(Ce sera le premier échec retentissant du président Talon)
En stratégie ce n’est pas tous les combats qu’on fait. Et à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, a dit Pierre Corneille. Ceux qui encouragent le chef de l’État à faire mal aux producteurs, ne lui rendent aucun service. Bien au contraire, ils vont juste humilier le président. Car ce sera sous son règne, lui le magna du coton, que ce produit va tomber rendant le Bénin aux yeux du monde entier comme un pays incapable. Sinon, comment dégringoler de la première place en Afrique occidentale pour tomber dans les abysses du record ?
À la base de cette dégringolade en téléchargement, le refus des producteurs du Septentrion de faire du coton cette année. Eux qui sont aujourd’hui traités sans soutien de la république dans cette guerre artificielle contre le soja et le cajou.
Dans une démarche de recherche normale de profits, ces producteurs ont décidé de faire aussi du soja mille fois plus rentable que le coton. Quoi de plus normal pour des citoyens qui croupissent sous les mêmes charges que les fonctionnaires dont les situations salariales ont été récemment revalorisées. Malheureusement pour ces producteurs qu’en lieu et place d’une assise pour voir si les dirigeants du pays peuvent quelque chose pour sauver la situation, c’est plutôt à un diktat fou qu’ils ont été soumis.
On a artificiellement monté la taxe sur le soja pour empêcher les Indo-pakistanais qui en raffolent de venir le prendre. Une façon rusée mais intelligemment bête de décourager la culture de cette céréale. Et comme cette culture est déjà ancrée dans les habitudes et que les producteurs ont trouvé d’autres débouchés pour couler leurs produits, il est dressé des unités mixtes police-douane-armée pour arrêter et punir tout contrevenant aux directives des princes de la Rupture.
Même le « amon soja » très prisé dans l’alimentation, est traqué et le soja est aujourd’hui devenu une drogue dure dont la manipulation peut vous conduire en prison. Tout ceci pour effacer des consciences le mot soja au profit du coton.
Mais pendant ce temps, les producteurs très républicains ne réclament qu’une seule chose : que les bases du coton soient revues afin qu’ils fassent plaisir au chef de l’État en produisant son coton. Et c’est malheureusement à ce niveau que l’incompréhension a gagné la tête des décideurs. On apprend qu’une réunion aura lieu aujourd’hui pour connaître de cette situation. Mais pour le moment, ce sont les communicants du régime qui merdent à irriter les producteurs en les vilipendant. Ce qui est très loin de la solution. En attendant donc que la sagesse et la lumière gagnent la conscience des dirigeants, les producteurs ont décidé à juste titre de ne pas faire ce coton pour lequel on les étouffe. Ils savent qu’ils vont souffrir aussi mais préfèrent tout à cette culture forcée du coton.
Ce sera leur manière pour eux de crier leur ras-le-bol face à tout ce dont on les accable.
À suivre !
Aboubakar TAKOU
