*La révélation sur les « valises d’argent » au Parlement
La seconde partie de la conférence de presse a été consacrée à la récente révision de la Constitution.Patrice Talon a longuement défendu deux innovations majeures : l’instauration d’un Sénat de personnalités désignées et le mandat présidentiel unique de sept ans. Il y a mêlé justifications philosophiques, critiques du système politique antérieur et une révélation sur les pratiques de corruption qui auraient entaché le travail parlementaire par le passé.
Le Sénat, un « conseil de sages » pour apaiser la vie politique
Le président a présenté le futur Sénat comme la pièce maîtresse d’une régulation apaisée de la vie politique.Il en a défini trois missions : un rôle d’arbitrage en cas de blocage entre le gouvernement et l’Assemblée nationale (pouvant trancher en dernier ressort sur le contenu d’une loi), un rôle de conseil et d’avertissement envers les acteurs politiques dont les discours pourraient nuire à l’intérêt général sans être illégaux, et un rôle de « tampon » et de régulateur. « Au Bénin, il n’y a aucune institution qui régule, qui apaise, qui tempère les ardeurs politiques. C’est notre plus grand problème », a-t-il justifié. Ce Sénat, inspiré du modèle canadien, sera composé de personnalités désignées, non élues, pour leur expérience et leur sagesse supposées.
La révélation sur les « valises d’argent » au Parlement
Pour justifier la nécessité de ce contre-pouvoir,Patrice Talon a fait une révélation-choc sur le fonctionnement passé du Parlement. Il a affirmé que, « pendant longtemps », voter une loi, surtout si elle émanait du gouvernement, nécessitait de payer des députés. « C’était devenu quelque chose de courant, un sport national (…). Les valises d’argent circulaient dans l’hémicycle ». Selon lui, cette « perversion » justifie qu’un organe extérieur, le Sénat, puisse garantir que l’intérêt général prime sur les calculs politiques ou financiers dans l’adoption des lois.
Le mandat de sept ans : une nécessité pour le « temps de l’action »
Face à une question sur la singularité du mandat de sept ans(contre cinq ans dans la plupart des démocraties), le chef de l’État a livré un plaidoyer passionné pour le « temps de l’action ». Il a argué que cinq ans sont trop courts pour réaliser des projets structurants (routes, eau, hôpitaux) dans un pays en développement comme le Bénin, poussant les gouvernants à la « précipitation » pour montrer des résultats visibles avant la réélection. Le mandat unique de sept ans, couplé à l’impossibilité de se représenter, est présenté comme la solution pour mener des réformes en profondeur, avec le temps nécessaire aux études et à la bonne exécution, libéré de la pression de la réélection.
À travers cette défense de la réforme constitutionnelle,Patrice Talon esquisse une vision très personnelle de la gouvernance : un exécutif fort, doté de temps et protégé des blocages et « perversions » d’un Parlement jugé parfois irresponsable, et encadré par un Sénat-sage non politique. Ce modèle, qu’il présente comme adapté aux défis du Bénin, consolide incontestablement l’architecture du pouvoir autour de la présidence.



