(L’intégralité du recours formulé par Dr Marius Janvier DOSSOU-YOVO)
‘’Eduquer les masses est bien une mission des médias et ne pas respecter ce précepte déontologique est une faute que doit relever le régulateur et prendre toutes les mesures pour que cela n’arrive plus.’’ Ecrit le Docteur en droit privé, Expert en droit du cyberespace, des médias et des politiques numériques, Marius Janvier DOSSOU-YOVO, dans un courrier où il interpelle Secrétaire Exécutif du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC), par la même occasion la HAAC du Togo, à réagir face aux entorses au code de déontologie du journalise.
Ceci après les propos peu discourtois tenus par un invité à l’encontre du président béninois Patrice Talon, sur le plateau de la chaîne de télévision togolaise Direct 7. Marius Janvier DOSSOU-YOVO demander à l’instance de régulation togolaise ‘’de bien vouloir prendre des mesures fortes pour mettre fin à ce qui ressemble bien plus à de l’acharnement qu’à une simple volonté d’opiner.’’ Car ‘’on pourrait également considérer le silence du régulateur face à la persistance desdits dérapages comme une caution tacite. Ce que nous ne voulons pas croire.’’ Ajoute-t-il.
Lire ci-dessous l’intégralité de son recours.
Marius Janvier DOSSOU-YOVO Cotonou, le 18 août 2023
Docteur en droit privé
Expert en droit du cyberespace, des médias et
des politiques numériques
Enseignant-Chercheur
Tél : +229 95967257
A
Monsieur le Secrétaire Exécutif du Réseau
des Instances Africaines de Régulation de la
Communication (RIARC)
Attention :
Monsieur le Président de la HAAC du Togo
LOME
Objet : Dénonciation de dérapages sur certains médias togolais
Monsieur le Président,
Nous avons suivi avec beaucoup de stupéfaction et d’indignation sur la chaîne de télévision togolaise DIRECT 7, une émission dans laquelle le Chef de l’Etat du Bénin est traité de « Gayman », un terme vulgaire qui signifie voyou, arnaqueur, personne sans scrupule, etc. Langage totalement inapproprié sur une chaîne de télévision.
Loin d’être un épiphénomène, c’est à une tendance haussière que l’on assiste pour ne pas dire une systématisation des injures contre le Chef de l’Etat béninois dans les médias togolais avec des relais sur internet. Cette posture des médias togolais n’est ni plus ni moins une contorsion du principe de la liberté d’expression qu’il convient de dénoncer et de sanctionner. En effet, le droit à l’expression n’est pas absolu et est encadré aussi bien dans votre droit interne que dans les instruments internationaux. La crise nigérienne de manière évidente a entraîné une polarisation des positions des acteurs directs et indirects. Trouver des mots élégants pour soutenir son discours afin de fléchir celui du camp opposé devrait être le leitmotiv en la matière. Mais la volée de bois à laquelle on assiste avec en toile de fond des manquements graves à nos autorités est inacceptable et n’est pas le reflet de l’éducation à l’africaine.
Mais au-delà et encore plus, nous trouvons dans nos référents culturels certains principes qui nous inclinent à ne pas injurier et à ne pas calomnier ceux qui sont mandatés par nos peuples pour prendre des décisions en notre nom. Ce n’est nullement une prime au refus de la contradiction. On peut bien être d’un avis contraire à celui du Chef de l’Etat et le faire savoir. Cela est d’ailleurs salutaire et recommandé pour l’amélioration de l’action publique.
Mais il faut réprouver totalement le fait que des journalistes développent l’injure et la calomnie dans les médias comme un mode de communication. Eduquer les masses est bien une mission des médias et ne pas respecter ce précepte déontologique est une faute que doit relever le régulateur et prendre toutes les mesures pour que cela n’arrive plus. Plus grave, comme dans une dynamique d’avis partagé, le journaliste de l’émission en cause a acquiescé au lieu de reprendre son invité ou l’obliger à retirer ce terme injurieux comme l’aurait fait tout journaliste respectueux de la déontologie de la profession.
In fine, on pourrait également considérer le silence du régulateur face à la persistance desdits dérapages comme une caution tacite. Ce que nous ne voulons pas croire.
En l’espèce et pour donner la preuve à l’opinion nationale et internationale que ce genre de propos viole la déontologie du journalisme et n’est pas une conspiration, nous avons l’honneur de vous demander de bien vouloir prendre des mesures fortes pour mettre fin à ce qui ressemble bien plus à de l’acharnement qu’à une simple volonté d’opiner.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.
Dr Marius Janvier DOSSOU-YOVO
Pj : CD avec copie de deux éléments de l’émission incriminée