Le Bénin a échappé de justesse à une crise majeure. Dans la nuit du 7 au 8 décembre 2025, une tentative de coup d’État menée par un petit groupe de militaires a été rapidement maîtrisée par l’Armée républicaine. Si l’épisode a été bref, ses implications potentielles étaient graves. Car au-delà de la menace immédiate sur les institutions, c’est tout l’édifice de crédibilité, de sérieux et de progrès patiemment construit depuis 2016 qui aurait pu s’effondrer.
Depuis l’élection du président Patrice Talon, le Bénin s’est imposé comme un pays réformateur, attirant les investisseurs et gagnant en respect sur la scène internationale. Une stabilité politique assumée, des réformes structurelles dans tous les secteurs, une modernisation des forces armées : autant d’atouts qui ont redessiné l’image du pays. Mais en quelques heures, les putschistes ont tenté de réduire à néant ces avancées.
Le document analysant les enseignements de cette tentative souligne d’ailleurs un fait marquant : la réaction populaire. Contrairement à ce qui se passe souvent lors de prises de pouvoir forcées, les Béninois ne sont pas descendus dans la rue pour acclamer les mutins. Beaucoup s’interrogeaient plutôt sur l’intérêt d’un coup d’État dans « le Bénin d’aujourd’hui ». Preuve, selon l’analyse, que la population perçoit les progrès accomplis et ne souhaite pas revenir en arrière.
Sur les réseaux sociaux, malgré quelques soutiens minoritaires, la condamnation a été largement majoritaire. Une confiance dans les institutions qui contraste avec les clichés sur l’instabilité chronique de certains États de la sous-région. Cette résilience populaire et institutionnelle a sans doute joué un rôle décisif dans l’échec rapide des putschistes.
Pourtant, derrière cette résistance se cache une réalité plus sombre : si le coup avait réussi, le Bénin aurait tout perdu. La crédibilité internationale, si durement acquise, aurait volé en éclats. Les marchés et investisseurs, si sensibles à la stabilité, auraient fui. Les projets de développement, dont beaucoup dépendent de la confiance des partenaires extérieurs, auraient été suspendus, voire annulés. Le document le suggère clairement : « Si le coup avait prospéré au Bénin, cela leur aurait fait du 100 %. » Une réussite putschiste aurait en effet encouragé d’autres déstabilisations dans la région, plongeant le pays dans l’incertitude et le repli.
Le texte pointe également la jalousie que suscitent les réussites béninoises au sein de certains pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), accusés d’avoir propagé des fake news pendant et après les événements. Pour ces régimes souvent fragiles, le modèle béninois — démocratique, réformateur et stable — est une forme de reproche. Leur objectif, selon l’analyse, est de « mettre un coup d’arrêt à la dynamique de développement de notre pays ».
Enfin, l’accent mis sur la modernisation de l’armée et le renforcement des institutions sous la présidence Talon prend, rétrospectivement, tout son sens. Sans ces réformes, l’armée aurait pu faillir. Sans une gouvernance perçue comme efficace et légitime, la résistance populaire et institutionnelle aurait pu être moins forte.
Aujourd’hui, le Bénin respire, mais la leçon est cruelle : en Afrique de l’Ouest, aucun pays n’est à l’abri, même ceux qui semblent les plus stables. L’échec de ce putsch doit servir de rappel : la stabilité n’est pas un acquis, mais un combat permanent. Et pour le Bénin, c’est aussi la preuve que le chemin emprunté depuis près de dix ans — bien que parfois critiqué pour son style autoritaire — a permis au pays de tenir face à l’épreuve.
Le pays peut maintenant regarder vers l’avant, avec l’impérieuse nécessité de préserver ce qui a été sauvé : sa crédibilité, son sérieux, et cette dynamique de progrès qui fait aujourd’hui sa force — et sa cible.



