(Comment sortir de cette étreinte artificielle ?)
L’eau qui tombe goutte à goutte finit toujours par percer le plus dur rocher. Ce n’est pas parce qu’on est fort qu’il faut laisser perdurer, voire multiplier les fronts et difficultés. Il faut toujours trouver les moyens de les simplifier, les résoudre dans une démarche cartésienne. Hier, deux groupes de producteurs en conflit avec les mesures du gouvernement au sujet du soja et du cajou, étaient en conclave à Parakou.
Pendant que les uns ont choisi de se confier à la presse pour espérer que le père de la nation soit informé de leur position ô combien favorable à ses réformes mais dans un cadre qui leur garantisse aussi une existence des fruits de leur labeur, l’autre partie était avec le groupe parlementaire LD.
En politique, les entités en difficulté avec le pouvoir, sont la proie facile de l’opposition. C’est comme si une brèche s’est créée et l’opposition en profite. Puisque les débats LD-Producteurs avaient tourné autour de leur organisation autrement pour survivre à la politique du gouvernement. Du côté de ceux qui ont décidé de s’exprimer devant la presse, point n’est besoin de politiser un débat purement économique et social, il faut chercher à mettre le chef de l’État au courant de ce qui semble cruellement lui échapper.
Au siège régional du groupe de presse « Le Béninois libéré » à Parakou, cela a été une belle occasion pour des producteurs somme toute fâchés, brisés, de parler à travers les médias, au président de la République qu’ils implorent de revoir l’amère copie qui les étrangle et qui a déjà conduit au suicide de plusieurs de leurs camarades sans oublier l’évidente réalité qu’ils n’arrivent plus à joindre les deux bouts pour des gens qui emblavent pourtant de grandes superficies. C’est pourquoi ils ne veulent qu’une seule chose : que le premier magistrat du pays se prononce en leur faveur dans un assouplissement total des mesures qui les tuent tout en envisageant avec eux, un nouvel accord qui tiendra compte aussi des intérêts des producteurs.
C’était ça à Parakou. Un peu plus loin, c’est dans les encablures de la cour Impériale de Nikki que les débats ont été un peu houleux autour d’une prétendue réunion qui devrait se tenir le samedi dernier pour poser la question des détenus politiques estimés aujourd’hui à plus de 98% ressortissant de la seule région septentrionale de notre pays. Ces clichés ont malheureusement la faveur de lézarder le mur de la cohésion nationale tant prisée pour un bon développement du pays.
Car l’esprit maléfique du régionalisme n’attend pas moins que ça pour conquérir les cœurs déjà fragilisés par certains faits malheureusement palpables.
On en était là quand, pour dire qu’un malheur ne vient jamais seul, l’histoire de l’état critique de santé de Réckya Madougou tombe comme un cheveu dans la soupe rupturienne. Trop de sujets sensibles pour un gouvernement qui veut travailler pour son peuple.
Aussi devons-nous demander si le président Talon a les moyens de conjurer ce sort. Bien évidemment, les astres sont même bien alignés pour lui pour régler aussi facilement ces questions.
Par exemple, pour régler le fardeau de Réckya Madougou, Joël Aïvo et les autres, il s’offre au président Talon deux voies : le projet du vote d’une loi d’amnistie à laquelle tous ses députés pourraient s’aligner pour faire aboutir le rêve des députés initiateurs de cette loi; ou faire sortir Réckya Madougou et ses coaccusés en même temps que les Aïvo pour être en phase avec cet avis des groupes de travail des Nations Unies contre les détentions arbitraires. Dans l’un ou l’autre des cas, le président en sort grandi.
Pour ce qui concerne l’état d’âme des producteurs, quoi de plus facile pour le père de la Nation de recevoir ses enfants, les écouter et voir avec eux ce qui pourra être rapidement fait pour conjurer le sort?
Voilà combien les étoiles sont plus que bien alignées pour le président béninois de faire même d’une pierre plusieurs coups. Mais la balle est toujours dans son camp et même déjà entre ses mains. À lui de jouer.
Aboubakar TAKOU