(Sinon ce qui se passe ces derniers jours, n’a rien à voir avec l’intelligence pratique qu’on connait au président béninois)
Que le président de la république veuille retoucher la constitution du Bénin, c’est son droit. Il n’est pas en train de pécher. C’est la constitution elle-même qui a prévu le mécanisme qu’il veut utiliser pour cela. Il n’y a donc pas péril en la demeure.
Mais que le président croit pouvoir compter sur des députés pour leur arracher ce qui s’apparenterait pour certains d’entre eux, au seul et peut-être dernier privilège de parrainer un candidat à l’élection présidentielle, c’est bizarre. Le président Talon est certes tout-puissant. Tout en acier inoxydable. Mais il n’est pas envisageable qu’à deux ans de la fin de son mandat, qu’il ait suffisamment de pouvoir pour faire avaler aux députés actuels, cette couleuvre de se dessaisir de ce privilège de parrainer, au profit de leurs remplaçants. Ça ne va pas prospérer.
Aussi, de cette proposition de loi qui n’est en réalité qu’un projet déguisé, ne devrait-il pas y faire cette mention-là.
Arracher les parrainages aux députés pour les remettre aux partis politiques au nom du système partisan déjà expérimenté chez nous avec une bonne dose de dictature, allait même passer. Puisque ça arrange aussi le business du président du parti Les Démocrates (LD) Boni Yayi. La chirurgie sur le code électoral, aussi, oui! Mais cette affaire de faire pression sur ses députés pour croire les contraindre à un vote à main levée au profit de leur dépossession de ce Graal, de leurs propres mains, va tout gâter.
Tout le monde a en souvenir que les députés du président Talon ont pu voter des lois contre leurs propres intérêts. Mais c’était à une autre époque. Aujourd’hui, nous sommes à 24 mois seulement du départ du pouvoir du président. Ça ne sonne plus comme l’effet camisole. Le président n’aurait jamais dû introduire cette disposition de retrait du parrainage des mains des présents députés au profit de ceux qui viendront.
Et c’est lorsqu’on ajoute tout celà à cette affaire retraite forcée aux forces de sécurité et de défense, qu’on se demande pourquoi ce calendrier-là.
Même si à l’évidence, le président Talon ne fait rien d’extraordinaire ou de dictatorial. Puisque c’est la loi qui l’a prévue. Ce qui est donc légal. Mais dans certains contextes, l’on doit se demander si c’est tout ce qui est légal qu’on fait. Pour la paix, de ce qui est LÉGITIME et de ce qui est LÉGAL, il vaut mieux choisir ce qui est LÉGITIME.
À deux ans du départ du pouvoir où le mercure monte dans le thermomètre social avec cette plaie béante de prisonniers et d’exilés politiques qui sont prêts à tout pour revenir au pays, on ne cherche pas à irriter les gens au sein des forces de défense et sécurité. Et certainement pas quand on est en difficulté de communication avec son meilleur ami à qui l’on avait laissé plusieurs leviers du pays. Ça n’a rien de raisonnable ou d’élitiste.
C’est pourquoi certains amoureux du label Talon se demandent à juste titre, s’il s’agit toujours de leur génie de leader ou d’un sosie mystique.
Le président Talon qui sait tout planifier à merveille et, à qui tout réussit naturellement, n’est pas cette version « yayitique » que nous sommes en train de voir.
Les parents et vrais amis du président doivent sortir pour prendre mystiquement le devant des choses.
Plusieurs de nos compatriotes le pensent en chœur mais malheureusement dans leur cœur. Il faut une bonne dose d’amour, de sincérité et de patriotisme, qui n’ont rien à voir avec ⁸le courage, pour oser le dire en public.
Je me connais assez porté sur le « Gombo » du président. Mais je ne pensais pas l’aimer à ce point. On veut revoir notre génie, l’exemple de l’inspiration à la jeunesse montante.
Pour ne pas l’oublier, les acteurs de la presse nationale sont en pleurs depuis hier où l’ossature de cette proposition de révision de la constitution a commencé par fuiter. Les journalistes qui avaient entendu le chef de l’État parler de réformes dans les médias, n’ont rien trouvé sur la Haac. S’il y a révision et que la Haac continue d’être la chose des politiques, le président Talon aurait trahi les promesses du candidat Talon de donner sa chance aux hommes des médias une fois élu. Voilà pourquoi ils se demandent aussi si c’est toujours le même Talon qui manœuvre ou un autre.
Aboubakar TAKOU