(Le président a-t-il sacrifié et abandonné ses enfants ?)
En actant la participation des Démocrates et de la Fcbe, donc de l’opposition, aux législatives du 08 janvier 2023, le président Talon a pris une décision sans en mesurer les conséquences. Il n’a pas mesuré la haine des populations contre sa personne, ses choix de gestion du pays et combien les Béninois attendent la plus petite occasion pour se venger de lui. Mais comme il n’est pas candidat lui-même dans cette réalité d’inclusion, le peuple n’aura que ses petits pour leur faire la fête.
Sinon qu’à la lumière des explications données par les candidats des deux blocs et leurs dérivés sur le terrain, la majorité devrait être acquise au camp présidentiel. Car, les mouvanciers se débrouillent très bien sur le terrain. Sauf qu’ils ont cependant, deux handicaps.
Le premier, il leur est impossible de se défaire de leur image d’héritiers du président Talon. Et ils passent pour des gens qui doivent répondre totalement de tout ce que le peuple reproche à leur patron.
Le second handicap plus pernicieux que le premier, est, qu’en succombant aux exigences de la communauté internationale pour ouvrir les élections, le chef de la Rupture ne semble pas cerner les obligations qui devraient accompagner la mode de l’heure.
On ne lance pas ses enfants à des fauves sans chercher à contenter l’ogre en face : le peuple assoiffé de vengeance. Le minimum aurait été que le chef de la Rupture fasse des concessions sérieuses, remarquables pouvant montrer à ceux qui sont tiraillés entre le désir de le punir et la nécessité de se raviser au profit des réalisations de la Rupture.
À cette grande majorité, il aurait fallu que le président offre des preuves de bonne foi ou tout au moins un début de volonté de corriger le côté trop rugueux voire même insupportable de son style de gouvernance.
À défaut de laisser tous les exilés rentrer pour donner du contenu à la nouvelle loi qu’il s’est offerte pour colmater les brèches, Patrice Talon aurait pu ouvrir le portail de Missérété à certaines grandes figures de l’opposition à son régime. Réckya Madougou devrait fêter la Noël aux côtés de sa fille d’à peine 07 ans, Kimora. Joël Aïvo et les plus de 300 autres détenus pour fêter dans l’intimité familiale.
Mais les conseillers occultes du président, en bon nid de faucons, l’ont convaincu de ce que les populations béninoises sont des crabes. Mangeant dans la tête, elles n’auraient pas suffisamment de jugeote pour prendre leur destin en main au travers d’un vote sanction pour passer le message de leur cœur au président de la République.
Sinon comment comprendre que ce sont Ouidah et Abomey qui menacent bougrement de frapper la Rupture au flanc pour montrer au fils Patrice Talon qu’il en fait de trop.
Un tel vote sanction en téléchargement aura suffi avec son corollaire de honte à montrer au leader de la Rupture que c’est tout le Bénin qui est contre lui.
Les grosses caricatures dans la tête des Béninois qui le souhaitaient bien loin de l’humanité dans ses moments de difficultés sanitaires, devraient révéler au président que les larges sourires à ses passages, ne sont que de la « Beninoiserie » pour être « à ses côtés » que de courir le risque de se retrouver sur son chemin. Ces élections sont aujourd’hui la seule occasion pour les Béninois d’être francs avec leur président. De pouvoir lui faire lire leur vrai sentiment à son encontre.
Du coup, la seule véritable décision attendue du président comme il l’a fait dans la nébuleuse affaire du « soja » de tous les dangers, aurait été de faire semblant en ouvrant les portes de sa geôle politique.
Sans ce minimum, ses lieutenants mouilleront le maillot comme de grands primates mais leur pelage, Talon, ne révélera pas leur souffrance et endurance au moment des résultats.
Il est maintenant temps que les faucons se taisent autour du président pour laisser place aux vrais hommes de Dieu et de la Nature, et la Rupture gagnera le mérite de ses réalisations pourtant palpables.
Aboubakar TAKOU