(Il faut juste reconnaître que Aïvo était au mauvais endroit au mauvais moment avec de très vilaines fréquentations)
C’est regrettable de se réveiller ce matin avec une condamnation du brillant juriste et constitutionnaliste Joël Aïvo. Il ne méritait pas d’aller en prison. Mais il était, peut-être à son insu, en relation avec des gens qu’on ne saurait dédouaner de vouloir intenter une action contre la sûreté de l’Etat.
On a donc beau vouloir souhaiter que Joël Aïvo soit libre de ses mouvements à l’issue de ce procès, mais les preuves matérielles, intentionnelles et les liens entre le condamné et ses coaccusés, son là pour justifier non seulement l’intégralité de la réquisition du parquet spécial, mais aussi le verdict.
Au croisement des éléments du réquisitoire du procureur spécial Mario Métonou et de la ligne de défense du collège d’avocats conduit par le vétéran Robert Dossou, la condamnation ne pouvait que s’imposer.
On parle bien d’une entreprise d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Et le fait que les prévenus Boni Sarè Issakou et Ibrahim Bachabi Moudjaidou parlent d’un projet d’escroquerie sur la personne du proche et financer du candidat Aïvo, ne saurait altérer l’inculpation soutenue par le procureur dans son réquisitoire.
Aussi la défense n’avait-elle plus bonne fortune à manœuvrer réellement pour battre en brèche les éléments brandis contre Joël Aïvo.
Voilà malheureusement les faits et ils n’ont pu être démentis preuve à l’appui. Aïvo aura été simplement coupable de ses vilaines fréquentations. Par exemple, si tes enfants s’associent à des criminels pour opérer un coup avec tes moyens, même si tu n’en sait rien, le fait d’avoir la gueule du principal bénéficiaire, t’expose déjà aux mêmes sanctions que les acteurs, voire même plus si on considère ton degré d’instruction.
Voilà comment on peut expliquer cette condamnation du grand juriste Aïvo. Au lieu de perdre du temps à maudire notre justice alors qu’on est bien conscient qu’à la lumière des faits, Joël Aïvo n’avait aucune chance de s’en sortir, il vaut mieux faire économie de ses énergies au profit du profil à adopter pour une demande collective de clémence du chef de l’Etat, qui en vertu de ses pouvoirs de premier magistrat et du père de la Nation, pourrait intercéder les jours à venir pour une grâce présidentielle au profit uniquement du l’universitaire. Mais pas pour les autres qui l’ont lié à ce coup par leurs manœuvres.
Ce procès aura le mérite de prouver à l’opinion publique que l’Etat avait réellement des éléments pour poursuivre le candidat recalé Joël Aïvo. Et qu’à la lumière des preuves détenue par le procureur spécial contre lui, il avait des raisons de décider d’aller seul contre son pépé Robert Dossou et les grands avocats qu’il avait sous la main.
Quand les faits sont précis, même l’avocat le plus habile cherche parfois à négocier avec le ministère public que de jouer les pyromanes inutiles. Robert Dossou aurait mieux fait de négocier. Mais c’était une question d’égo et parfois les avocats jouent plus pour leur profit et leur orgueil que d’aider leur client.
Le 10 prochain, le cas Madougou à la lumière du procès d’hier et de son verdict, ne donne pas grande chance à la beauté de Missérété. Là aussi, aux dernières nouvelles les dépositions des complices ne font aucun cadeau à Réckya Madougou.
Au finish, la piste de la clémence du chef de l’État, finira par s’imposer et on dira que Aboubakar Takou avait raison d’avoir la tête froide dans cette affaire qui nous inflige tant de peines tant les inculpés sont nos amis et parents.
Aboubakar TAKOU