L’administration Trump a déclenché une vague d’indignation en mettant en congé brutal le personnel des médias publics américains opérant à l’étranger, dont Voice of America (VOA) et Radio Free Asia. Cette décision, justifiée par la Maison Blanche comme une fin au « gaspillage » de l’argent des contribuables en « propagande radicale », est perçue par les défenseurs de la liberté de la presse comme une attaque directe contre des contrepoids démocratiques essentiels.
Un décret présidentiel, qualifiant l’agence chapeautant ces médias (USAGM) d’« élément inutile de la bureaucratie fédérale », a donné le coup d’envoi de cette opération. Kari Lake, conseillère de Donald Trump à l’USAGM, a rapidement confirmé que les subventions fédérales à ces médias n’étaient plus une priorité.
Le démantèlement s’est opéré avec une rapidité déconcertante. Des centaines de journalistes et employés ont reçu un courriel leur notifiant l’interdiction d’accès à leurs bureaux, la restitution de leur matériel et la fin immédiate de leur contrat. Le directeur de VOA a lui-même été congédié, et le siège de Washington fermé, signant ainsi la fin d’une institution qui diffusait l’information en 49 langues depuis 1942.
VOA, Radio Free Asia et Radio Free Europe, entre autres, étaient considérés comme des « voix de l’Amérique » dans des régions du monde où l’information indépendante est muselée. Leur rôle dans la promotion du « soft power » américain, notamment pendant la Guerre froide, est indéniable.
La décision de Trump suscite une vive inquiétude quant à l’impact sur la liberté de la presse mondiale. Les organisations de défense des journalistes dénoncent un « cadeau massif aux ennemis de l’Amérique », qui se réjouiront de la disparition de ces médias. Reporters sans frontières (RSF) qualifie cette décision de « bêtise abyssale », soulignant qu’elle « menace la liberté de la presse dans le monde et réduit à néant 80 ans d’histoire américaine en faveur de la libre circulation de l’information ».
Réactions internationales
L’Agence France-Presse rapporte que les organisations de défense de la liberté de la presse ont exprimé leur indignation. Carlos Martinez de la Serna, du Comité de protection des journalistes (CPJ), a dénoncé une tentative de « vider de sa substance une agence financée par le Congrès qui soutient un journalisme indépendant remettant en question la parole de régimes autoritaires dans le monde entier ».
Le démantèlement des médias publics américains pourrait se heurter à des obstacles, car le Congrès détient le pouvoir final. Cependant, la détermination de l’administration Trump, couplée à ses coupes budgétaires drastiques dans le secteur public, laisse présager un avenir sombre pour ces institutions.