La sagesse recommande de ne jamais écouter un seul son de cloche pour juger. Sinon, qu’à la lumière de la déclaration du président Boni Yayi sur sa page Facebook, son successeur Patrice Talon aurait mérité d’avoir le cœur éternellement mordu par un aigle. Tant les charges décrites par le propriétaire du parti Les Démocrates (LD) contre lui sont énormes. Seulement, elles n’ont pas trop duré dans la conscience des Béninois. Car à travers un entretien spécial avec Serges Ayaka de la radio nationale, Radio Bénin, le président Talon a, avec force détails, démontré que les accusations de son prédécesseur n’étaient qu’un simple procès en sorcellerie. C’est plutôt lui, Patrice Talon, qui devrait se plaindre des agissements agaçants du numéro 1 de LD.
Des explications du président Talon, on retiendra en substance ses regrets : il ne comprend toujours pas pourquoi son aîné, Boni Yayi, jure et travaille à sa perte. À l’anéantissement de toute initiative de son gouvernement pour satisfaire aux besoins des mêmes compatriotes que Yayi dit adorer. Ainsi, tel un ordinateur qui a enregistré tous les comportements désobligeants de Boni Yayi, Patrice Talon a égrené point par point, les débuts de la crise depuis son élection jusqu’à ce jour. Et pourquoi il tient responsable son prédécesseur de toutes les violences, de toutes les pertes en vies humaines inhérentes aux crises électorales de 2019 et 2021. Idem pour les emprisonnements découlant des mêmes conflits électoraux. Car Boni Yayi a refusé toutes les offres politiques proposées par son gouvernement pour élever dans la conscience de nos compatriotes, les défenses de la paix durable au profit d’un réel développement de notre chère patrie. Sur un autre plan, l’absence regrettable de LD à la présidentielle d’avril 2026, poursuit le président de la majorité, résulte de ce manque d’ouverture du président Yayi qui voit en tout ce qu’il propose, la corne du diable. Pour preuve, la noblesse du code électoral qui impose à tous les partis politiques en compétition dans le cadre des élections générales, une option d’aller en paix avec moins d’intention belliqueuse, a été perçue par le premier responsable de l’opposition comme un poison contre la vie des partis opposés à son régime. Du coup, Boni Yayi a préféré l’isolement de son parti à la dynamique de la solidarité prônée par ce code électoral. Conséquence, le parti LD qui, s’il avait été en accord de gouvernance avec au moins la FCBE, le départ d’un seul député détenteur du parrainage, n’allait pas sceller le sort du parti à la présidentielle d’avril prochain.
Boni Yayi, selon le président Talon, n’a jamais compris que l’adversaire politique d’aujourd’hui peut bien cacher le meilleur partenaire de demain pour de très bonnes choses pour le peuple béninois. Il ne doit pas exister d’adversité éternelle en politique. Faisant allusion à tout ce qu’apporte Lionel Zinsou au pays, le président Talon dit avoir pu mal juger en 2016 sa capacité à se donner pour le Bénin. Aujourd’hui, il observe qu’il n’est pas président, mais il fait des choses extraordinaires pour le Bénin. (…). S’il avait suivi Boni YAYI, il aurait privé le Bénin de ses compétences, de tout ce qu’il apporte dans le succès des actions du gouvernement. C’est pourquoi, il souhaite ceci : qu’on soit d’un bord ou l’autre, on peut ne pas être d’accord avec Talon, mais on doit trouver les moyens de s’entendre quand il s’agit du pays.
Enfin, regrettant cette interminable guerre que lui mène son aîné Yayi, Talon dit avoir hâte que son mandat prenne fin afin de permettre aux Béninois de vivre autre chose, au-delà de Talon et de Yayi.
C’est pourquoi il se sent malheureux que Les Démocrates n’aillent pas à l’élection présidentielle par faute des mauvaises interprétations du président Yayi des énormes facilités qu’offre le code électoral en vigueur. Normal donc que certains responsables du parti de l’opposition regrettent d’avoir suivi Yayi dans ses fixations diaboliques contre le président Talon.
De cette sortie de l’actuel président, on comprend aisément que c’est toujours son prédécesseur qui refuse d’admettre l’évidence et continue de foncer tête baissée quitte à conduire le grand nombre dans le mur du désespoir. Voilà comment le président Talon a révélé au monde, le vrai visage de Boni Yayi en lui clouant le bec au passage.
Aboubakar TAKOU
