- Leçon à retenir : la distance n’est plus une garantie pour échapper à ses responsabilités
C’est un drame qu’un webactiviste ou journaliste soit arrêté et mis sous mandat de dépôt. Mais dans le même temps, la responsabilité de tout acteur des réseaux sociaux est de rigueur. L’accès aux nouveaux canaux de communication ne peut devenir un danger pour la société, la Nation ou une partie de la population. Toute hypocrisie corporatiste gardée, il faut poser les vraies questions et s’abstenir de donner dans ce soutien béat populaire et de circonstance.
En attendant que le gouvernement et l’opposition au pouvoir réagissent, tout en souhaitant la clémence pour Huges Sossoukpè, il faut retenir que ce sont ses laudateurs qui ont perdu le jeune béninois. Ils le poussaient à bout, lui faisant croire qu’il était la vérité pendant que lui n’avait d’yeux qu’eux et pour eux, étant donné qu’il était à des centaines de kilomètres de la capitale béninoise. Eux qui n’ont qu’une seule envie, une seule religion : salir le gouvernement en place et fréquemment l’image du pays à travers certaines dénonciations fantaisistes ou imaginaires, juste pour faire rêver leur égo, étaient ses yeux, ses informateurs. Conséquence, il tombait fréquemment sous le coup des exigences en matière de communication par voie électronique.
Les exemples sont là, aussi visibles que la statue de l’Amazone.
D’aucuns disent déjà, qu’il fois arrêté, qu’il va aider la justice à :
- Identifier les bases militaires françaises.
- Identifier les corps des 74 militaires dont il a annoncé le décès.
- Prouver que la juge de l’affaire Boko-Homéky est la maîtresse du Président.
- Expliquer l’abus de pouvoir dont il accuse la justice dans le cas du dossier Frère HOUNVI, Julien Kandé Kansou, Valentin Djènontin et consorts.
- Sortir la fiche de paie du Président sur laquelle seraient inscrits les 150 millions qu’il a annoncés.
- Expliquer comment Parfaite DAAGBO était la maîtresse du Président de la République (accusation qu’il avait longtemps fait distiller).
- Expliquer où il a vu le Président Talon, propriétaire de station-service, être vendeur de faux médicaments, etc.
Même si ces questionnements des uns et des autres paraissent fantaisistes au regard de l’objet du mandat d’arrêt qui a été exécuté, il est une évidence que, se sachant bien loin du Bénin, le jeune Béninois s’est un peu laissé aller à la passion. Conséquence, il aura bien du mal à se tirer d’affaires. Déjà, l’extraction des données de son téléphone tient un discours à le compromettre en même temps que la plupart de ses complices. Ceux-là qui lui filaient les fausses informations.
Et puisque Sossoukpè lui-même n’est pas formaté journaliste à garder sa source d’information, la peur l’a déjà poussé à finir son procès à l’audition. Des noms de hauts gradés militaires, de la police et des milieux politiques ont été lâchés. Ça va être une débandade dans les jours à venir. Contrairement à Steve Amoussou, Sossoukpè a parlé un peu trop. Le héros a fondu comme du beurre au soleil et ses informateurs sont passés de l’anonymat à visage découvert.
Mais la seule leçon majeure à retenir de tout ceci a trait à la vulnérabilité de tout le monde devant la loi. Vivre loin de son pays n’est plus une armure pour signer une entreprise de déstabilisation de son pays. Et quiconque se met dans une posture à tomber sous le coup de la loi, devra s’attendre à répondre de sa responsabilité.
Il n’y a plus de frontières protectrices. Et c’est cela la liberté d’expression. On répond de ce qu’on écrit ou de ce qu’on dit.
Aboubakar TAKOU



