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Chronique

Bénin : Dématérialisation et esprit de dématérialisation

C’est un fait que ces dernières années notre pays a connu une accélération dans la dématérialisation des services offerts par l’administration publique. Pour le plus grand bien du public. Des délais ont été gagnés, plus encore des économies sont faites à tous les niveaux.

En plus d’offrir la célérité, la dématérialisation supprime les intermédiaires qui étaient souvent l’origine de faux frais qui alourdissaient le coût des services administratifs. Aujourd’hui, on peut dire sans risque de se tromper que le Bénin a fait un bond extraordinaire dans la modernité. On peut créer sa société depuis son salon, payer ses impôts, obtenir un acte de naissance, payer l’eau et l’électricité, … Enfin presque tous ce qui est aisé d’être dématérialisé l’est ou en voie de l’être. Désormais, il existe une masse de données de plus en plus importante à traiter. Oui, même si le support papier est en net recul, il faut pouvoir archiver ces données, les protéger et les rendre disponibles à qui le souhaite, et ayant droit, le moment opportun. La République du Bénin consciente de cette réalité inhérente à la dématérialisation s’est donc muni des institutions et organismes en capacité de gérer ce volet. La liste des institutions et autres offices et agences est suffisamment exhaustive pour qu’on veuille ici s’attarder à les énumérer. Tout a été prévu, on peut le croire. Seulement, en train de m’en enorgueillir, j’ai poussé la curiosité à savoir ceci ; les documents que l’on retire sont-ils sécurisés ? A-t-on la certitude qu’ils ne sont pas ‘’duplicables’’ par le premier malin venu ou ‘’trafiquables’’ par ce dernier à des fins inavouables ? C’est alors que la chose a pris une tout autre tournure. Mais avant, je reprendrai une maxime que l’opinion publique prête à l’ancien Président, feu le Général Mathieu Kérékou, qui dit : ‘’Qui n’a pas fait l’enquête n’a pas droit à la parole’’. Aussi, j’ai voulu à la suite d’un coup de gueule poussé par un internaute, tester la fiabilité de 02 de ces documents. Je puis vous dire que c’est une catastrophe ambulante. Des mesures urgentes et drastiques sont à envisager pour redresser la barre à cause de la sensibilité desdits documents, car il y va de notre citoyenneté à l’étranger. Les extraits de naissance sécurisés et les Cartes d’identification personnelles appelées communément CIP ne valent rien si l’on s’en tient au QR code qui se trouve sur lesdits documents.

Si vous n’êtes pas convaincus, essayer donc de les scanner pour voir les références auxquelles ils se rapportent. Vous serez surpris de lire du chinois et du coréen, du vietnamien ou quelque chose qui vous donnera envie de vous en débarrasser au plus vite. Plutôt que de vous envoyer sur un site officiel du Bénin, cela fait plusieurs mois que les QR codes de ces documents nous renvoi dans un désert d’informations. Imaginez un document sur lequel se trouve un code de sécurité et les armoiries d’un Etat, qui au lieu de vous rassurer sur la personne,  jette un doute sur la qualité du détenteur du document. Et c’est le cas pour tous nos compatriotes à l’étranger qui ont fait l’option d’utiliser les actes de naissance sécurisés. Aucun moyen de vérifier si le document est un authentique ou un faux sans se déplacer physiquement. Car les codes ne répondent à rien. Ils ne recèlent même pas les éléments d’un début d’authenticité. Absolument rien, bien au contraire. Si on doit s’y fier, c’est conduire d’abord le détenteur du document  dans une cellule de prison.

Dans un pays où les ‘’gayman’’ sont rois et traqués sans relâche, on se demande comment on a pu laisser perdurer un tel laxisme ? Du pain béni pour les faussaires. Surtout que nous savons qu’avec le CIP, on peut faire toutes les opérations comme une vraie carte d’identité. Alors de grâce, ce qui est supposé en faire la sécurité ne peut et ne doit pas être un vulgaire gribouillage. À cette étape, nous ne savons pas si le mal est plus profond que ça, mais il est évident pour nous que lorsque l’on choisit de mettre le niveau dans la prestation de services au public, on assure le service après-vente et ici, la sécurité. Pour notre part, nous apprécions la dématérialisation, mais plus encore si elle est doublée d’une sécurité avérée et vérifiable de n’importe où sur la terre. C’est bien à ça que sert un QR code.

Eric TCHIAKPE – Ecrivain

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