins 10 ans de prison)

Le tragique accident ayant coûté la vie au ministre des Enseignements Secondaires Techniques et de la Formation Professionnelle (MESTFP), Kouaro Yves Chabi, et son garde du corps, révèle des négligences graves et des choix délibérés du chauffeur, Deguenonvo S. A. Ignace. Inculpé pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui, ce dernier risque jusqu’à 10 ans de prison. Retour sur les erreurs qui ont conduit au drame.

Circonstances de l’accident : une cascade de fautes
Selon le compte-rendu officiel, l’accident s’est produit le jeudi 20 février 2025, vers 21 heures, à la sortie nord du village de Badékparou. Le chauffeur conduisait un véhicule officiel (Nissan Patrol, immatriculé CE 9531 RB) à « vive allure » en direction de Parakou, transportant le ministre et son entourage pour la célébration de la Journée Internationale de la Langue Maternelle.

  • Excès de vitesse et prise de risque inconsidérée : Dès le départ, M. Deguenonvo aurait ignoré les règles de sécurité en roulant à une vitesse excessive, malgré la présence de passagers de haut rang. Cette allure élevée a réduit sa marge de manœuvre lors d’un dépassement ultérieur, aggravant les conséquences de la collision.
  • Dépassement hasardeux d’un camion articulé : Arrivé à hauteur d’un camion Scania (immatriculé AZ6546/BH 2379 RB), le chauffeur a entrepris de le dépasser sans vérifier la visibilité ou anticiper les risques. La manœuvre, initiée de nuit (21 heures), a été interrompue par l’arrivée soudaine d’un véhicule en sens inverse.
  • Rabattement violent au mépris des passagers : En situation d’urgence, le conducteur s’est rabattu brusquement vers la droite, percutant l’arrière du camion du côté passager. Ce choix tactique, bien que peut-être instinctif, démontre une priorisation claire de sa propre sécurité : en dirigeant l’impact vers la droite, il a exposé les passagers (assis à l’arrière et côté droit) au choc frontal, tandis que lui-même (côté gauche) était relativement protégé.
  • Absence de maîtrise des conditions de circulation : Le rapport souligne que le chauffeur a été « surpris » par le véhicule arrivant en contresens, preuve d’un défaut d’anticipation. Dépasser un camion articulé (longueur accrue) exige une évaluation précise des distances, surtout de nuit. Son incapacité à le faire traduit une imprudence caractérisée.

Une responsabilité pénale accrue : au-delà de l’imprudence, une faute moralement condamnable

Ces fautes cumulées relèvent non seulement de la négligence, mais aussi d’une « décision délibérée » de sacrifier les passagers pour se sauver. Ce qui doit amener la justice à frapper fort afin de décourager ces genres de situation. En droit béninois, l’article 144 du Code pénal prévoit jusqu’à 10 ans d’emprisonnement pour homicide involontaire lorsque le conducteur viole manifestement les règles de sécurité.
Les enquêteurs devraient donc insister sur deux éléments accablants : la localisation de l’impact (côté passager), suggérant un réflexe égoïste de protection personnelle ; et le non-respect des limitations de vitesse, aggravé par un dépassement impossible à achever sans danger.

Un drame évitable
La mort du ministre Kouaro Yves Chabi et de son garde du corps met en lumière les conséquences dramatiques d’une conduite irresponsable. C’est pourquoi lors du procès qui doit en découler, l’exemplarité de la sanction réclamée (10 ans de prison) vise à rappeler que la vie humaine prime sur toute précipitation ou imprudence.
En effet, ce drame s’inscrit dans une pratique systémique dénoncée par l’ONG Sécurité Routière Bénin : « 73% des chauffeurs institutionnels roulent à +50% au-dessus des limites, confiants dans leur immunité » (Rapport 2024). La demande de 10 ans de prison ferme vise à : dissuader la culture de l’impunité chez les chauffeurs officiels ; reconnaître le statut de fonctionnaire d’État des victimes, exigeant une protection renforcée ; et établir une jurisprudence contre les choix égoïstes au volant.
Conduire, c’est anticiper. Malheureusement, cela devient une coutume pour les chauffeurs comme Deguenonvo S. A. Ignace de sacrifier leurs passagers ou plutôt de prioriser leur survie au mépris de leurs passagers (preuve matérielle par l’angle d’impact). Car il suffit de prendre en compte les différents cas d’accidents, pour constater qu’à près de 80%, les chauffeurs sauvent leur peau au détriment des autres occupants du véhicule. Une leçon amère pour tous les usagers de la route.

Alors, que la justice inflige à Deguenonvo S. A. cette sanction afin qu’il serve dorénavant d’exemple. On ne sacrifie pas une personne de la sorte, à plus forte raison une personne d’autorité publique en exercice.

AY

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