(Ma chronique sur la vérité que personne ne veut porter)
Dans la réalité, les hommes et femmes qui passent la cinquantaine voient souvent dans leur jour de naissance l’évidente fatalité du retour à la poussière. Personne ne veut donc, en fait, qu’on lui rappelle ce jour une fois les cinquante ans dépassés. Je ne vais donc pas trahir ma conviction en souhaitant un joyeux anniversaire à notre cher papa, le président Patrice Talon, et à sa fille, l’ancienne ministre Réckya Madougou. Au contraire, je leur souhaite santé, longévité, bonheur et courage pour que la jeunesse béninoise profite davantage de ces deux personnalités à l’honneur dans ma chronique.
Loin du regard sommaire, manquant souvent de discernement et qui veut voir dans le très rigoureux et méthodique Patrice Talon quelqu’un de trop dur parce qu’il s’est accroché au développement de son pays contre les mauvaises habitudes acquises depuis notre indépendance, la réalité est tout autre. Si l’on devait attribuer aujourd’hui à un chef d’État béninois un prix Nobel de la Paix, il devrait revenir à l’actuel président de la République. Et pour cause, il n’y a jamais de paix sans un vrai développement. Un peuple affamé qui manque de presque tout, n’est pas un peuple libre pour être libre de penser la paix. Tout part inéluctablement du développement. Or, ce développement passe à coup sûr, par une méthode, un programme qui mérite une batterie de mesures et de réformes qui blessent et fâchent. Les mauvaises habitudes étant tenaces, la rigueur devrait s’inviter au débat comme priorité. Et le président Talon a donc, dans un premier temps, accepté volontier d’être impopulaire et de laisser le temps être son juge. Pour un homme qui a accepté ce sacrifice par profonde conviction, les petits jeux politiciens ne peuvent plus effleurer sa sensibilité au point de le détourner de son objectif. Voilà pourquoi le président Talon disait à son prédécesseur qu’il a déjà fermé la page des prisonniers « politiques » comme Réckya Madougou, Joël Aïvo et les autres. La facilité d’y voir une hostilité du président Talon à voir ces personnalités en liberté et les autres revenir au pays, est erronée. En répondant ainsi au président Yayi, le chef de la Rupture faisait juste une remarque essentielle : tu ne peux pas prendre tout ton temps à me vilipender, à noircir mes actions et ma gouvernance, et penser que tu peux venir utiliser la souffrance des autres pour faire croire le contraire de ta propre conviction. Voilà en réalité ce que signifie la position du président Talon sur la question de son prédécesseur. En réalité, le président Yayi et ses complices ne sont plus qualifiés pour parler de Réckya Madougou, de Joël Aïvo et des autres qu’ils considèrent comme des échelles politiques pour monter.
Ironie du sort pour la pauvre fille de Madougou dont le Mouvement pour la Réconciliation Nationale (MRN), une association de jeunes béninois mus par des valeurs de Paix, citoyenneté, patriotisme et cohésion nationale pour un développement harmonieux, a voulu honorer son anniversaire par une messe d’action de grâce le mercredi 30 ; tout le monde était là. Ceci bien que l’intention des jeunes dans cette messe soit on ne peut plus claire :
*Prière pour la miséricorde divine sur notre nation, en particulier sur nos forces de défense engagées face à la menace terroriste ;
- Intercession divine pour la libération des détenus politiques et un retour facilité des exilés ;
- Supplication pour la Paix, la Concorde, la Cohésion sociale et l’Unité nationale et appel à la réconciliation nationale pour vaincre l’ennemi commun, le terrorisme.
C’est pourquoi le MRN lance cet appel à la réconciliation nationale dans le but de guérir les blessures sociales et inaugurer un nouveau cycle de dialogue inclusif et constructif. De cette messe d’actions de grâce, ces jeunes attendent que dans l’immédiat de cette activité œcuménique du 30 avril, s’opère l’éveil d’une dynamique de gratitude et de patriotisme. Ceci veut tout dire.
Mais comme l’ancienne garde des Sceaux est politiquement associée au parti de l’opposition LD, ses partisans étaient tous présents à l’initiative de ces jeunes du MRN. La présence du sage Nicéphore Soglo à cette messe suffira, espérons-le, à dépolitiser un tant soit peu cette belle initiative afin de ressortir sa quintessence : même de sa prison, en termes de bien-être des Béninois, Réckya Madougou et le président Talon sont réellement en phase, comme le soulignent les objectifs de cette initiative de jeunes.
Ironie du sort, comme je le disais plus haut, un père et sa fille, même combat, mais la politique et ses hommes divisent au détriment de la soif de bonheur à laquelle aspirent les membres de la famille Madougou.
Aboubakar TAKOU
