Les Gaulois avaient peur que le ciel ne leur tombe sur la tête à travers l’aventure de Astérix et Obélix. Aux premières heures du mardi 07 décembre 2021, c’est ce qui est arrivé non pas aux Gaulois mais plutôt aux concernés de l’affaire de blanchiment de capitaux et atteinte à la sureté de l’Etat : le professeur Joel Aïvo et ses coaccusés.
C’est regrettable cette condamnation du brillant juriste et constitutionnaliste Joël Aïvo. Il ne méritait pas d’aller en prison. Mais il était, peut-être à son insu, en relation avec des gens qu’on ne saurait dédouaner de vouloir intenter une action contre la sûreté de l’Etat.
On a donc beau vouloir souhaiter que Joël Aïvo soit libre de ses mouvements à l’issue de ce procès, mais les preuves matérielles, intentionnelles et les liens entre le condamné et ses coaccusés, sont là pour justifier non seulement l’intégralité de la réquisition du parquet spécial, mais aussi le verdict.
Au croisement des éléments du réquisitoire du procureur spécial Mario Métonou et de la ligne de défense du collège d’avocats conduit par le vétéran Robert Dossou, la condamnation ne pouvait que s’imposer.
Et dans le cadre d’une entreprise d’atteinte à la sûreté de l’Etat, le fait que les prévenus Boni Sarè Issakou et Ibrahim Bachabi Moudjaidou parlent d’un projet d’escroquerie sur la personne du proche et financer du candidat Aïvo, ne saurait altérer l’inculpation soutenue par le procureur dans son réquisitoire.
Aussi la défense n’avait-elle plus bonne fortune à manœuvrer réellement pour battre en brèche les éléments brandis contre Joël Aïvo.
Aïvo aura été simplement coupable de ses vilaines fréquentations. Et qu’à la lumière des preuves détenues par le procureur spécial contre lui, ses avocats Me Robert Dossou et les autres grands avocats qu’il avait sous la main ne l’ont pas aidé dans cette tâche.
Car Quand les faits sont précis, même l’avocat le plus habile cherche parfois à négocier avec le ministère public que de jouer les pyromanes inutiles. Robert Dossou aurait mieux fait de négocier. Mais c’était une question d’égo et parfois les avocats jouent plus pour leur profit et leur orgueil que d’aider leur client.
Ce procès aura le mérite de prouver à l’opinion publique que l’Etat avait réellement des éléments pour poursuivre le candidat recalé Joël Aïvo. Et ce qui laisse présager de ce qui attend Madame Reckya Madougou, poursuivie pour «Financement du terrorisme ».
Si pour cette affaire de blanchiment de capitaux et atteinte à la sureté de l’Etat, le procureur spécial Mario Métonou a fait un tel réquisitoire, pour le cas de «Financement du terrorisme », cela pourrait être plus alarmant le 10 décembre prochain, à la lumière du procès d’hier et de son verdict.
Face à Mario Metonou déterminé, la beauté de Missérété et ses avocats béninois comme étrangers auront fort à faire puisque aux dernières nouvelles, les dépositions des complices ne font aucun cadeau à Réckya Madougou. Comme avec Aïvo, les déclarations vont s’enchaîner et ce n’est pas pour ses beaux yeux mais pour ressortir des éléments devant l’accabler et l’enfoncer davantage.
A la crainte que le ciel ne leur tombe sur la tête, c’est au Monde s’effondre de Chinua Achebe qu’il faut craindre vendredi prochain. Et malgré le fait que ses avocats se livreront à une belle bataille pour essayer de faire ce qu’ils peuvent contre un réquisitoire qui sera aussi à la hauteur voire plus que celui du procès de Aïvo.
Néanmoins, après cela, une lueur d’espoir existera et elle ne pourrait venir que de la part du président Patrice Talon. Oui, la piste de la clémence du chef de l’État, à la veille peut-être de la nouvelle année car les voix du Seigneur sont parfois insondables.